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Actualités - CHRONOLOGIE

Les terribles errements d'une enquête

BRUXELLES, 16 Avril (Reuter). — «Affligeant», «chaotique»: les termes utilisés par la commission parlementaire belge pour qualifier les enquêtes sur les enfants victimes de pédophiles résument les errements des policiers et des magistrats.
Mais il y manque sans aucun doute celui de «tragique», puisque les 15 commissaires ne font pas mystère de leur conviction dans le rapport remis au Parlement.
«Si les bonnes décisions avaient été prises en 1995, les enfants auraient sans doute été retrouvées, peut-être vivantes», peut-on lire dans ce document, à propos des petites Julie et Mélissa, dont les corps ont été retrouvés en août dernier enterrés dans le jardin du pédophile Marc Dutroux.
«La chronique du déroulement de cette enquête est la chronique d’un échec annoncé», précisent les 15 commissaires.
Tous les indices menaient les enquêteurs aux caches de ces petites filles séquestrées et violées pendant des mois avant de trouver la mort dans des circonstances toujours obscures.
Mars Dutroux, libéré en 1992 après avoir purgé la moitié de sa peine après une lourde condamnation pour de graves faits de pédophilie, était surveillé de près par la gendarmerie.
Des informateurs affirment alors qu’il aménage des caches dans ses caves pour y séquestrer des enfants, sa propre mère dénonce la perversité de son fils et l’homme s’est livré en 1995 à des attouchements sexuels sur des petites filles qui auraient déjà dû entraîner la révocation de sa libération conditionnelle.
Des perquisitions sont menées à son domicile au moment où les deux petites filles y sont enfermées, mais les cris d’enfants entendus par les gendarmes ne les inquiètent pas.
Les enquêteurs emportent avec eux divers objets — un spéculum et de la crème vaginale — mais leur nature ne semble pas perturber des gendarmes décidément bien peu perspicaces.
Si les magistrats instructeurs ne paraissent pas plus lucides que les policiers, c’est pour l’essentiel qu’ils sont privés par la gendarmerie d’une information cruciale.

Tous les éléments

Engagée dans une guerre avec la Police judiciaire, la gendarmerie espère en effet redorer son blason en trouvant seule le responsable des enlèvements de Julie et Mélissa et ne dit pas aux magistrats que son suspect numéro un est Marc Dutroux.
Les enquêtes se déroulent donc sans réelles directives des magistrats instructeurs et les supérieurs hiérarchiques des gendarmes ne mettent pas bon ordre dans l’enquête.
«L’observation (...) a été d’une qualité franchement affligeante. L’organisation des perquisitions a été chaotique (...) et l’inventoriage et le traitement des pièces emportées ont été médiocres. La hiérarchie le savait et n’a pas agi», lit-on dans le rapport.
Si la commission est moins dure sur la manière dont l’enquête a été menée sur la disparition d’An et Eefje, dont les corps ont été retrouvés en septembre dernier à un autre domicile de Marc Dutroux, elle est encore plus féroce pour la façon dont a été recherchée la petite Loubna Benaïssa.
Le corps de cette petite fille d’origine marocaine a été retrouvé en février dernier à un jet de pierre du lieu de sa disparition en 1992, dans la cave d’un autre pédophile déjà lourdement condamné, Patrick Derochette.
Plus encore que dans le cas de Dutroux, tous les éléments devaient mener les enquêteurs à ce garagiste libéré de tout contrôle en 1984 sans avoir purgé de peine de prison, notamment les cris d’enfant entendus par une voisine.
Ils ont d’ailleurs fouillé la cave du suspect et interrogé Patrick Derochette, mais avec un tel amateurisme que le coffre métallique dans lequel le corps est resté pendant quatre ans n’a pas été ouvert et que son alibi bancal n’a pas été vérifié.
«Des chiens pisteurs n’ont pas été utilisés, ils étaient paraît-il en vacances», a déclaré devant le Parlement belge Bathalie t’Serclaes, l’un des rapporteurs de la commission. «Il vaut mieux ne pas se faire enlever pendant les vacances».
BRUXELLES, 16 Avril (Reuter). — «Affligeant», «chaotique»: les termes utilisés par la commission parlementaire belge pour qualifier les enquêtes sur les enfants victimes de pédophiles résument les errements des policiers et des magistrats.Mais il y manque sans aucun doute celui de «tragique», puisque les 15 commissaires ne font pas mystère de leur conviction dans le rapport remis au...