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Actualités - REPORTAGE

L'exhortation apostolique qui en constitue le couronnement sera rendue publique par Jean Paul II à Beyrouth Le synode, un formidable défi pour une communauté en détresse Le Pape a voulu redonner aux catholiques du Liban le sens de leur identité et de leur mission en tant qu'Eglise et que communauté

La visite pastorale du pape au Liban, aujourd’hui et demain, couronne un processus entamé en 1993, avec l’annonce par Jean-Paul II de la tenue d’une Assemblée spéciale du Synode consacrée au Liban. Créée par le pape Paul VI, l’Assemblée du Synode, qui dispose d’un secrétariat permanent, est une institution qui collabore étroitement avec le pape et dont la composition varie suivant les objectifs qui lui sont fixés: généraux, comme pour la Vie consacrée, continentaux, comme pour l’Europe, et aujourd’hui pour l’Asie. On a pu dire que le Liban est le seul pays au monde auquel une Assemblée spéciale du Synode a été exclusivement consacrée. Ce n’est pas tout à fait vrai, puisqu’il y a eu, par exemple, un Synode pour la Hollande. Il est par contre exact de dire que le Liban occupe une place si particulière dans la pensée du pape, que ce dernier ne pouvait accorder à une question aussi grave une attention moindre.
Quelle est donc l’importance de ce Liban pour que le chef de l’Eglise catholique lui consacre un Synode? La réponse est à double volet: elle consiste à situer le Synode dans son contexte historique d’abord, dans le contexte spirituel de l’Eglise au Liban ensuite. On verra que, dans un cas comme dans l’autre, le Synode sur le Liban est un événement dont la texture même est faite de politique et de spirituel intimement liés.
Tout au long des années au cours desquelles la guerre avait fait rage au Liban, Jean-Paul II avait inlassablement lancé des appels de sauvetage. Tantôt aux chrétiens du Liban, tantôt aux Libanais toutes communautés confondues, tantôt aux Grandes puissances. Il ne fallait pas que le Liban devienne un des «remords du monde», ni qu’il soit sacrifié sur l’autel des intérêts – stratégiques et économiques –, de la seule Grande puissance encore debout aujourd’hui, les Etats-Unis. Le Liban, devait résumer le pape en une formule saisissante, est «plus qu’un pays, c’est un message» de convivialité, de liberté, d’entente mutuelle, de compréhension entre communautés appartenant à diverses religions.
Implicitement, la perspective du Vatican était plus large. Elle englobait tous les catholiques d’Orient, ainsi que le principe même de la présence de l’Eglise dans cette partie du monde, berceau historique du christianisme, menacée de devenir exclusivement terre d’islam par un mouvement inexorable d’émigration aux multiples causes. Parmi les causes de cette émigration des Arabes chrétiens vers des cieux plus cléments, il faut citer, historiquement, la création de l’Etat d’Israël, le mouvement de décolonisation, et le panarabisme. Le réveil islamique et la montée de l’islam militant ne devaient pas arranger les choses.

