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Actualités - CHRONOLOGIE

Nil by mouth à Cannes : le Blues des souvenirs (photo)

CANNES, 8 Mai (Reuter). — Un acteur britannique faisant ses premières armes dans la réalisation, Gary Oldman, et un cinéaste italien plus que confirmé, Marco Bellocchio, ont ouvert jeudi la compétition du 50e festival de Cannes, chacun dans des registres bien différents (VOIR AUSSI PAGE 6).
Gary Oldman et Luc Besson avaient donné mercredi la première conférence de presse du festival, pour «Le cinquième élément», superproduction française à l’hollywoodienne. Tous deux se retrouvaient aujourd’hui pour présenter «Nil By Mouth» (Ne pas avaler), film moins ambitieux financièrement et plus exigeant.
Oldman et Besson ont en effet produit cette œuvre sombre qui décrit les dérives de personnages habitant les faubourgs sud de Londres où sévissent la drogue et l’alcool.
«Ce film est le blues de mes souvenirs. Il raconte ce que j’ai vécu, en grandissant dans le sud de Londres», explique Oldman, acteur britannique qui, comme Tim Roth, partage sa vie entre Hollywood et l’Angleterre.
Par son réalisme (vrai ou faux), cher au nouveau cinéma britannique des Mike Leigh ou Ken Loach, «Nil By Mouth» tranche avec certaines productions américaines traitant du même sujet, comme «Leaving Las Vegas» ou des films comme «Trainspotting» empreints d’une certaine idéalisation du sujet.
Il témoigne d’un état de violence physique et morale dont le délégué général du festival Gilles Jacob avait souligné le mois dernier qu’il serait caractéristique du millésime.
«J’ai mélangé des souvenirs, des histoires vécues et des anecdotes entendues chez d’autres», poursuit Oldman.
«J’ai «fictionnalisé» la vérité, et surtout, je l’ai diluée. Car la réalité est bien plus dure que ce qu’on voit dans le film. Il y a des choses que je ne peux pas montrer», dit Oldman.
Ce que montre Oldman, révélé en 1986 pour son interprétation de Sid Vicious (le chanteur des Sex Pistols), c’est «quelque chose de typiquement anglais: la culture de pub», une culture au goût contemporain où l’éthylisme le dispute à la toxicomanie.
Les gros plans et images au zoom, rappelant celles des caméras cachées de certains documentaires, défilent au son de la musique d’Eric Clapton. Oldman a créé une ambiance nocturne (même les scènes de jour sont sombres) dans des endroits confinés (pubs, halls d’immeubles de cités, intérieurs) où étouffent ses personnages.
«Le prince de Hombourg» fut la dernière œuvre du dramaturge allemand Heinrich Von Kleist. Elle fut à l’époque (début du XIXe siècle) très mal reçue. Ce conflit de l’individualité avec la loi, de l’héroïsme avec la peur de mourir déplût aux lecteurs, aristocratiques, ou bourgeois, d’alors.
C’est peut-être cette considération qui a poussé Marco Bellocchio à s’attaquer à ce sujet, dont Jean Vilar et le TNP (Théâtre national populaire) avaient donné des représentations mémorables au début des années 50.
Gérard Philipe jouait le rôle du jeune prince somnambule et impétueux et Jeanne Moreau celui de la princesse Natalia. Des acteurs peu connus (Andrea di Stefano et Barbora Bobulova) leur succèdent dans le film de Bellocchio.
Ce dernier s’est assuré une renommée internationale dans les années 60 comme cinéaste de la contestation sociale avec des longs métrages tels que «Les poings dans les poches» (1965) et «La Chine est proche» (Prix spécial du jury à Venise en 1967).
Le patrimoine littéraire allemand semble particulièrement attirer les cinéastes italiens ces dernières années. Paolo et Vittorio Taviani présentaient ainsi l’année dernière à Cannes leur vision des «Affinités électives» de Goethe.
Bellocchio a davantage collé au texte de Kleist que les deux frères Taviani à celui de Goethe. «La gageure était de transmuer les mots de Kleist en images et de les rendre plus spectaculaires, bref de faire du cinéma», expliquait Bellocchio.
Ce qu’il a fait, par une mise en scène très étudiée, jouant sur les profondeurs de champ, sur la composition d’images donnant l’idée d’une scène théâtrale, sur l’assemblage étroit de gros plans, plans moyens et plans d’ensemble, ces derniers empruntant à la technique de composition picturale.
CANNES, 8 Mai (Reuter). — Un acteur britannique faisant ses premières armes dans la réalisation, Gary Oldman, et un cinéaste italien plus que confirmé, Marco Bellocchio, ont ouvert jeudi la compétition du 50e festival de Cannes, chacun dans des registres bien différents (VOIR AUSSI PAGE 6).Gary Oldman et Luc Besson avaient donné mercredi la première conférence de presse du...