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Actualités - CHRONOLOGIE

Le premier ministre israélien reste menacé, même s'il a échappé à l'inculpation Netanyahu à la merci de la cour suprême et de sa propre majorité (photos)

Le procureur général Eliakim Rubinstein a enterré hier soir le scandale qui secouait Israël en renonçant, faute d’éléments suffisamment solides, à inculper le premier ministre Benjamin Netanyahu. Mais s’il a formellement échappé à l’inculpation, le chef du Likoud ne sera pas pour autant tiré d’affaire, puisqu’il continuera à être menacé à la fois sur les fronts juridique et politique: la Cour suprême israélienne pourrait en effet remettre en cause la décision du procureur, et le danger peut également venir de la propre majorité de M. Netanyahu.
«Nous avons décidé de fermer le dossier, faute de preuves», a déclaré le procureur général au cours d’une conférence de presse. «Il y a une suspicion d’un acte délictueux de la part de M. Netanyahu mais il n’y a pas de preuve suffisante», a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice Tzahi Hanegbi et le directeur général de la présidence du Conseil Avigdor Lieberman ne seront pas non plus inculpés, a-t-il dit en précisant que l’enquête contre M. Lieberman se poursuivait.
Le ministère public s’apprête en revanche à inculper le quatrième responsable mis en cause dans cette affaire, le parlementaire Arié Déri. «Nous avons l’intention de l’inculper mais nous voulons encore l’entendre une fois», a déclaré le procureur.
M. Netanyahu, à qui M. Rubinstein et le procureur de l’Etat, Mme Edna Arbel, ont remis leur rapport de 80 pages, s’est réjoui de la décision en affirmant qu’il n’avait «rien fait d’illégal».
Le premier ministre a reconnu, dans une adresse radiotélévisée, qu’il avait commis une «erreur de jugement» en nommant en janvier dernier un obscur avocat et militant du Likoud, Me Roni Bar-On, au poste prestigieux de procureur général.
«Il y a une grande différence entre une erreur de jugement et un acte illégal, a-t-il souligné. Malheureusement, cette affaire a été exploitée par nos adversaires politiques de la gauche, qui sont prêts à tout, même à violer les droits fondamentaux, pour essayer de délégitimiser ce gouvernement et annuler le verdict des urnes» des élections du 29 mai dernier.
M. Netanyahu a accusé les travaillistes de M. Shimon Pérès d’avoir voulu le renverser «parce que nous construisons à Har Homa (une nouvelle colonie à Jérusalem-Est), parce que nous sommes contre un Etat palestinien et contre le retrait du Golan», a-t-il dit.

Quelques doutes

Mercredi dernier, la police avait recommandé au ministère public, après trois mois d’enquête, d’inculper M. Netanyahu pour «fraude et abus de confiance». La police a également recommandé des poursuites contre le ministre de la Justice, le directeur général de la présidence du Conseil et M. Déri, chef du parti ultra-orthodoxe Shass.
La télévision avait fait éclater le scandale en janvier en affirmant que M. Déri avait fait pression sur le gouvernement pour nommer un procureur général susceptible de l’aider à se laver de vieilles accusations de corruption pour lesquelles il passe en procès. Me Bar-On avait démissionné dès le jour de sa prise de fonctions.
Cependant, M. Rubinstein a souligné à plusieurs reprises au cours de sa conférence de presse que c’était uniquement faute de preuves que M. Netanyahu n’était pas poursuivi, et cette affaire pourrait encore être exploitée par ses adversaires.
Selon M. Rubinstein en effet, le premier ministre a été formellement mis en garde contre une nomination de Me Bar-On au poste de procureur général, «ce qui pourrait soulever quelques doutes» sur l’innocence du premier ministre.
Cependant, M. Netanyahu affirme ne plus se souvenir de cette mise en garde et il est possible qu’au milieu de toutes ses occupations, il n’ait effectivement pas porté attention à cet avertissement, a déclaré le procureur.
«Les normes des hommes politiques sont différentes des normes générales et ce qui peut paraître criminel aux yeux du public ne peut pas être présenté au tribunal en l’absence de preuves irréfutables», a-t-il dit.
«Cependant, dans une société démocratique et ouverte, c’est aux institutions publiques, le Parlement et la presse, et au peuple, de juger les hommes politiques», a-t-il dit.
Le porte-parole de M. Netanyahu, M. David Bar-Illan, s’est déclaré persuadé que l’épisode serait bientôt oublié et qu’il n’aurait pas de conséquences pour le gouvernement Netanyahu.
«Cette affaire ne provoquera aucun tremblement de terre au sein du gouvernement et aucun ministre ne démissionnera», a-t-il affirmé à la radio de l’armée.

Menace sur
deux fronts

Mais même s’il a échappé hier à une inculpation, le premier ministre israélien ne sera pas tiré d’affaire pour autant, estiment les commentateurs.
M. Netanyahu sera menacé sur les fronts juridique et politique, a ainsi souligné Hanan Cristal, le commentateur politique de la radio publique. Plusieurs députés de l’opposition avaient annoncé leur intention de saisir la cour suprême si le chef du Likoud échappait à l’inculpation.
La cour suprême peut en effet remettre en cause la décision du procureur. L’ancien président de la plus haute instance judiciaire israélienne, le juge Meir Shamgar, a affirmé dans un arrêt qu’il ne fallait pas hésiter à traduire en justice des détenteurs de fonctions publiques, tels que des ministres, même en cas de preuves «limites» afin que la population «n’ait pas l’impression qu’il y a deux poids deux mesures».
Le danger peut également venir de la majorité. Deux partis de la coalition, la Troisième Voie (centriste, 4 députés) et Israël Be Alya, la formation des immigrants d’origine russe (7 députés), constituent le talon d’Achille de M. Netanyahu.
Si ces deux partis le lâchent, le gouvernement ne disposera plus de majorité au Parlement. Le chef de la Troisième Voie, le ministre de la Sécurité intérieure Avigdor Kahalani, n’avait pas exclu durant le week-end un retrait de la coalition si le rapport du procureur «faisait apparaître des faits très graves». Le dirigeant d’Israël Be Alya, Nathan Chtcharansky, a également maintenu le suspense.
Au sein du Likoud, la formation de M. Netanyahu, le ministre des Finances Dan Méridor et son collègue des Communications, Mme Limor Livnat, ont refusé de soutenir publiquement le premier ministre et pourraient, selon la radio, démissionner prochainement.Q
Le procureur général Eliakim Rubinstein a enterré hier soir le scandale qui secouait Israël en renonçant, faute d’éléments suffisamment solides, à inculper le premier ministre Benjamin Netanyahu. Mais s’il a formellement échappé à l’inculpation, le chef du Likoud ne sera pas pour autant tiré d’affaire, puisqu’il continuera à être menacé à la fois sur les...