Sortir l’Eglise de
sa somnolence

Il faut aussi citer l’effondrement de l’Empire soviétique et la guerre du Golfe, qui fut aussi une guerre pour le contrôle des réserves stratégiques du pétrole dans le monde. Vue de haut cette dernière préfigurait une redistribution des cartes dans la région. Mais surtout, elle ravageait l’Irak, seul pays de la région, à part le Liban, où les chrétiens jouissaient d’une liberté de culte totale et d’une certaine influence politique. Là aussi, la guerre n’a pas manqué d’avoir son impact sur l’importance numérique des chrétiens irakiens et la situation économique et sociale de ceux qui ne pouvaient pas partir.
En février 91, la guerre du Golfe prend fin et, dès mars 1991, Jean-Paul II convoque les patriarches catholiques d’Orient au Vatican. On ignore ce qui s’est dit au cours de cette réunion. Mais elle ne pouvait pas ne pas s’inscrire dans le contexte du souci de l’Eglise catholique pour sa présence au Liban et dans la région. Présence physique d’abord, spirituelle ensuite, la première conditionnant l’autre. Quelque chose devait être fait pour sortir les Eglises locales de leur somnolence, et pour relever le défi le plus important auquel faisait face désormais la mission de salut de l’Eglise, après l’effondrement du communisme: la coexistence avec l’islam. C’est dans ce contexte géopolitique que le Synode pour le Liban a été décidé.
On sait le gâchis, le saccage, les massacres qui ont marqué la fin des combats au Liban. Deux années suicidaires avaient laissé les communautés chrétiennes saignées à blanc. Un grand nombre de familles, près de 200.000 chrétiens selon les statistiques, avaient quitté le pays. Ceux qui étaient restés étaient démoralisés, paralysés, appauvris, et un accord politique leur avait arraché des privilèges qu’ils considéraient comme des garanties, à juste titre après avoir pendant treize siècles été traités en «dhimmis».
Même dans ce contexte, le Liban continuait d’avoir ceci de particulier que les chrétiens s’y trouvaient dans une situation privilégiée, aux commandes – même nominales – d’une démocratie qui tranchait avec les régimes autocratiques ou théocratiques qui l’entouraient. Point d’ancrage des chrétiens d’Orient, et en dépit de tous les revers de la guerre, le Liban en était venu à représenter, pour l’Eglise, selon une expression du cardinal Lustiger, «le seul pays au monde où chrétiens et musulmans vivent dans une situation d’égalité civique et de communauté culturelle». Un modèle à opposer à tous les fanatismes.
En 1993, au moment où l’idée du Synode est lancée, les combats au Liban avaient définitivement cessé, et la guerre du Golfe était terminée. Les situations régionale et locale étaient désormais convergentes, et propices à la tenue d’un Synode qui servirait à la fois de bilan et de nouveau départ pour les communautés catholiques du Liban et d’Orient.
Chrétiens prostrés ou en instance
de départ

Vue de près, quelle était la situation de ces communautés catholiques? Le thème même du Synode le dira indirectement: «Le Christ est notre espérance. Renouvelés par son Esprit, solidaires, nous témoignons de son amour». Une formule christocentrique unissant l’exigence d’un renouveau spirituel à la nécessité d’une prise de conscience collective, et à la nécessité d’un témoignage de foi qui soit un témoignage d’amour. Un tableau qui faisait contraste avec la situation réelle des chrétiens du Liban: découragés par un règlement politique qui les marginalisait de plus en plus, redoutant une aliénation définitive de leur volonté nationale propre, beaucoup de chrétiens étaient soit prostrés, soit en instance de départ.
Le Synode se tint pour redonner aux catholiques du Liban le sens de leur identité et de leur mission, en tant qu’Eglise et que communauté insérée dans un milieu islamique. Confondue, des années durant, avec un problème politique, une «culture occidentale» (une façon de jurer et de manger), ou pire encore, une stratégie militaire, l’identité de l’Eglise au Liban devait être retrouvée, dans sa pureté spirituelle, mais aussi dans sa dimension historique. La redécouverte de l’identité passait aussi par un profond examen de conscience; beaucoup de chrétiens, et même certains membres de la hiérarchie, avaient cédé à la tentation de la violence, et devaient «s’interroger sur les responsabilités qu’ils assument, eux aussi, dans les maux» qui s’étaient abattus sur le Liban.
Le pape s’était chargé, tout au long des années de violence et de crise, de rappeler aux Libanais de religion chrétienne la «vocation historique» de leur pays. Polarisée vers l’Occident, l’Eglise catholique du Liban était désormais invitée à tourner ses regards vers le monde arabe, dont la culture l’avait imprégnée, et vers lequel elle était envoyée. Un monde arabe confondu par beaucoup, pour le plus grand malheur de cette Eglise, avec le monde musulman (dont il ne constitue pourtant que les 20%), et au sein duquel elle fut invitée à s’«inculturer» sans regards en arrière, et sans regrets.
Cette manière de présenter les choses est évidemment sommaire. Le «renouveau spirituel» qui devait permettre à l’Eglise du Liban d’être un message n’était pas (et n’est toujours pas), aux yeux du Vatican, un phénomène uniquement local. Ce renouveau, centré sur la redécouverte de la personne du Christ et de la Parole de Dieu, est une nécessité pour l’Eglise universelle, plongée dans un monde et des cultures qui se déchristianisent à folle allure, et confrontée aux erreurs de la «démythologisation» et aux défis du relativisme ethique, du sécularisme et de la crise de l’obéissance à l’égard du Magistère.
S’inscrivant dans le prolongement de l’action de ses prédécesseurs, Paul VI et Jean XXIII, et dans celui du concile Vatican II qui, à ses yeux, est l’événement ecclésial le plus important du siècle, Jean-Paul II refaisait siens les mots de Paul VI à ce sujet: «Pour être évangélisatrice, l’Eglise doit d’abord s’évangéliser elle-même».
Le Synode pour le Liban fut et demeurera un «concile Vatican II» aux dimensions du Liban, destiné à permettre l’«aggiornamento» des communautés chrétiennes qui s’y trouvent, le renouveau de leur foi et de leur ouverture au monde. Conséquent avec lui-même, le pape a, depuis, lancé un Synode pour les chrétiens de Terre Sainte, et attend de chaque patriarcat engagé dans le Synode pour le Liban qu’il organise son propre Synode. Cette injonction figurera dans l’exhortation apostolique post-synodale que le pape rendra publique à l’occasion de sa visite pastorale.
Ce qui est vrai pour le concile Vatican II est vrai aussi pour le Synode sur le Liban. Et notamment l’importance désormais décisive de l’unité des chrétiens dans cette région du monde, où il en va de l’existence physique des diverses Eglises. «Nous serons chrétiens ensemble, où nous ne serons pas», diront les patriarches catholiques d’Orient, à l’issue d’une de leurs sessions annuelles. La dimension œcuménique du Synode, passée sous silence dans la presse, n’est pas moins importante que la dimension du dialogue interreligieux. Elle trouve dans la redécouverte de «la tradition antiochienne commune» aux catholiques orientaux et aux orthodoxes l’un de ses points de convergence les plus féconds.
La nostalgie d’un ordre passé

