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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Il a vivement contesté les jugements du conseil constitutionnel Moukheiber tire à boulets rouges sur Murr (photo)

M. Albert Moukheiber a vivement contesté hier les jugements du Conseil constitutionnel — qui avait invalidé quatre mandats parlementaires et rejeté quinze autres recours en invalidation — estimant que les verdicts prononcés sont «politiques et non pas juridiques».
L’ancien député du Metn qui a réclamé la réorganisation des législatives a en outre tiré à boulets rouges sur son adversaire aux élections de 1996, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, l’accusant d’avoir «manipulé» le processus électoral. Il a aussi accusé la Syrie d’avoir cautionné la nomination de M. Murr à la tête du ministère de l’Intérieur, «pour assurer l’accession d’une majorité parlementaire docile à l’hémicycle».
M. Moukheiber, dont le recours en invalidation présenté contre M. Ragy Abou Haidar avait été rejeté par le Conseil constitutionnel, a tenu hier une conférence de presse consacrée aux jugements de cette instance et aux élections de 1996.
Après avoir remercié les Libanais en général et les Metniotes en particulier d’avoir voté «pour l’Etat de droit et fait face au despotisme et à l’intimidation», M. Moukheiber, un des ténors de l’opposition, a indiqué que le recours qu’il avait présenté au Conseil constitutionnel s’inscrivait «au même titre que (sa) participation aux élections dans le cadre de la lutte continue pour la récupération de l’indépendance, de la souveraineté et de la liberté de décision du pays».
M. Moukheiber a mis l’accent sur l’espoir que les Libanais avaient fondé sur cette instance juridique. Il a souligné que les prérogatives que les lois confèrent au Conseil constitutionnel «pour combattre la fraude et la falsification ont été annihilées par les autorités en place et par ceux qui les soutiennent à cause de leurs ingérences (dans les affaires de ce Conseil) et de leurs pressions».
Il a accusé des autorités d’avoir «empêché de témoigner en faveur du droit», entraînant ainsi la démission de son président, M. Wajdi Mallat. Selon l’ancien député du Metn, la démission du président du Conseil constitutionnel a «mis en relief l’ampleur des ingérences et des pressions exercées sur les membres de cette instance et démontré les failles qui caractérisent l’examen des recours». «Aussi, nous n’avions pas été surpris, ainsi que l’opposition, par les verdicts prononcés qui étaient, comme on s’y attendait, négatifs: tout le monde a réalisé que la liberté du Conseil constitutionnel n’est pas préservée», a ajouté M. Moukheiber.
Et pour étayer ses propos de preuves, l’ancien député a cité le ministre de l’Intérieur qui avait «affirmé dans le cadre d’une interview télévisée que les verdicts prononcés étaient politiques et non pas juridiques» et que «le juge Sélim Azar avait refusé d’accepter les décisions de la majorité si ses conditions n’étaient pas retenues».

Le dossier Moukheiber v/s Abou Haidar

M. Moukheiber a insisté sur le caractère politique du rejet de son recours contre M. Ragy Abou Haidar, soulignant que le Conseil constitutionnel a «négligé les principales pièces du dossier prouvant qu’il y a eu fraude, infractions, abus de Pouvoir et pressions contre les électeurs». Après avoir rappelé que le président Wajdi Mallat et les juges Sélim Azar et Pierre Ghannagé avaient jugé que son dossier était recevable, le leader opposant a indiqué qu’il n’a toujours pas obtenu officiellement les copies des remarques formulées par les deux magistrats.
Pour M. Moukheiber, tous les recours présentés au Conseil constitutionnel «démontrent que les élections de 1996 étaient les pires dans l’Histoire du Liban en raison des abus qui y ont été commis et qui ôtent à la Chambre actuelle toute sa légitimité. Le scrutin organisé en 1996 constitue un nouveau crime contre le peuple libanais et un coup contre la démocratie à laquelle il aspire». L’ancien député a appelé à de nouvelles législatives «qui seront organisées conformément à une loi électorale moderne par une administration honnête et neutre».
M. Moukheiber s’en est vivement pris ensuite au ministre de l’Intérieur, l’accusant d’avoir «entravé l’action du Conseil constitutionnel en s’abstenant de lui fournir» les dossiers qu’il avait requis. «L’enquête s’est achevée sans que le Conseil n’ait obtenu la totalité de ces dossiers», a-t-il ajouté avant de contester le nombre de voix (40.000) obtenues par M. Murr dans le Metn. «Peut-il dire à l’opinion publique comment il les a obtenues alors qu’en 1992 il n’en avait eu que 16.000»? s’est-il interrogé.
Poursuivant sur sa lancée, M. Moukheiber a accusé son rival politique d’avoir «manipulé» le processus électoral, laissant entendre que le portefeuille de l’Intérieur lui avait été «confié à cette fin par la Syrie». «La Syrie qui gouverne au Liban, contrôle tout et forme les gouvernements du pays avait évincé le 30 septembre 1994 le ministre Béchara Merhej pour nommer à sa place M. Michel Murr. Cette nomination voulue qui avait surpris l’opinion publique avait pour but d’assurer l’accession d’une majorité parlementaire docile à l’hémicycle».
Après avoir stigmatisé en des termes très durs les «ingérences de la Syrie dans les affaires du Liban», M. Moukheiber a déclaré: «Le sentiment général est que le Liban ne jouit même pas de l’autonomie dont il bénéficiait du temps des Ottomans et de la Moutassarrifiya».
«Nous nous devons de mettre un terme à la situation à laquelle les Libanais sont arrivés en raison de l’oppression, des privations et du monopole du Pouvoir par une partie de Libanais au détriment d’une autre», a-t-il ajouté. Il n’en demeure pas moins que l’ancien député a préconisé un dialogue avec la Syrie susceptible de déboucher sur l’établissement de «relations saines» avec Damas.
M. Moukheiber a réitéré son appel à la libération du Sud de l’occupation israélienne et à l’abolition de la politique qui consiste à «faire de nos frères au Liban-Sud des cobayes». Il a aussi de nouveau appelé au retrait de toutes les forces non libanaises du pays, à la réalisation de la démocratie, à l’établissement de l’Etat de droit et à la défense des droits et des libertés fondamentales.
M. Albert Moukheiber a vivement contesté hier les jugements du Conseil constitutionnel — qui avait invalidé quatre mandats parlementaires et rejeté quinze autres recours en invalidation — estimant que les verdicts prononcés sont «politiques et non pas juridiques».L’ancien député du Metn qui a réclamé la réorganisation des législatives a en outre tiré à boulets...