Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Dissolution de l'assemblée nationale et élections les 25 mai et 1er juin Chirac joue à quitte ou doublé (photo)

Le président Jacques Chirac a annoncé hier soir aux Français la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives anticipées les 25 mai et 1er juin prochains, prenant un pari à hauts risques pour le reste de son septennat.
Dans une intervention à la télévision, M. Chirac a justifié sa décision en affirmant que la France avait «besoin d’un nouvel élan (...) pour aller plus loin sur le chemin des changements».
Le chef de l’Etat français a souligné aussi l’importance des défis européens à relever dans les prochains mois. Il a cité le passage à la monnaie unique, la réforme des institutions de l’Union européenne (UE), la réforme de l’Alliance atlantique, «qui doit permettre aux Européens de mieux assumer la responsabilité de leur sécurité, dans un nouveau partage avec les Américains, et l’avènement d’une Europe sociale qui me tient le plus à cœur».
«Pour aborder ces échéances en position de force (...) votre adhésion et votre soutien sont essentiels», a-t-il dit.
Deux sondages d’opinion publiés hier ont prédit une victoire de la coalition gouvernementale actuelle. Pour l’institut SOFRES, elle devrait garder le contrôle de l’Assemblée avec 318 sièges soit 40 de plus que la majorité absolue, tout en cédant environ 150 sièges à la gauche. L’institut Harris lui donne une avance de 2,5% sur la gauche au premier tour des législatives, sans faire de projections de sièges.
Pour le chef de l’Etat, qui mûrissait cette décision depuis plusieurs semaines, la dissolution de l’Assemblée, où la coalition gouvernementale occupait pourtant les 4/5es des sièges (465 sur 577), représente un véritable quitte ou double.
La victoire, à laquelle il croit, lui accorderait une nouvelle légitimité et viendrait démentir les sondages d’opinion attribuant une impopularité record au tandem président-premier ministre.
A l’inverse, une victoire de la gauche paralyserait l’action présidentielle et contraindrait M. Chirac à une cohabitation des plus difficiles pendant au moins une année cruciale pour les échéances européennes. La Constitution interdit en effet deux dissolutions de l’Assemblée nationale à moins d’un an de distance.
M. Chirac a précisé qu’il l’utiliserait pour que «l’action politique monte en puissance pendant les cinq années qui viennent» avec une réforme en profondeur de l’Etat, l’allègement des impôts, «de nouvelles réponses au chômage», et «la nécessaire adaptation de notre protection sociale».

«Les solutions archaïques...»

Répondant aux rumeurs répandues ces derniers et aux accusations de l’opposition, le chef de l’Etat a souligné qu’il rejetait l’ultralibéralisme du «laisser faire-laisser aller», tout comme «les solutions archaïques fondées sur le toujours plus d’Etat, le toujours plus de dépenses».
Le chef du Parti socialiste (opposition), Lionel Jospin, a pris acte hier soir de la décision de M. Chirac et a estimé qu’en recourant à des élections anticipées «la droite et en premier chef, le premier ministre Alain Juppé veulent faire voter les Français avant que se confirment trois événements: l’échec aggravé de la politique économique du gouvernement, son intention de recourir à une crue d’austérité accrue et le développement des affaires le concernant».
M. Jospin avait déjà formulé les mêmes accusations dimanche soir à la télévision et avait amorcé un net virage sur la monnaie unique européenne en réclamant une renégociation des critères de convergence si le passage à l’euro doit se traduire en France «par une nouvelle cure d’austérité».
Il s’était aussi posé en rassembleur de l’ensemble de la gauche tout en laissant en suspens la question d’une présence de ministres communistes au gouvernement en cas de victoire.
Le chef du Parti communiste, Robert Hue, a lui aussi dénoncé le «tour de vis terrible qui consiste à faire rentrer la France de force dans les critères de Maastricht», en le jugeant «désastreux».
Le président du Front national (extrême droite), Jean-Marie Le Pen, a pour sa part qualifié les élections anticipées de «hold up» et d’«arnaque».
Déjà nerveux vendredi, les marchés financiers ont manifesté encore leurs craintes lundi: le franc s’est affaibli face au deutsche mark, qui est repassé au-dessus de la barre des 3,37 FF, et l’indice boursier CAC 40 a perdu près de 1% sur un marché peu animé.
Avant même l’intervention télévisée de M. Chirac, toutes les formations politiques ont accéléré fébrilement leurs préparatifs pour une campagne électorale qui sera l’une des plus courtes de l’histoire politique contemporaine française.
Le président Jacques Chirac a annoncé hier soir aux Français la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives anticipées les 25 mai et 1er juin prochains, prenant un pari à hauts risques pour le reste de son septennat.Dans une intervention à la télévision, M. Chirac a justifié sa décision en affirmant que la France avait «besoin d’un nouvel élan...