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Actualités - REPORTAGE

12h28 : l'homme en blanc enfin à Beyrouth (photo)

Sous un soleil de plomb, tous les hauts responsables de la République, les chefs spirituels et dignitaires religieux des différentes communautés, ainsi que les membres du corps diplomatique — soit au total près de 340 personnalités — se sont rassemblés hier en fin de matinée à l’aéroport de Khaldé pour accueillir le pape Jean-Paul II. Pour la première visite officielle d’un Souverain Pontife au Liban — hormis l’escale technique (d’une cinquantaine de minutes) de Paul VI à l’AIB, en décembre 1964 — et pour sa troisième visite dans un pays arabe (après le Maroc et la Tunisie), Jean-Paul II a eu droit à un accueil officiel particulièrement chaleureux, hier.
Dès le début de la matinée, l’armée libanaise, la garde présidentielle ainsi que les services du protocole du palais Bustros et de la présidence de la République se sont activés afin de mettre la dernière main aux préparatifs de l’accueil du pape. La cérémonie paraît à première vue bien organisée. Une faille, cependant: les journalistes et les photographes sont placés dans un secteur à partir duquel il est pratiquement impossible de voir ou de photographier l’arrivée du souverain pontife. Les multiples protestations n’y font rien. Seuls les photographes et les cameramen des médias étrangers seront autorisés à changer de place afin de bénéficier d’un meilleur angle pour les prises de vue.
Peu avant midi, le premier ministre Rafic Hariri et le chef du Législatif arrivent à l’AIB, suivis quelques minutes plus tard du chef de l’Etat, le président Elias Hraoui. Vers 12h05, les dignitaires religieux, les personnalités officielles et une soixantaine de membres du corps diplomatique se «déploient» sur la piste d’atterrissage de l’AIB.
A 12h15, les yeux sont braqués vers le ciel. C’est à cet instant que l’avion transportant le souverain pontife est attendu. Mais aucun appareil n’est perceptible. Renseignement pris, il s’avère que l’Alitalia à bord duquel se trouve le Saint Père effectue un court survol au-dessus du territoire libanais afin que le pape puisse avoir une vue aérienne du Liban.
A 12h22, l’avion papal pointe à l’horizon, escorté par deux hélicoptères de l’armée libanaise. Pendant que l’appareil de l’Alitalia atterrit, les journalistes peuvent entendre, grâce à un appareil de radio portatif, les cloches des églises sonnaient à toute volée, sur fond de l’Alleluïa de Haendel retransmise par une station de radio privée. A 12h28, l’avion s’immobilise sur le tarmac devant le long tapis rouge menant à l’estrade officielle tendue de velours rouge.
Peu après-midi trente, Jean-Paul II apparaît au haut de la passerelle et bénit l’assistance après avoir enlevé sa calotte blanche. La fanfare de la Garde présidentielle entame aussitôt l’hymne de gloire pendant que retentissent vingt-et-un coups de canons. Le Saint Père descend ensuite lentement et prudemment les marches de la passerelle. Le poids des années, la fatigue physique et l’effet des lourdes charges qu’il assume depuis près de 19 ans se font ressentir sur la démarche du Saint-Père.
Après avoir été salué par le chef de l’Etat, le président de la Chambre et le premier ministre, le souverain pontife embrasse un peu de terre libanaise placée dans une petite caisse en bois de cèdre que lui présentent deux jeunes du Village SOS. Deux autres jeunes filles lui offrent, pour leur part, deux bouquets de fleurs aux couleurs libanaises.
Le chef de l’Eglise catholique et le président Hraoui se dirigent ensuite vers l’estrade officielle pour écouter les hymnes du Vatican et du Liban.
Le président Hraoui prononce alors un discours dans lequel il évoque les efforts déployés par l’Etat afin de redresser la situation dans le pays. Exprimant ses remerciements pour «l’appui permanent» du Saint Père au Liban, le chef de l’Etat a notamment souligné que la visite du souverain pontife est «le catalyseur d’un renouveau spirituel basé sur l’amour, la tolérance et l’entraide pour le bien de l’homme» (VOIR PAR AILLEURS).
Prenant à son tour la parole, le Saint-Père commence par évoquer le précédent passage de Paul VI à l’aéroport de Beyrouth, en 1964. Il souligne ensuite que c’est en ami du Liban qu’il effectue cette visite afin d’«encourager les fils et les filles de cette terre d’accueil, soucieux d’indépendance et de liberté». Cette allusion à l’indépendance et à la liberté provoque des applaudissements dans les rangs des journalistes et des religieux. Certains responsables officiels se laissent alors entraîner par le mouvement et tapotent timidement des mains. Même réaction, aussi bien parmi l’assistance que parmi les officiels, lorsque le souverain pontife souligne que «le Liban est appelé à se tourner résolument vers l’avenir, librement déterminé par le choix de ses habitants».
Donnant ensuite le ton de sa visite, Jean-Paul II souligne que «dans ce nouveau Liban que vous rebâtissez, il importe de donner une place à chaque citoyen, en particulier à ceux qui habités par un légitime sentiment patriotique, désirent s’engager dans l’action politique ou dans la vie économique». L’allusion à la participation chrétienne au pouvoir est à peine voilée. Précisant davantage sa pensée, le Saint-Père souligne que «la condition préalable à toute pratique réellement démocratique est le juste équilibre entre les forces vives de la nation» (Voir par ailleurs le texte intégral du discours du pape).
Au terme des allocutions officielles, les personnalités présentes et les chefs spirituels se dirigent vers l’estrade officielle pour saluer le souverain pontife.
Après le départ des personnalités officielles, Jean-Paul II s’est frayé un chemin vers la «papamobile». Les journalistes et les religieux présents se précipitent alors pour saluer le Saint Père et obtenir sa bénédiction. Le service d’ordre de l’armée et les responsables du protocole du palais Bustros ont du mal à contenir les journalistes et les religieux qui parviennent quand même à atteindre la «papamobile». Le souverain pontife salue alors de près les laissés-pour-compte du protocole officiel et leur accorde sa bénédiction. Il prend place ensuite dans la «papamobile» en compagnie du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.
Escorté par la garde présidentielle, la voiture du Saint Père quitte l’enceinte de l’AIB vers 13h20. Dehors, plusieurs centaines de jeunes sont rassemblés devant le bâtiment de l’aéroport. C’est le début du bain de foule auquel aura droit Jean-Paul II.

Michel TOUMA
Sous un soleil de plomb, tous les hauts responsables de la République, les chefs spirituels et dignitaires religieux des différentes communautés, ainsi que les membres du corps diplomatique — soit au total près de 340 personnalités — se sont rassemblés hier en fin de matinée à l’aéroport de Khaldé pour accueillir le pape Jean-Paul II. Pour la première visite officielle...