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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Dans une conférence de presse tenue à Paris où il s'est réfugié Pierre Atallah annonce son intention de demander l'asile politique à la France "Je ne veux pas pourrir dans une prison au Liban", déclare le journaliste

Le journaliste du quotidien «An-Nahar», M. Pierre Atallah, envisage de demander le statut de réfugié politique en France. C’est ce que M. Atallah lui-même a annoncé hier dans une conférence de presse tenue au siège de «Reporters sans frontières» (RSF), à Paris.
Il a déclaré avoir fui le Liban et trouvé refuge en France, après avoir été violemment battu et reçu des menaces. Rappelons dans ce cadre que le procès de M. Atallah qui devait avoir lieu le 26 juin dernier a été reporté au 10 octobre, le journaliste étant notamment accusé d’avoir «contacté des agents stipendiés d’Israël».
Par ailleurs, selon une dépêche de l’AFP datée de Paris, l’organisation de défense de la liberté de la presse. RSF, dont un des membres, Djallal Malti vient de rentrer d’une mission au Liban, a demandé au gouvernement d’abandonner les charges qui pèsent sur le journaliste ainsi que des sanctions à l’encontre des personnes, jusqu’à présent inconnues, qui ont ordonné l’agression dont il a été victime après sa sortie de prison.
M. Atallah (34 ans), qui est entré en France a indiqué qu’il examinait avec ses avocats la possibilité de demander le statut de réfugié politique.
«Dans les circonstances actuelles, je n’ai pas l’intention de rentrer au Liban. Je ne veux pas pourrir dans une prison», a-t-il dit après avoir raconté son histoire et montré des photos des coups portés sur différentes parties de son corps avec un pistolet.
M. Atallah avait été appréhendé le 23 décembre dernier lors d’une vaste campagne d’arrestations dans les rangs de l’opposition chrétienne.
«Par la suite, j’ai été contacté pour servir d’informateur» aux services de sécurité, a-t-il dit tout en soulignant qu’il se considérait toujours comme journaliste au sein de l’équipe du Nahar.
Le directeur de RSF Robert Ménard, a affirmé que «ce qui arrive à Pierre Atallah le dépasse. C’est la liberté d’informer qui est visée, et donc les droits de l’homme» au Liban «où la situation de la presse a changé depuis 1990».
Ancien correspondant de RSF au Liban, Pierre Atallah a également plaidé pour la libération d’un autre journaliste Tony Chamieh qui risque une peine d’au moins cinq ans de prison, arguant des conditions «très difficiles» de sa détention depuis le mois de mars.
Selon RSF, M. Chamieh marié et père de deux enfants «a été arrêté par des éléments des services de renseignements libanais, qui n’étaient en possession d’aucun mandat. Il a été conduit au ministère de la Défense, où il a subi un interrogatoire musclé. Sous la contrainte, il a dû signer des aveux (tout comme M. Atallah), selon lesquels il aurait «collaboré avec Israël».

Interventions de
B. Harb et G. Tuéni

Au cours de cette conférence de presse, M. Gébran Tuéni, rédacteur en chef du Nahar et Boutros Harb, député de l’opposition et avocat de M. Atallah, sont intervenus par téléphone, à partir de Beyrouth, pour indiquer qu’ils demandaient notamment un amendement de la législation pour que les «journalistes ne soient plus déférés devant des tribunaux militaires».
«Devant plusieurs diplomates occidentaux, nous avons expliqué que les autorités libanaises devaient être tenues pour responsables de ce qui se passe», a affirmé M. Tuéni.
Selon lui, les ambassades d’Allemagne, d’Italie, des Etats-Unis et de Grande-Bretagne étaient représentées à cette réunion, mais non la France.
Par ailleurs, dans une conférence de presse tenue au siège du syndicat de la presse à Beyrouth, MM. Harb et Tuéni ont également soulevé l’affaire Atallah en présence notamment de M. Mohammed Baalbacki, des députés Nassib Lahoud et Michel Moussa, et d’un certain nombre d’opposants et de responsables syndicaux, parmi eux, M. Elias Abou Rizk, chef de la CGTL non reconnue par l’Etat.
«Nous refusons qu’un journaliste soit déféré devant un Tribunal militaire», a notamment déclaré M. Baalbacki.
Le député Boutros Harb a expliqué, de son côté, les raisons pour lesquelles, M. Atallah avait dû fuir en France. Selon l’avocat de ce dernier, celui-ci avait été roué de coups le 14 mai dernier par deux inconnus et ce, en plein jour, dans le quartier d’Achrafieh. «Ils ne l’ont laissé qu’après l’avoir grièvement blessé à la tête et au visage», a-t-il précisé avant d’indiquer que le journaliste est allé ensuite se réfugier chez des amis. «Ils l’ont soigné et abrité jusqu’à ce qu’il puisse voyager secrètement en France où il a demandé l’asile politique», a dit M. Harb. Résultat, ajoute-t-il: «Pierre Atallah sera jugé par contumace devant le Tribunal militaire. Il me sera donc impossible de le représenter complètement et ses droits seront de ce fait nécessairement lésés».
Indiquant avoir porté plainte contre les inconnus qui ont passé à tabac le journaliste, le député a en outre affirmé qu’il soumettra à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à déférer de telles affaires devant le tribunal des imprimés à l’exclusion de toute autre instance judiciaire.
M. Gébrane Tuéni a pris la parole à son tour pour affirmer qu’en tant que «directeur général du Nahar, j’assume la responsabilité de tous les actes dont Atallah est accusé. Si la justice veut donc engager des poursuites, qu’elle les engage contre moi personnellement». Et de poursuivre: «On a accusé Pierre Atallah d’avoir procuré au journal un tract. S’il ne l’avait pas fait, je lui aurais reproché d’avoir manqué à son travail de journaliste. On l’a également accusé de s’être rendu dans la bande frontalière alors que des députés libanais y vont (...). Il a été accusé d’avoir rencontré Abou Arz. C’est vrai, mais il l’a fait avant que celui-ci ne soit jugé (...), a encore affirmé M. Tuéni.
Le journaliste du quotidien «An-Nahar», M. Pierre Atallah, envisage de demander le statut de réfugié politique en France. C’est ce que M. Atallah lui-même a annoncé hier dans une conférence de presse tenue au siège de «Reporters sans frontières» (RSF), à Paris.Il a déclaré avoir fui le Liban et trouvé refuge en France, après avoir été violemment battu et reçu des...