Mais parler de la dimension «politique» du Synode ne signifie pas qu’on lui reconnaît une dimension «politicienne».
Certaines «forces actives» chrétiennes, nostalgiques d’un ordre politique passé, tentent de récupérer le Synode au service de leurs objectifs. Ces tentatives font pendant, d’ailleurs, aux tentatives du camp adverse, qui souhaite mettre la visite du pape à contribution pour conforter un fait accompli. Il est douteux que le pape accepte aussi facilement de se laisser faite. Une source ecclésiastique souligne: «La visite du pape est de nature pastorale. Jean-Paul II ne vient pas pour cautionner le régime, mais cela ne veut pas dire qu’il ne tient pas compte de la situation. La visite de Mgr Jean-Louis Taurran à Damas doit être vue dans ce contexte. Jean-Paul II n’a pas dépêché Taurran à Damas pour «demander l’autorisation» de venir au Liban, mais il tient à ce que son voyage ne soit pas interprété différemment de ce qu’il est».
Mais le Synode n’est pas pour autant un aval donné à une fiction politique ou idéologique. Ce point est illustré par la polémique provoquée par l’affirmation, dans l’appel final du Synode, du «pluralisme culturel», et des «racines religieuses» de la nation libanaise. Cette controverse a fait rage au lendemain de la publication du message final du Synode. Elle a resurgi aujourd’hui avec le discours de la Saint-Joseph du Père Sélim Abou, recteur de l’USJ. Loin de se laisser intimider par le discours idéologique sur l’«unité» du peuple libanais, il se confirme que l’Eglise défend le principe d’une «unité dans la diversité» aussi bien au niveau ecclésial qu’au niveau culturel et national. C’est pourquoi, d’ailleurs, elle accueille sans trop s’alarmer certaines manifestations d’identité, même maladroitement exprimées. La conquête de l’identité, croit-elle, fait partie de la conquête de l’indépendance nationale. Pour reprendre les termes d’une source ecclésiastique: «Il y a à conquérir une nouvelle cohésion où chacun, ayant affirmé son identité, pourra se faire reconnaître de l’autre».
S’élargissant à la dimension nationale, le Synode visait à doter les Eglises catholiques au Liban d’une vision globale et saine de leur rôle et de leur place politique, surtout dans le nouveau contexte local et régional. Ce fut l’affirmation de la nécessité d’une «démocratie consensuelle» au Liban, par opposition à une «démocratie du nombre», qui avantagerait inéluctablement les musulmans. Ce fut aussi la demande d’un départ de toutes les troupes étrangères, amies et ennemies, la présence syrienne au Liban, qui avait été un facteur de cohésion, à une certaine étape de la guerre, jouant désormais un rôle de déstructuration.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’Eglise n’a jamais adhéré à la théorie de «la guerre des autres» sur le sol libanais. Elle n’attribue pas à des seuls facteurs externes les malheurs du Liban. La dégradation de la foi du peuple chrétien, le mercantilisme rampant, l’ignorance avaient, de l’aveu de tous, joué leur rôle. Le Vatican avait même dû intervenir, à un certain moment, pour interdire à des communautés religieuses de continuer à vendre leurs bien-fonds. Comme beaucoup de chrétiens, ces communautés avaient perdu le sens de cette vérité élémentaire, qui veut que le pays appartient à qui appartient la terre.

