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Actualités - DISCOURS

Dans une nouvelle philippique contre la classe politique à l'occasion de la messe de Pâques Audeh aux libanais : nul ne peut décider à votre place (photos)

Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audeh, s’est livré dimanche, dans une homélie prononcée à l’occasion de la messe de Pâques, à une nouvelle attaque en règle contre la classe politique, usant de termes violents pour dénoncer notamment les atteintes à la démocratie et aux libertés dans le pays.Mgr Audeh célébrait la «Hajmé» et la messe à l’église Saint-Dimitri à Achrafieh. Plaçant son message pascal sous le signe de la «vérité», il a implicitement accusé les dirigeants de mentir: «Que d’événements se produisent dans mon pays à propos desquels on donne des explications qui contredisent ce qui avait été dit des jours ou des mois auparavant», a-t-il souligné.
«Il croient que nous sommes dupes des prétextes fictifs qu’ils nous avancent, et font semblant, en invoquant la démocratie, de vouloir éviter les péchés qu’ils commettent», a lancé Mgr Audeh.
«La démocratie dont ils nous parlent sort de leurs usines, et non pas de celles du peuple. Elle est pratiquée sur une scène de théâtre où le peuple n’a aucun rôle. Si je suis invité au théâtre ou au concert, j’ai le choix de dire oui ou non. Mais dans mon pays, j’assiste à une pièce jouée par de mauvais acteurs, et je suis contraint de garder mon siège même si je dois mourir de fatigue ou de désespoir», a-t-il ajouté.
«Où est la démocratie dans tout cela? La démocratie est un mot d’origine grecque qui signifie le pouvoir du peuple. Mais le peuple est-il au pouvoir»? s’est interrogé le métropolite.
«Il me diront: prenez garde! n’oubliez pas la paix civile! vous semez la discorde parmi les gens au lieu de resserrer les rangs. Celui qui me dira cela voit la paille dans l’œil de son voisin et ne voit pas la poutre dans le sien. S’il la voyait, il se ferait sans doute plus modeste», a-t-il estimé.
«On m’a déjà averti que je faisais peur aux gens avec mes discours et que je les poussais au départ. Que nul ne surenchérisse sur mon amour du Liban. J’aime ma patrie comme mon bien le plus cher. Mais je désire que mon peuple reste en éveil pour qu’on ne puisse plus l’anesthésier peu à peu. Car si le Liban est connu pour une chose, c’est bien pour sa révolte perpétuelle, pour son dynamisme, pour la liberté qui y trouve son gîte», a-t-il poursuivi.
«Voilà pourquoi je vous demande, mes chers amis, de ne pas avoir peur. Ne mentez pas. Soyez sincères envers vous-mêmes et envers les autres. La vérité doit être dite. Dieu nous a appris à ne pas transiger, car lorsque nous transigeons, nous devenons les hommes liges de ceux qui nous mènent. Nombreux sont ceux qui se vendent pour de l’argent, pour un poste ou pour des applaudissements. En aucun cas, ceux-là ne peuvent assurer le salut du pays», a encore dit Mgr Audeh.
«Lorsqu’il y aura dans notre pays des hommes capables de dire oui quand il faut dire oui et non quand il faut dire non ce jour-là sera le jour de la résurrection du Liban. Si vous ne parlez pas, si le peuple ne dit pas la vérité, vous perdrez votre patrie», a-t-il assuré.
«Quelques-uns pourront aller là où ils le souhaitent. Mais le peuple tout entier en est incapable. je vous ai déjà parlé de ceux qui, pendant la guerre, ont émigré à Paris, à Genève, à Londres, ou ailleurs, et qui sont revenus pour nous sermonner. Ceux qui ont sauvé la patrie, ce sont les pauvres et les croyants qui s’abritaient dans les églises lorsque les obus s’abattaient, et non pas ces expatriés que nous considérons comme des touristes», a-t-il lancé.

Une épine au flanc

«Le Liban est à vous. personne ne peut décider à votre place. Ils peuvent contrôler le pouvoir de décision un an, deux ans, peut-être même dix ou vingt ans. Mais jusqu’à quand? L’homme meurt une seule fois. Alors, mon frère, n’accepte pas de mourir mille fois humilié, lâche, ou vendu», a-t-il dit.
«Vous ne pouvez parler du Liban que si vous le portez dans votre cœur, le Liban des cèdres et de la mer, le Liban des plaines et de la montagne. Ce Liban sera toujours une épine au flanc de celui qui n’aime pas la liberté, de celui qui n’apprécie pas le bon esprit, ne goûte pas à la beauté, et ne connaît rien à la musique, à la littérature, à la peinture et à tous les arts», a encore ajouté le prélat.
«Si je crie, c’est parce que je crains que notre source tarisse. C’est pourquoi je continuerai à creuser dans la roche pour que l’eau jaillisse et arrose cette bonne terre. Et vous, Libanais, creusez et faites jaillir l’eau qui engloutira tout le mal qui se trouve sur notre terre», a-t-il poursuivi.
et de conclure: «Le Liban est grand parce que son peuple est grand et ne connaît pas l’esclavage. L’homme libre ne vend pas sa conscience et le Liban, comme l’a dit Sa Sainteté le pape que nous accueillerons bientôt, est notre conscience et celle du monde».
Ces propos n’ont pas empêché les principaux responsables à entrer en contact avec Mgr Audeh pour lui transmettre leurs vœux à l’occasion de Pâques, et notamment le chef de l’Etat Elias Hraoui et le premier ministre Rafic Hariri.

Dans les autres régions

Plusieurs personnalités, parmi lesquelles le ministre de l’intérieur Michel Murr, se sont en outre rendues à cet effet au siège de l’archevêché.
A Tripoli, la messe de Pâques a été célébrée à la cathédrale Saint-Georges par l’évêque grec-orthodoxe Mgr Elias Corban, qui a souligné dans son homélie les difficultés politiques, économiques et sociales que traverse le pays.
Au Akkar, l’évêque Mgr Youssef Bandaly a célébré l’office pascal à l’église Notre-Dame dans la localité de Aabdé, nouvellement restaurée.
A Zahlé, l’évêque de la ville, Mgr Spiridon Khoury, a souhaité que les Libanais gardent la foi.
Des messes ont également été célébrées dans le Mont-Liban, à Saïda, à Tyr, et dans les autres régions du pays.
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audeh, s’est livré dimanche, dans une homélie prononcée à l’occasion de la messe de Pâques, à une nouvelle attaque en règle contre la classe politique, usant de termes violents pour dénoncer notamment les atteintes à la démocratie et aux libertés dans le pays.Mgr Audeh célébrait la «Hajmé» et la messe à...