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Actualités - CHRONOLOGIE

Tension Hraoui-Hariri au sujet de la cité sportive et des FSI Nuages dans le ciel politique

Le projet du premier ministre Rafic Hariri de modifier le label de la Cité sportive Camille Chamoun a dégénéré en une crise à peine voilée entre le chef de l’Etat, le président Elias Hraoui, et M. Hariri. Le président Hraoui s’oppose, en effet, fermement à toute modification du nom de la Cité Camille Chamoun et a informé le chef du gouvernement que lui-même et les ministres chrétiens boycotteront la cérémonie d’inauguration de la Cité sportive, prévue pour le 12 juillet prochain, si la dénomination de l’édifice en question est modifiée.
Face au tollé généralisé provoqué par la velléité de changer le nom de la Cité sportive, M. Hariri tente de noyer le poisson dans l’eau et se livre à ses traditionnels atermoiements. Il préconise ainsi, dans ses cercles privés, que la Cité sportive soit inaugurée «sans qu’un nouveau nom lui soit attribué», le problème devant être tranché «plus tard». Les sources du premier ministre soulignent sur ce plan que le projet de modification du label a été abandonné «provisoirement», ce qui implique que le chef du gouvernement entend revenir à la charge au sujet de cette affaire lorsque la tempête se sera apaisée.
Ces tergiversations et cette attitude ambiguë de la part de M. Hariri ont été dénoncées hier par le leader du Parti national libéral, M. Dory Chamoun, qui a souligné, à sa sortie de Bkerké, que le président du Conseil devrait clarifier sans détours sa position au sujet de cette affaire en indiquant explicitement que le label «Cité sportive Camille Chamoun» demeurera inchangé.

«A la libanaise»

M. Chamoun, note-t-on, décèle une certaine ambiguité dans les assurances fournies lundi par le député du Kesrouan Roucheid el-Khazen, à l’issue d’un entretien avec M. Hariri. M. el-Khazen avait alors déclaré que le premier ministre lui avait affirmé que «le nom de Camille Chamoun restera attaché à la Cité sportive». Cette précision peut laisser supposer, toutefois, que le nom pourrait être, malgré tout, modifié tout en installant une plaque commémorative (symbolique) indiquant que la Cité sportive a été édifiée sous le mandat du président Camille Chamoun et qu’elle a été reconstruite sous le mandat du président Elias Hraoui, «sous la supervision de M. Rafic Hariri». Cette solution de compromis «à la libanaise» a été suggérée par le premier ministre, et une plaque en ce sens aurait même été déjà préparée, la Cité sportive prenant alors le nom de «Cité sportive de Beyrouth» (appellation souhaitée par le chef du gouvernement).
La solution de compromis préconisée par M. Hariri aurait cependant été rejetée par le président Hraoui. Au-delà de l’aspect purement symbolique et apparemment anodin de la dénomination d’un édifice public, l’affaire a pris rapidement une nette tournure politique. Dans le contexte présent particulièrement délicat qui prévaut dans le pays, le projet de modification du nom de la Cité sportive Camille Chamoun a été perçu par une très large frange de l’opinion et par la quasi-totalité des pôles d’influence chrétiens (aussi bien loyalistes qu’opposants) comme une tentative d’effacer le passé historique du leadership chrétien et de porter atteinte à la mémoire collective des chrétiens. Pour beaucoup de Libanais, le président Camille Chamoun représentait, en effet, le symbole d’un certain visage du Liban.
Le caractère sensible de la question explique, à la lumière des développements de ces dernières années, les vives réactions enregistrées au sein de l’opinion et au niveau des différents pôles chrétiens. Cela explique également que les milieux du palais de Baabda soulignent sans ambages que le président Hraoui est «très irrité de la position de M. Hariri dans cette affaire».
Les sources de Baabda précisent à ce propos que le chef de l’Etat ne cache pas devant ses visiteurs qu’il n’est pas en mesure, «ni lui, ni les ministres chrétiens, de faire face à la réaction de la rue chrétienne en cas de modification du nom de la Cité sportive». «Cette mesure, soulignent les milieux de Baabda, risque d’être perçue comme une provocation de la part du pouvoir». Et les sources présidentielles de préciser qu’il est inconcevable de créer un précédent en la matière, car rien n’empêcherait alors les prochains régimes de modifier les noms donnés par le pouvoir actuel à certains édifices ou axes routiers, ce qui porte atteinte au principe de la continuité de l’Etat.
Cette tension conjoncturelle apparue entre le président Hraoui et M. Hariri au sujet du problème précis de la Cité Camille Chamoun a été aggravée par un autre sujet de discorde encore plus délicat: le projet de refonte des Forces de sécurité intérieure, préconisé par M. Hariri. Ce projet est également rejeté par le chef de l’Etat. Et comme dans le cas de la Cité sportive, le premier ministre aurait opté pour le louvoiement sur ce plan. Il aurait décidé de renvoyer à une phase ultérieure l’examen du dossier épineux de la refonte des FSI. Mais jusqu’à quand le premier ministre pourra-t-il continuer ainsi à faire la politique de l’autruche en s’abstenant d’affronter les problèmes tels qu’ils se présentent?
Le projet du premier ministre Rafic Hariri de modifier le label de la Cité sportive Camille Chamoun a dégénéré en une crise à peine voilée entre le chef de l’Etat, le président Elias Hraoui, et M. Hariri. Le président Hraoui s’oppose, en effet, fermement à toute modification du nom de la Cité Camille Chamoun et a informé le chef du gouvernement que lui-même et les...