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Actualités - CHRONOLOGIE

CGTL v/s gouvernement : les deux camps durcissent le ton

Alors que les préparatifs pour la seconde rencontre de solidarité prévue lundi se poursuivent, la CGTL a tenu hier une réunion extraordinaire. Au programme, durcissement de ton et détermination à rejeter les ingérences du ministère du Travail dans ses affaires internes.
Exclu de la cérémonie officielle de commémoration du massacre de Cana, M. Elias Abou Rizk a fermement décidé hier, au nom de l’ensemble des membres du bureau exécutif de la centrale syndicale, de refuser l’adhésion des cinq nouvelles fédérations parrainées par le ministre Hardane et proches du chef du Législatif.
Il a aussi refusé de reconnaître les résultats des élections tronquées de dimanche dernier à Saïda ainsi que ceux des nouvelles élections au sein de la fédération des salariés et ouvriers du secteur pétrolier qui se sont déroulées en catimini jeudi et ont abouti à la désignation, comme représentants de cette fédération au sein du collège électoral, de deux personnes hostiles à la direction actuelle de la centrale syndicale.
Ainsi, le bureau exécutif refuse que ces fédérations — ou leurs réprésentants — participent au vote du 24 janvier, destiné à élire (ou à réélire) les 12 membres du bureau exécutif. Dans le communiqué qu’il a lu à l’issue de la réunion, M. Abou Rizk a déclaré que la CGTL ne reconnaissait que les 22 fédérations traditionnellement mem-bres de la centrale et seuls leurs représentants agréés seront autorisés à participer au vote. Autrement dit, les représentants de la fédération des syndicats du Sud élus dimanche à Saïda n’en font pas partie, ni ceux élus jeudi à la fédération des syndicats du secteur pétrolier.
M. Abou Rizk prive ainsi ses ennemis de 14 voix qui, ajoutées à celles des partisans de M. Antoine Béchara, leur donneraient un total de 24 voix au moins et compromettraient sérieusement la victoire du commandement actuel de la centrale.

Lutte serrée

La lutte est donc particulièrement serrée et les surprises pourraient être nombreuses. Déjà, l’agence «al-Markaziya» rapporte que certaines fédérations «flottantes» auraient pris le parti de M. Abou Rizk, estimant que la décision du ministre du Travail d’imposer l’adhésion de 5 nouvelles fédérations à coloration unique est une ingérence directe dans les affaires syndicales. Mais la surprise la plus importante des derniers jours a été la position du ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, désormais hostile à l’actuelle direction de la CGTL. Il y a quatre ans, c’était l’alliance du PSP et du PCL, entre autres, qui avait porté M. Abou Rizk à la tête de la centrale syndicale, déjouant les manœuvres du ministre du Travail de l’époque, M. Abdallah el-Amine. Le revirement de M. Joumblatt — qui s’était régulièrement fait représenter à toutes les manifestations et autres rencontres organisées par la CGTL pour protester contre la politique du gouvernement et défendre les libertés — intervient au moment où un rapprochement entre lui et le président du Conseil se précise.
Est-ce à dire que la partie est perdue pour M. Abou Rizk? Ses proches se montrent optimistes. D’ailleurs, les responsables de la CGTL ont convié les divers syndicats et ordres professionnels, notamment ceux des rédacteurs et des avocats, à assister aux élections de jeudi prochain dans le but d’avoir un maximum de témoins et de décourager éventuellement une intervention par la force du gouvernement, comme cela s’était passé à Saïda. D’ailleurs, il faudra voir, jeudi, si les forces de la CGTL chargées de la sécurité laisseront entrer les personnes rejetées par le commandement de la centrale syndicale...
En attendant cette date qui s’annonce fatidique, et alors que les deux camps durcissent le ton — puisque le candidat du pouvoir, Ghoneim Zoghbi (proche de M. Antoine Béchara), a officiellement annoncé sa candidature hier et tiendra une conférence de presse lundi —, on évoque des tentatives discrètes en vue d’aboutir à un compromis. Selon des sources loyalistes, le ministre du Travail proposerait un partage à égalité des sièges des membres du bureau exécutif (12) tout en maintenant Abou Rizk à la tête de la centrale. Mais cela signifierait la paralysie totale de celle-ci, laquelle se trouverait dans l’incapacité de prendre une décision et se contenterait de vagues déclarations de protestation, sans action concrète. C’est sans doute ce que souhaiterait le gouvernement — qui n’a pas encore oublié les nombreux sit-in de protestation et les tentatives de manifestation organisés par la CGTL au cours de ces deux dernières années —, mais M. Abou Rizk semble plutôt hostile à ce genre de compromis, préférant une épreuve de force totale au discrédit et à la paralysie.
Toujours est-il qu’après avoir vainement tenté d’amener le ministre du Travail à annuler les élections de Saïda, le secrétaire général de la Fédération internationale des travailleurs arabes, M. Hassan Jammam — qui avait fermement dénoncé les ingérences du gouvernement dans les affaires syndicales mercredi dernier — a quitté le Liban. Enverra-t-il un délégué pour assister aux élections du 24? La CGTL le souhaite vivement. Mais rien n’est encore officiel. Jusqu’à présent, la seule certitude est que le gouvernement a réussi à brouiller les cartes plaçant la lutte au sein même de la centrale syndicale et faisant planer sur elle le menace d’une scission. Hier encore, le nouveau président de la fédération des ouvriers du secteur pétrolier rejeté par M. Abou Rizk, M. Georges Abou Haïdar, a publié un communiqué demandant au chef de la centrale syndicale de cesser d’utiliser celle-ci «pour ses ambitions personnelles» et annonçant son appui «au candidat de l’unité, M. Ghoneim Zoghbi».
Drôle d’unité...

S.H.
Alors que les préparatifs pour la seconde rencontre de solidarité prévue lundi se poursuivent, la CGTL a tenu hier une réunion extraordinaire. Au programme, durcissement de ton et détermination à rejeter les ingérences du ministère du Travail dans ses affaires internes.Exclu de la cérémonie officielle de commémoration du massacre de Cana, M. Elias Abou Rizk a fermement...