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Actualités - CHRONOLOGIE

La victoire de Khatami bouleverse le jeu politique iranien

La victoire surprise du candidat modéré Mohammad Khatami à l’élection présidentielle iranienne traduit une aspiration au changement, dix-huit ans après la révolution islamique, et bouleverse le jeu politique iranien. La défaite de son adversaire, le président du Parlement Ali Akbar Nategh-Nouri, constitue en contrepartie un cinglant revers pour le puissant appareil politique et religieux conservateur du pays (VOIR P.9 NOS DEPECHES DETAILLEES).
Au cours de la campagne électorale, M. Khatami est apparu très populaire chez les jeunes, les intellectuels et les femmes. Il a manifestement fait «un malheur» à Téhéran où il a réussi à séduire aussi bien les quartiers riches avides d’ouverture culturelle et politique que les faubourgs en proie à une pauvreté croissante.
Ce religieux à l’allure tranquille n’a toutefois rien d’un opposant. Ancien ministre de la Culture et de l’Orientation islamique de 1982 à 1992, sa candidature avait été avalisée par le très rigoureux Conseil constitutionnel qui effectue une sévère sélection idéologique des postulants.
Mais M. Khatami a malgré tout su donner quelques signaux discrets d’ouverture en direction des droits de l’homme et de la liberté d’expression, des antennes paraboliques qui permettent de recevoir les télévisions étrangères, ou encore d’Internet, diabolisé par les intégristes.
Le conservateur Nategh-Nouri avait, quant à lui, reçu le soutien de la grande majorité des députés — 190 sur 270 —, de nombreux ministres dont le chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati, ainsi que de la majorité des dignitaires chiites des villes saintes de Qom et Machhad, le véritable «pouvoir caché» de l’Iran.
Le guide de la République islamique et numéro un du régime, l’ayatollah Ali Khamenei, successeur de l’ayatollah Khomeiny, a, lui aussi, sans se prononcer formellement, donné d’innombrables «coups de pouce» à M. Nategh-Nouri.
Le président sortant Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, dont de nombreux amis figurent parmi les proches de M. Khatami, devrait sortir indirectement renforcé de cette élection.
M. Rafsandjani, connu pour son pragmatisme et son art de la manœuvre politique, va vraisemblablement continuer de tirer les ficelles du jeu grâce à sa fonction de président du «Conseil de discernement», un organe collégial chargé de préparer les orientations stratégiques du régime.
La victoire de M. Khatami pose toutefois la question de sa capacité à tenir les rênes du pays, alors que son expérience gouvernementale se limite à la Culture, et qu’au cours des cinq dernières années il a occupé la fonction effacée de directeur de la bibliothèque nationale. Il aura en outre à compter avec un Parlement dominé par les conservateurs.
L’alliance gauche radicale-modérée qui le soutient apparaît instable: les deux factions se sont livré une guerre sans merci au cours des dernières années avant de nouer une alliance de circonstance face à la montée des conservateurs au Parlement.
Parmi les partisans de M. Khatami, on trouve aussi bien le très moderniste maire de Téhéran Gholamhossein Karbatshi que l’hodjatoleslam Mohammad Koeinia, ancien porte-parole des preneurs d’otages de l’ambassade américaine au début de la révolution.
La victoire surprise du candidat modéré Mohammad Khatami à l’élection présidentielle iranienne traduit une aspiration au changement, dix-huit ans après la révolution islamique, et bouleverse le jeu politique iranien. La défaite de son adversaire, le président du Parlement Ali Akbar Nategh-Nouri, constitue en contrepartie un cinglant revers pour le puissant appareil politique...