Blair achève de former un gouvernement qui mettra fin à l'isolationnisme

LONDRES, 4 Mai (AFP, Reuter). — Le premier ministre britannique Tony Blair achevait dimanche la nomination de son équipe gouvernementale, dont les ministres nommés samedi soulignaient déjà leurs priorités: fin de «l’isolationnisme» en Europe, et tour de vis contre les abus de l’aide sociale.
Après avoir assisté en famille à la messe catholique à l’église Sainte Jeanne d’Arc de Highbury Park, non loin de leur résidence d’Islington (nord-est de Londres), M. Blair devait peaufiner avec les membres de son cabinet la composition de son équipe gouvernementale complétée par les secrétaires d’Etat.
Les membres du cabinet Blair ont commencé, sitôt nommés, à dévoiler les grandes lignes de leur future action, notamment le secrétaire au Foreign Office, Robin Cook, à l’adresse des partenaires européens de Londres. «Nous voulons sortir la Grande-Bretagne de l’isolationnisme, loin d’un chauvinisme introverti, et vers un statut de membre dirigeant de la communauté internationale», a déclaré M. Cook au quotidien «The Observer», dans sa première interview de chef de la diplomatie.
Outre son ambition à faire de Londres un joueur essentiel en Europe, il a énuméré trois priorités: faire du commerce et de la coopération économique la priorité numéro un des ambassades britanniques dans le monde; placer les droits de l’homme et l’environnement au coeur de la politique européenne; et intégrer la politique étrangère au débat national.
Il a promis de mettre en place un embargo sur les ventes britanniques de mines antipersonnel, et de publier un rapport annuel sur les exportations stratégiques de la Grande-Bretagne, dont les équipements de défense. Il s’est engagé à examiner les éventualités d’interdire la vente de matériel de défense à certains pays particuliers, sans précision.
Selon la presse dominicale, M. Cook a été samedi au coeur de la première querelle du cabinet, en s’opposant à la hypothèse d’une nomination du président de British Petroleum, le pro-européen sir David Simon, a un secrétariat d’Etat aux Affaires européennes.
M. Cook, considéré comme un eurosceptique dans le cabinet, aurait été ulcéré d’apprendre par voie de presse que M. Blair avait sollicité sir David. Downing Street, admettant des consultations avec le président de BP sur les affaires européennes, a nié que le poste lui ait été offert.
Harriet Harman, une proche de M. Blair qui a hérité de l’important ministère des Affaires sociales, a lancé dimanche un message clair sur les priorités sociales du Labour au sein duquel elle est considérée comme une «modernisatrice», à la droite du parti.
Elle a rappelé que, conformément aux engagements du Labour, les jeunes sans emploi bénéficiant de l’aide sociale se verront proposer des programmes de formation et «n’auront pas la possibilité de rejeter une offre d’emploi intéressante ou un programme de formation». Sous peine de voir leurs versements supprimés. «Il n’y aura pas de possibilité de vivre simplement de l’aide sociale», a-t-elle mis en garde, se disant toutefois convaincue que ce n’est pas ce que les jeunes attendent.
Au Parti conservateur, les candidats à la succession de John Major émergeaient peu à peu et lançaient leur offensive. L’ancien chancelier de l’Echiquier Kenneth Clarke s’est présenté comme le leader capable de mettre un terme à «la guerre ridicule entre europhiles et eurosceptiques qui a détruit le gouvernement Major».
M. Clarke, un pro-européen, et Peter Lilley, ancien ministre des Affaires sociales, eurosceptique convaincu, sont à ce jour les seuls candidats déclarés dans la course au leadership tory. John Redwood, lui aussi eurosceptique de l’aile droite et candidat contre M. Major en 1995, a affirmé «y réfléchir».