Un nouvel incendie frappe la Mecque sans faire de victimes L'opposition accuse le pouvoir de négligence

LA MECQUE (Arabie Séoudite), 18 Avril (AFP). — Un incendie s’est déclaré jeudi sans faire de victimes à Mina au sud de La Mecque, près de la zone où un gigantesque incendie avait fait 343 morts mardi, ont indiqué des témoins.
«Les pompiers ont rapidement éteint le feu et la situation est revenue à la normale», a ajouté le témoin, sans être en mesure de préciser les raisons de ce deuxième incendie confirmé un peu plus tard par Ryad.
Quelque deux millions de pèlerins se sont retrouvés jeudi dans la vallée de Mina pour célébrer la fête du sacrifice, Aïd al-Adha, en clôture du rituel du pèlerinage à La Mecque.
Mardi 343 pèlerins, parmi lesquels un grand nombre d’Indiens, ont péri, selon le dernier bilan officiel tandis que quelque 2.000 autres ont été blessés, selon d’autres sources, dans le premier sinistre qui a dévasté des milliers de campements de pèlerins près de La Mecque.
Selon les autorités l’incendie a été provoqué par l’explosion d’une bouteille de gaz.
Le décompte par nationalité des victimes du premier incendie, un des plus meurtriers de ces vingt dernières années, n’a pas encore été rendu public.
Les corps des victimes sont «conservés à la morgue et les autorités ne s’en occuperont qu’après la fin du pèlerinage», a déclaré Raj Kumar, un employé de l’ambassade d’Inde contacté par téléphone à Djeddah (Ouest).
Le ministre séoudien de l’Intérieu, le prince Nayef ben Abdel Aziz, a cependant affirmé que «tous les services concernés déployaient des efforts intenses pour identifier les corps».
La délégation indienne estime que les «pèlerins indiens représentent plus de moitié» des 343 morts annoncés jusqu’à présent, selon M. Kumar.
Les médecins indiens font le tour des hôpitaux où ont été admis quelque 2.000 blessés, mais jusqu’à présent l’ambassade ne possède qu’une liste de «32 noms de blessés», selon M. Kumar.

Méconnaissables

«Nous n’avons pas obtenu jusqu’à jeudi soir la liste des pèlerins morts dans l’incendie ou ceux qui ont été blessés», a indiqué un diplomate à l’ambassade indienne contacté à Ryad.
«Probablement le processus d’identification des corps durera assez longtemps, un grand nombre de cadavres calcinés étant dans un très mauvais état», a ajouté le diplomate.
Le prince Nayef a expliqué que de nombreux corps étaient «méconnaissables car calcinés». Il a assuré qu’un «travail intense (était) mené en coordination avec les délégations de pèlerins pour terminer cette opération».
Des responsables indiens ont indiqué que l’Inde et l’Arabie Séoudite allaient indemniser les familles des victimes de l’incendie. «Le montant des indemnités sera calculé en fonction des règles utilisées pour les cas de catastrophes naturelles», a précisé M. Raghunath, un haut fonctionnaire du ministère indien des Affaires étrangères.
A New Delhi, la cellule d’urgence indienne avait déclaré mercredi manquer d’informations pour cause de mauvaise coordination et d’incompétence. «Nous nous retrouvons sans aide puisque les autorités de Djeddah et de La Mecque ne nous donnent pas d’informations précises», selon un responsable de la cellule.
Le Comité de défense des droits légitimes (CDDL, opposition séoudienne, basé à Londres), a affirmé qu’«il est bien évident que le régime séoudien maltraite en permanence les pèlerins et les considère comme des bestiaux et des criminels».
Le CDDL se demande «où sont passés les hélicoptères spécialement conçus pour lutter contre les incendies».
Il juge «fort probable que les gros réservoirs d’eau installés sur les collines de Mina pour fournir de l’eau aux hélicoptères, ont été démontés pour être remplacés par des palais pour les al-Séoud et leurs lâches alliés».
«Comment le pays et le peuple peuvent-ils vivre normalement et comment les lieux saints peuvent-ils être préservés alors que la mafia des al-Séoud détient le pouvoir. Le temps est venu pour que la nation les chasse», affirme cette organisation.