De déséquilibre
en déséquilibre

La myopie politique est une autre erreur historique des chrétiens: imbus de leur supériorité, exerçant une prédominance politique depuis 1920, les chrétiens du Liban, et en particulier les maronites, avaient objectivement accaparé et dominé les leviers du pouvoir, frustrant les musulmans, et même les autres communautés chrétiennes, de leurs droits à la coresponsabilité.
Cette équation est aujourd’hui inversée. Mais le renversement de situation qui a permis à «l’autre partie» de prendre sa revanche, ne change en rien ces choses. De déséquilibre en déséquilibre, le pays est donc engagé dans une fuite en avant, à moins que des mouvements de base ne viennent restaurer et consolider l’élément essentiel de tout véritable dialogue: la confiance.
Entre chrétiens, et spécialement depuis le Synode, on a commencé à dépasser la méfiance réciproque, à «décloisonner» les communautés. Le temps écoulé n’a pas été un «temps mort». Ce décloisonnement, qui ne se fait pas uniquement au niveau des structures, mais aussi à celui des personnes, évolue progressivement vers plus d’efficacité, malgré des régressions. De nouvelles actions sociales sont lancées, notamment dans le domaine de l’habitat, et un souffle nouveau anime les écoles catholiques. Tout cela reste pourtant élémentaire, tandis qu’au niveau universitaire, les rivalités se poursuivent, ainsi que le gaspillage des énergies, et à divers niveaux, avec la crise socio-économique qui fait rage, c’est parfois des contre-témoignages que les chrétiens donnent, alors que la réception de la doctrine sociale de l’Eglise en est encore à ses tout premiers pas.
Tout cela n’empêche pas un véritable «réveil» religieux de se manifester, surtout au niveau des laïcs. Une nouvelle Pentecôte souffle sur les laïcs. Un peu partout éclosent des mouvements de prière. De ce point de vue, quelque chose d’irréversible semble s’être produit. Le mouvement est lancé. Même les futurs pasteurs sont gagnés par cette flamme. Une «nouvelle génération» de prêtres en cours de formation se prépare. Les thèmes de la rencontre avec le Christ et du renouveau de la Parole, signe sacramentel de la présence de Dieu, inconnus voici trente ans, sont de mieux en mieux reçus.
Au niveau de la hiérarchie aussi, les choses bougent. Les Synodes sont en marche, exactement comme l’a souhaité Jean-Paul II qui a voulu lancer le mouvement à partir du Liban. C’est ainsi que le Synode de l’Eglise chaldéenne de Bagdad se tiendra en même temps que la visite du pape au Liban, et que le Synode des Eglises catholiques de Terre-Sainte (Jordanie - Cisjordanie - territoires autonomes et Israël) est entamé. La tenue d’un concile maronite, qui était en préparation en 1991, avant l’annonce de la tenue du Synode, est de nouveau à l’ordre du jour.
Mais au plan national, qu’a donc changé le Synode? La prise de conscience de l’identité communautaire semble être une régression par rapport à la période d’avant-guerre, et une grande confusion, provoquée par la manière chaotique dont le pays se développe, règne sur le plan de l’identité. La lutte contre le fameux «découragement» est donc, plus que jamais, à l’ordre du jour.

