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Actualités - ANALYSE

Attachés : un conflit qui perdure

Mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès, dit l’adage judiciaire. Mais en politique quand l’arrangement n’est pas bon, le procès d’intention se poursuit. Ainsi le compromis adopté en Conseil des ministres sur proposition du président Rafic Hariri n’a pas réglé le conflit de prérogatives entre les Affaires étrangères et l’Emigration articulé sur l’histoire des attachés...
Le chef du gouvernement, faut-il dire, a agi en l’absence du ministre des A.E. qui se trouvait à Damas, mais aussi sans tenir compte des avis concordants (pris, il est vrai, à titre consultatif) du Conseil d’Etat et du conseil de la Fonction publique, hostiles à la nomination d’attachés à l’Emigration. Pour le fond, moyennant quelques concessions de pure forme comme le fait de ne pas délivrer des passeports diplomatiques aux intéressés (mais quand même des documents de voyage officiels, dits «spéciaux») c’est M. Nabih Berry qui obtient gain de cause, face à M. Farès Boueiz. Il obtient en effet la désignation à l’étranger de 21 attachés et sur place, de sa fille même Farah. On a de plus passé à la trappe les remarques juridiques de M. Boueiz qui demandait qu’on révisât ou bien la loi-cadre concernant l’Emigration ou bien le décret de désignation des attachés, les deux textes se contredisant.
Selon un ancien responsable, «il est évident qu’à la veille d’un débat de QR au Parlement pouvant être houleux, le chef du gouvernement a voulu ménager le président de la Chambre pour qu’à son tour ce dernier réfrène un peu la pugnacité des députés opposants. C’est le bon vieux système du renvoi d’ascenseur... Et il a parfaitement fonctionné Place de l’Etoile où M. Berry a pratiquement «materné» le gouvernement, le protégeant de toute censure...».
Il n’empêche que ce constat de contrat est contesté par les procès de M. Berry qui affirment «ne rien devoir à personne dans l’affaire des attachés où seul le bon droit a triomphé. Si M. Berry a régulé les débats Place de l’Etoile ce n’est pas du tout pour complaire à M. Hariri. C’est tout simplement parce que son rôle même le lui commande. En effet, du moment qu’il est de toute évidence hors de question de renverser le Cabinet, il n’y a pas lieu de faire monter la tension politique par des attaques excessives qui peuvent prendre un regrettable tour personnel...».
Et pour donner encore plus de poids à leur argumentation, les «amalistes», après avoir soutenu que «le conflit sur les attachés ne nous concerne pas et met en jeu seulement l’Emigration et les A.E.» relèvent que «le bras de fer entre ces deux départements ministériels n’est pas terminé, tant s’en faut». Et de laisser entendre qu’il est difficile «de se contenter du lot de consolation que constitue la nomination des attachés qui attendent depuis plus d’un an leur affectation...».
En face, si l’on peut dire, on souligne également que le problème est loin d’être réglé «au plan de l’empiètement flagrant des pouvoirs du palais Bustros par cette créature étrange qu’est l’Emigration, spécimen unique sur la planète entière... L’aberration est d’ailleurs portée à son comble, puisque les attachés à l’Emigration vont à l’étranger dépendre de nos ambassades sans en relever. Et ces jeunes gens, qui vont nous coûter 5 milliards de LL par an au bas mot, ne peuvent avoir qu’un seul ordre de mission logique: ne rien faire, se croiser les bras. Car s’ils veulent s’occuper dehors des émigrés qui ont la double nationalité, et a fortiori des émigrés qui n’ont plus de carte d’identité libanaise, ils encourraient — et le Liban avec eux — les foudres des pays-hôtes qui crieraient à l’immixtion dans leurs affaires intérieures. S’ils veulent s’occuper des Libanais qui n’ont que la nationalité libanaise, il y a le corps consulaire pour cela... Donc, répétons-le, ils n’auront rien à faire et c’est du reste ce qu’ils feraient de mieux».

Ph. A-A.
Mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès, dit l’adage judiciaire. Mais en politique quand l’arrangement n’est pas bon, le procès d’intention se poursuit. Ainsi le compromis adopté en Conseil des ministres sur proposition du président Rafic Hariri n’a pas réglé le conflit de prérogatives entre les Affaires étrangères et l’Emigration articulé sur...