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Actualités - REPORTAGE

A Palerme grand festival méditerranéen Douze douces musiques pour chanter le bleu commun ...

Si l’antiquité, toujours présente dans les vestiges et les musées, atteste de la position stratégique de Palerme et de la singularité des expériences qu’elle a vécues au cours des âges, il est cependant des témoignages bien plus proches de notre temps, plus complexes, qui gardent vivante la mémoire de la cité et l’âme vibrante de son histoire.
Les longues successions d’événements ou de civilisations ont laissé leur empreinte à travers les monuments, l’aspect urbain et les œuvres d’art, signe de prestige d’une ville qui était du temps de la domination arabe la reine de la Méditerranée.
Les diverses cultures qui ont marqué Palerme lui donnent sa particularité et en font le creuset de civilisations disparates dont la fusion est splendide. Elle reste donc axée sur les arts, notamment la musique, grande inspiratrice de la transhumance de l’esprit créateur à travers les âges.
Temoin, le Quatrième festival de la musique méditerranéenne organisé par le centre sicilien de l’initiation à la musique et parrainé par le gouvernement régional de Sicile.
Douze compositeurs y ont présenté des œuvres inédites pour orchestre et instruments soli, ou orchestre et voix (devant un jury composé de 17 critiques présidé par Antonio Scarlatto, directeur du conservatoire de Palerme).
La musique, mythe ou métaphore, s’est faite réalité le 30 mai, à l’ouverture officielle du festival.
Douze œuvres, réparties par groupes de quatre entre trois orchestres siciliens: l’Academie Siciliana, dirigée par Gaetano Polajanni; l’Orchestra de chambre Ars Musica dirigé par Maurizio Salemi et l’Orchestre de chambre Coli Harmonici dirigé par Umberto Bruno. Les concerts ont eu lieu à Palerme, Messine.
Parmi les œuvres retenues un concerto biblique pour baryton et orchestre du religieux libanais antonin, le père Joseph Waked. Le texte inspiré du Cantique des Cantiques a été interprété par Garabet Gederian.
Un autre compositeur a puisé lui aussi dans le passé, c’est le jeune Grec Yorgos Koumendakis qui a écrit «Theonoe’s», concerto pour orchestre et soprano. «La theonoe» est la femme qui connaît tout des dieux. Cette élégie venue du fond de la mythologie grecque a été superbement chantée par le soprano Katsouli Atamatia.
Le Tunisien Mohammed Garfi a présenté une œuvre pour orchestre et oud tissée sur un canevas bi-culturel où deux tendances aspirent à créer un style, intégrant les éléments mélodico-rythmique spécifiques de la musique arabe dans le langage musical universel.
Ragheb Daoud, l’Egyptien a écrit un concerto pour luth, orgue et orchestre où deux tempéraments expriment, par leur résonance, des effets psychologiques, le oud exprimant la mélancolie et l’amour et l’orgue, mysticisme et spiritualité.
L’Israélien Michael Wolf a exprimé par un concerto pour flûte, percussion et corde la fusion entre deux musiques et deux mondes, l’oriental et l’occidental.
Trois compositeurs: le Maltais Joseph Vella, le jeune Cypriote Phanos Dymiotis et le Catalan Salvador Brotons se sont singularisés par des écritures révélatrices d’une identité réfléchie, révisée dans une musique d’architecture moderne dépouillée de tout élément décoratif.
Le très jeune pianiste Manolis Néophyton a révélé son talent dans l’accompagnement de l’œuvre de Dymiotis.
Les quatre dernières œuvres, celle de l’Albanais Vasil Tole, de l’Andalou Raphaël Diaz, du Turc Cengiz Tanç et du jeune Sicilien Giovanni Damiani se sont inscrites dans l’histoire très récente de la musique, largement inspirée par la révolution rythmique de Stockhausen, Xenakis et Donatoni. Œuvres agressives par leurs dissonances, difficiles dans l’audace de leur harmonie, composées dans la fougue d’expérimenter l’autre face de la musique, celle qui met en éveil les sens et attise leur potentiel d’assimilation.
Ce Quatrième festival de la musique méditérranéenne a donc été promoteur d’œuvres inédites, un tremplin que les organisateurs de cet événement souhaitent pour un échange culturel permanent entre les pays méditerranéens.


M.M.
Si l’antiquité, toujours présente dans les vestiges et les musées, atteste de la position stratégique de Palerme et de la singularité des expériences qu’elle a vécues au cours des âges, il est cependant des témoignages bien plus proches de notre temps, plus complexes, qui gardent vivante la mémoire de la cité et l’âme vibrante de son histoire.Les longues successions...