Quatorze enfants jouent "La belle et la bête" au Madina (photo)

L’atelier de l’Académie de théâtre pour enfants de Beyrouth a présenté, au Théâtre Al-Madina, et pour une séance unique, «La Belle et la Bête», une pièce adaptée par Iris Aguettant, comédienne française.
Sur scène, quatorze enfants de 9 à 13 ans se sont glissés, le temps d’une heure, dans la peau de personnages attachants: des fées, des lutins, une conteuse, un cheval... et bien sûr, la Belle et la Bête. Le public, composé essentiellement d’enfants, était captivé. La mise en scène ainsi que la sélection musicale étaient signées Isabelle Agier. Les costumes et décors ont été réalisés par l’atelier. Enfin, les enfants se sont eux-mêmes occupés du choix des accessoires.
Cela commence — et finit — comme une histoire qu’une conteuse raconte à une petite fille. Maîtrisant bien leurs rôles, les enfants ont évolué avec aisance sur les planches, déclamant leur texte avec conviction. Les changements de décors se sont faits harmonieusement, pas de faux pas, pas de trous de mémoires et très peu d’hésitation. Frayeur, pitié, suspens, colère, joie... les émotions «passaient», malgré un son parfois pas très net.
Les acteurs, dans leurs rôles respectifs, étaient Joanna Chalfoun (un lutin/ l’enfant à qui on raconte l’histoire), Virginie Chalfoun (Zoé la bonne/ la conteuse), Olivia Maamari (la Belle), Samer Knio (la «première» Bête), Aurélien Zouki (la «deuxième» Bête), César Salamé (le père de la Belle), Caroline Hayek (Blanche, la sœur coquette), Rachelle Malaah (Maud, la sœur qui aime lire), Georges Malaah (le mari de Blanche), Raja Salamé (le mari de Maud/ l’émissaire), Jessica Abi Nassif (le cheval), Nour Salamé, Rola Younes et Marie Chalfoun (les trois fées).

Atelier et camps

Rattachée à l’association franco-libanaise «Echanges internationaux», l’Académie de théâtre pour enfants de Beyrouth a été fondée en 1992 par le Père Khalil Chalfoun, le frère Remiro, directeur de l’école des frères maristes à Jbeil et Mona Nehmé. Elle accueille dans son atelier, des enfants de différents établissements scolaires. Là, tout au long de l’année scolaire, ils se retrouvent chaque vendredi après-midi pour apprendre à «jouer» et préparer un spectacle. En fin d’année, les enfants présentent «leur» pièce — en arabe ou en français — à leurs parents et amis.
Les enfants sont encadrés par une équipe de deux formateurs. Cette année, les 14 membres de l’atelier-97 étaient pris en charge par Isabelle Agier et Khaled Hatoum.
Spécialisée dans la formation des jeunes au théâtre, Isabelle Agier dirige, à Grenoble, deux troupes de théâtre. Depuis janvier dernier, elle vit au Liban où elle enseigne le théâtre chez les Frères maristes à Jbeil ainsi qu’au Collège de la Sainte-Famille maronite à Sahel Alma. «Je collabore avec l’Académie de théâtre pour enfants de Beyrouth pour une période non déterminée», précise-t-elle. «A l’atelier, nous préparons ce spectacle depuis quatre mois. Cependant, depuis janvier, les enfants s’exercent afin de se familiariser avec la scène. Travail vocal, de diction, corporel; langage de l’émotion… ils apprennent à incarner un personnage en lui donnant leurs sentiments».
Pour Isabelle Agier, le théâtre est «un merveilleux moyen d’éducation. C’est une très bonne école pour l’épanouissement de l’enfant. A l’atelier, il développe des relations avec d’autres enfants, et apprend le travail de groupe. De plus, il apprend à tendre vers quelque chose de beau. Pour beaucoup, ajoute-t-elle, une manifestation d’enfants ressemble à une kermesse. Je voudrais contribuer à changer cette idée, à faire reconnaître le talent des enfants».
Khaled Hatoum a étudié le théâtre à l’U.L. Comédien, il a notamment travaillé avec Chakib Khoury. En 1992, il rencontre par hasard des membres de l’Académie de théâtre pour enfants de Beyrouth et collabore depuis avec eux. «Je connais les enfants pour avoir participé à des colonies de vacances organisées par l’UNICEF durant le guerre. Ils sont spontanés, frais, et il y a chez eux une innocence qui en fait de bons acteurs. Il est intéressant de les voir travailler et vivre en commun, apprendre l’organisation…»
Signalons enfin que l’Académie organise des «camps de théâtre» dans différentes régions du pays. Cette année, du premier au 12 juillet, un groupe d’enfants du Chouf, du Hermel, du Kesrouan et des villages S.O.S. «camperont» à Mtein, dans les locaux d’une école officielle.
Ils prépareront ensemble un spectacle qu’ils présenteront au cours de la soirée de clôture du camp.
N. S.