Semblable à la vocation du Liban qu’illustre sa longue histoire et que l’Exhortation apostolique vient de nous rappeler à juste titre, Laure Moghaizel s’est taillée une carrure aux dimensions du souffle immense qui l’habitait. Militante infatigable des droits de l’homme en général et de la femme en particulier — son tableau d’honneur —, elle a porté loin sa voix revendicatrice. Partout où l’appelait la solidarité de la lutte commune.
De tribune en tribune, qu’elle soit libanaise, arabe ou internationale, elle n’a cessé de plaider la bonne et juste cause de la moitié de l’humanité encore opprimée sous le poids des traditions abusivement contraignantes et des lubies de toutes sortes. Une honte pour nous tous en cette fin de siècle et de millénaire.
Pas plus tard qu’hier — ce temps qui ne passe pas — Nadia Tuéni. Puis, Janine Rebeiz. Aujourd’hui, la vaillante disparue. Trois femmes exceptionnelles dans leurs différences, vouées cependant au même combat qu’elles ont payé de leur vie; une civilisation arabe à reconstruire dans son prolongement libanais. Seul gage de son universalité planétaire.

François HARFOUCHE