Dialogue,
stagnation et
irresponsabilité

Au cœur du débat national, il y a bien entendu l’occupation du pays. Pour certains, la «double occupation». Mais pour les chrétiens il y a surtout, et de plus en plus, la rencontre avec l’islam. Une grande méfiance continue à régner dans ce domaine. Le dialogue inter-religieux est quelque peu faussé par l’actualité politique, qui emprisonne les chefs politiques et religieux dans un discours idéologique dont ils peuvent difficilement se départir, car il y va parfois de leur vie. La population, pour sa part, regarde vers les chefs, tout en se plaignant que «le dialogue n’avance pas», sans réaliser que l’une des premières causes de cette stagnation est sa propre «irresponsabilité».
Comment faire croître la «volonté de vivre en commun» des Libanais, chrétiens et musulmans? Voilà ce à quoi on n’accorde pas suffisamment d’attention, quand on n’étouffe pas cette aspiration. L’union contre un «ennemi commun» est insuffisante. Les projets de reconstruction ne sauraient tenir lieu de projet de société. C’est une continuelle conversion des mentalités qu’il faut, et il y beaucoup d’initiatives à prendre, dans ce domaine. Mais cela suppose une formation. Sans dorer la pilule, en distinguant bien islam et musulmans, il faut que les chrétiens s’ouvrent à leurs compatriotes, apprennent à les connaître. Il faut aussi bien montrer que le dialogue n’est pas une «nouvelle tactique», mais que c’est, en toute honnêteté, à découvert, qu’on avance vers l’autre. C’est toute la problématique du dialogue.
La visite pastorale du pape clôt un processus qui a commencé voici quatre ans. Mais voir les choses sous cet angle, c’est risquer de passer à côté de l’événement. Le Synode est un processus qui ne finira que lorsque son objectif aura été atteint. Cet objectif, c’est l’Eglise locale, dans toutes les dimensions de son existence, spirituelle, sociale, nationale, dans un Orient secoué par des enjeux politiques et stratégiques divers.
Certes, un arrière-plan politique au Synode existe, mais ce n’est pas celui qu’on croit. Comme l’affirme une source ecclésiastique: «Jamais le Vatican n’a apprécié la façon dont le Liban, qu’il a toujours cité comme le seul pays du Moyen-Orient à posséder une Constitution non religieuse, a été privé d’une partie de sa souveraineté politique, comme c’est le cas aujourd’hui. Jamais, pour autant, le Saint-Siège n’a épousé les thèses de certaines tendances politiques et d’une partie de l’Eglise maronite qui auraient voulu maintenir la domination chrétienne sur la vie politique du pays, au détriment de l’évolution démographique et démocratique».
«Il ne faut pas s’attendre à des miracles du Synode», avertissait le cardinal Lustiger, quelques semaines avant la tenue de l’Assemblée. Ce qui importe, c’est ce qui se passe après le Synode, c’est-à-dire aujourd’hui et demain: «Les chrétiens du Liban ont une mission, celle de promouvoir une véritable rencontre entre le christianisme et l’islam. Ce que les Libanais ne réussiront pas, le monde ne le réussira pas non plus», avertissait l’archevêque de Paris. Les yeux du monde sont tournés vers nous.

Fady NOUN
La visite pastorale du pape au Liban, aujourd’hui et demain, couronne un processus entamé en 1993, avec l’annonce par Jean-Paul II de la tenue d’une Assemblée spéciale du Synode consacrée au Liban. Créée par le pape Paul VI, l’Assemblée du Synode, qui dispose d’un secrétariat permanent, est une institution qui collabore étroitement avec le pape et dont la composition...