L'armée turque défie le gouvernement Erbakan L'état Major refuse de limoger deux généraux Quatre écoles coraniques fermées

La tension est brusquement remontée, au cours des dernières vingt-quatre heures en Turquie, entre le gouvernement et l’armée. Le ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller a menacé de mettre à la retraite des généraux pour «ingérence dans la politique». D’autre part, quatre écoles coraniques, ouvertes sans autorisation, ont été fermées.
Ces écoles ont été fermées par le gouvernorat de Kocaeli en application d’un ordre émis en mars par le ministère de l’Intérieur dans le cadre d’une série de mesures exigées par les militaires pour lutter contre l’extrémisme islamiste.
La fermeture d’au moins 24 autres écoles coraniques a été déjà annoncée par les autorités depuis le 18 mars, dans les provinces d’Ankara, de Bursa (nord-ouest), de Zonguldak (mer Noire), de Sakarya (nord-ouest), d’Erzurm (est), d’Agri (est), d’Erzincan (est).
Les mesures destinées à contraindre le gouvernement de coalition à dominante islamiste du premier ministre Necmettin Erbakan à lutter contre l’extrémisme ont été décidées le 28 février lors d’une réunion du Conseil national de sécurité (MGK) où siègent les dirigeants civils et militaires.
Ces mesures antifondamentalistes prévoient notamment une réforme de l’éducation, l’interdiction de toute propagande pro-«charia» (loi coranique) dans les organes d’information islamistes, des restrictions plus sévères du port de vêtements religieux et des mesures pour empêcher les islamistes radicaux de s’infiltrer dans l’appareil de l’Etat.
S’agissant de la menace de Mme Ciller de mettre à la retraite deux généraux, deux quotidiens indiquent que le chef de l’état-major, le général Ismaïl Hakki Karadayi, s’y est opposé.
Selon «Hurriyet» et «Sabah», Mme Ciller a critiqué notamment, lors d’une rencontre avec le général Karadayi, le 16 avril, des déclarations de caractère politique de son adjoint, le général Cevik Bir.
«Mes collègues font leur tâche et ils ne s’ingèrent pas dans la politique (...). Faites ce que vous pouvez», a alors répondu le général Karadayi, mettant au défi Mme Ciller, selon les mêmes sources.
Cevik Bir est le chef en second de l’état-major général et dans le cadre de ses fonctions, il avait critiqué des déclarations de Mme Ciller à propos de l’armée.
Selon les deux journaux, Mme Ciller a d’autre part essuyé un refus du général Karadayi quand elle lui a demandé son soutien pour «neutraliser» le Parti de la prospérité (Refah) du premier ministre islamiste Necmettin Erbakan. Ce dernier est au pouvoir depuis fin juin 1996 à la tête de la coalition gouvernementale islamo-conservatrice, formée avec le Parti de la juste voie (DYP, droite) de Mme Ciller.
Le général Karadayi aurait répondu à Mme Ciller, selon «Hurriyet», que «l’armée ne se mêle pas des affaires politiques».
Le général Karadayi a informé de cet entretien le président Suleyman Demirel qui avait apporté ces derniers mois son soutien aux prises de positions des militaires contre les islamistes fondamentalistes, affirment les quotidiens.
l Au total, 35 personnes, en majorité des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont été tuées lors de plusieurs accrochages, ont annoncé jeudi les forces de sécurité turques.
Les accrochages les plus féroces ont eu lieu à Hakkari, près de la frontière avec le nord de l’Irak, sous contrôle kurde, au cours desquels 25 rebelles ont trouvé la mort, ont annoncé les autorités de Diyarbakir, dans le sud-est du pays.
Quatre autres sont morts dans la région de Bitlis, dans le nord du pays et trois combattants du PKK ainsi que trois membres d’une milice antirebelle sont morts mercredi soir dans le district de Silopi. (AFP, Reuter)