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Actualités - CHRONOLOGIE

Après l'intermède des partielles Le dossier socio-économique revient sur le devant de la scène Le gouvernement décide de mettre en chantier une série de projets de développement dans la Békaa


Après l’intermède des élections partielles et de la visite du prince héritier d’Arabie Séoudite, Abdallah ben Abdel-Aziz, le gouvernement est à nouveau confronté, cette semaine, au dossier épineux de la crise socio-économique. Dans l’immédiat, le Cabinet Hariri devra faire face à deux échéances importantes, quoique de nature et de portée sensiblement différentes: la «révolte des affamés» que le chef intégriste chiite cheikh Sobhi Toufayli entend enclencher le 4 juillet prochain; et les deux rencontres que le premier ministre Rafic Hariri tiendra les 4 et 5 juillet avec les dirigeants des organismes économiques.
Dans l’optique du pouvoir, il s’agit de parer, dans l’immédiat, au plus pressé. Le mouvement de fronde et de désobéissance civile que cheikh Toufayli désire lancer, vendredi, à partir de Baalbeck, risque fort bien de provoquer rapidement un quelconque dérapage. Preuve en est l’épisode de Amroussieh, où l’incinérateur d’ordures a été carrément incendié dans la nuit de jeudi à vendredi par des habitants (en armes) de la banlieue-sud de Beyrouth qui entendaient ainsi protester contre les effets polluants de l’incinérateur en question.
Soucieux de court-circuiter d’une façon ou d’une autre cette «révolte des affamés», le gouvernement avait décidé la semaine dernière de débloquer un budget de 150 milliards de livres libanaises afin d’accélérer l’exécution de certains projets de développement dans la Békaa et dans d’autres régions déshéritées du pays, dont notamment le Akkar (cheikh Toufayli menace d’étendre son mouvement à cette région...). Les projets envisagés dans ce cadre par l’Exécutif portent principalement sur l’irrigation et sur le développement de cultures de substitution au haschisch.
Une commission ministérielle ad hoc, présidée par M. Hariri, avait été formée par le Conseil des ministres en vue d’examiner et de programmer l’accréditation des fonds débloqués par le gouvernement. Cette commission a tenu hier soir sa première réunion au palais gouvernemental, à Sanayeh, sous la présidence de M. Hariri et en présence des ministres Chawki Fakhoury (Agriculture), Hagop Demerdjian (Affaires rurales et municipales), Elie Hobeika (Ressources hydrauliques et électriques), Ali Harajli (Travaux publics) et Mahmoud Abou Hamdane (Habitat et Coopératives). Le président du CDR Nabil Jisr a assisté à la réunion.
A l’issue de cette séance de travail — qui a été précédée d’un entretien d’une heure entre le président Elias Hraoui et M. Hariri, au palais de Baabda — la commission ministérielle a décidé de mettre en chantier une série de projets ponctuels intéressant essentiellement la région de la Békaa. Ces projets, dont l’exécution a été confiée au CDR, ont été définis comme suit dans un communiqué publié par la commission:
— Exécution de tous les projets déjà décidés concernant les différents aspects du développement agricole conformément aux programmes qui seront élaborés par la commission lors de ses prochaines réunions.
— Mise en œuvre de tous les projets d’irrigation déjà prêts concernant le fleuve de l’Oronte, le lac de Yammouné et assainissement de la plaine de Eiha.
— Exécution des projets de l’eau potable dans les régions de Ouyoun-Erghech, Yammouné, Yahfoufa-Ablah, Nabeh Safa-Iqlim el-Kharoub.
— Achèvement des projets d’eau potable et des égouts dans les villes de Hermel et de Baalbeck.
— Construction et équipement des abattoirs dans les différents cazas.
— Edification des centres médicaux dans les régions qui en ont besoin.
— Construction et asphaltage des routes dans les villages occupés et déshérités.
— Reconstruction du sérail de Hermel.
Le communiqué de la commission constitue, pour l’heure, une simple déclaration de bonne intention, arrachée sous la pression des événements. Il reste que la mise en chantier de ces différents projets (si toutefois elle se confirme) pourrait contribuer à atténuer l’état de délaissement et de sous-développement perceptible dans plus d’une région périphérique. Mais encore faut-il que le pouvoir s’emploie à exécuter ces projets réellement, et non pas seulement sur le papier dans le seul but de couper l’herbe sous le pied de cheikh Toufayli.
Prenant les devants à ce propos, le chef intégriste a critiqué hier, avant la réunion nocturne de la commission ad hoc, la décision du gouvernement de débloquer le budget de 150 milliards de livres libanaises. «Nous n’avons pas besoin d’argent; ce que nous réclamons, c’est la réalisation de projets précis», a notamment déclaré cheikh Toufayli à Baalbeck.
A l’évidence — et il s’agit là d’une lapalissade — le gouvernement et le chef intégriste ne sont nullement sur la même longueur d’onde. Et c’est à ce niveau que le dérapage risque de se produire. De fait, dans le cadre de son mouvement de désobéissance civile, cheikh Toufayli s’emploie d’ores et déjà à «autoriser» lui-même la construction d’habitations dans la Békaa sans l’obtention des permis de construire réglementaires. Parallèlement, et à défaut de cultures de substitution, le chef intégriste semble stimuler, discrètement, la relance de la culture du pavot qui assurait d’importantes sources de revenus aux habitants de Baalbeck. Si le chef intégriste poursuit ainsi sur sa lancée et étend — comme il menace de le faire — son mouvement à d’autres régions, le pays pourrait se trouver rapidement face à un grave fait accompli aux conséquences incalculables.

La politique agricole

C’est vraisemblablement dans le but (entre autres) de juguler cette «révolte des affamés» que le gouvernement avait approuvé le 10 juin dernier une nouvelle politique agricole visant à soutenir et développer l’agriculture locale. Cette politique, qui prévoit l’interdiction de l’importation d’une série de produits agricoles frais, est cependant vivement critiquée par les organismes économiques et par de nombreux députés.
Ces critiques ont été réitérées lors de la réunion élargie que les commissions parlementaires conjointes ont tenue hier, place de l’Etoile, avec le ministre de l’Agriculture Chawki Fakhoury. Les commissions ont, notamment, reproché au gouvernement de n’avoir pas tenu compte de leur récente recommandation invitant le Cabinet à réviser les décisions qu’il avait prises le 10 juin concernant l’augmentation des taxes sur les voitures et l’interdiction de l’importation de produits agricoles.
Ces mesures seront au centre des deux réunions que M. Hariri tiendra vendredi et samedi prochains avec les dirigeants des organismes économiques. La question qui se pose est de savoir si cette double rencontre donnera lieu à un dialogue réel entre le chef du gouvernement et le secteur privé, ou si M. Hariri se livrera, plutôt, à un simple monologue.

M. T.
Après l’intermède des élections partielles et de la visite du prince héritier d’Arabie Séoudite, Abdallah ben Abdel-Aziz, le gouvernement est à nouveau confronté, cette semaine, au dossier épineux de la crise socio-économique. Dans l’immédiat, le Cabinet Hariri devra faire face à deux échéances importantes, quoique de nature et de portée sensiblement différentes:...