Pan Pan Loyers : pas baux à voir

C’est vrai: depuis la loi-bail de trois ans, on trouve de nouveau à se loger en location. Même à Achrafyé, où l’appart’ de cent, cent vingt m2 se loue entre 333 et 666 — ce chiffre de la Bête aussi choquant que le 669 — dollars le mois. Les courtiers, boulangers ou menuisiers de quartier, ont derechef du pain sur la planche. Il y a même des «agences immobilières» qui vous prennent 5% du loyer d’un an, soit en moyenne 300 dollars, pour se contenter de vous indiquer un local libre...
On est donc soulagé de pouvoir s’installer. Soulagé de ses sous aussi. Indûment. Parce qu’il y a encore plus d’arnaques que de maisons appréciables, pardon, à louer.
Tenez, ce bon docteur, propriétaire d’un 2p.-sal-cui un peu décrépi le cède à 400 bucks. Dans le contrat, signé il y a trois mois, il promet qu’il fera faire les travaux de plomberie nécessaires — indispensables même — pour que l’eau arrive à l’étage. Et quand elle y est, pour qu’elle cesse d’inonder la ch-à-couch 4X4 tout terrain... Il fera placer aussi des placards, pour qu’on y range les cafards. Le locataire, las d’attendre, y a été finalement de sa poche pour toutes ces «opérations cosmétiques».
Mais là où il a le plus tiqué c’est en apprenant que le précédent occupant laissait une facture d’eau et d’électricité de plus de 1.500 dollars. Ni le proprio, qui refuse d’assumer cet héritage, ni l’«agence» intermédiaire ne l’en avaient prévenu. Et l’administration ne veut rien savoir: très lamartinienne, elle estime que les objets ont une âme, autrement dit que c’est l’appartement qui loue ses services, indépendamment de qui l’occupe. Donc pas d’eau ni de courant tant que la note n’est pas réglée. Il a fallu s’exécuter, et va courir ensuite après le prédécesseur ou après l’indélicat propriétaire.
Moralité: ici il vaut mieux ne pas rêver et garder les yeux bien en face des trous quand on veut un pied-à-terre.

J.I.