Les cinq «ateliers» qui ont eu à plancher pendant trois jours sur le défi que représentent les autoroutes de l’information pour la région arabo-méditerranéo-francophone ont remis leurs copies comme convenu, à 17h hier.
l M. Abdel Moneem Youssef, qui a dirigé le premier «atelier» sur les «réseaux et technologies», a énuméré une dizaine de recommandations: «Adopter des résolutions de l’Union internationale des télécommunications sur le droit d’accès aux moyens de communication; coopérer avec le pouvoir politique, les organisations gouvernementales, non gouvernementales et privées favorisant le développement des services ou des infrastructures d’information et de communication; promouvoir l’essor des réseaux à but non lucratif, en particulier dans les universités; renforcer la coopération Nord-Sud et Sud-Sud; harmoniser les standards au niveau régional; encourager les travaux de recherche sur la navigation et la manipulation de contenu en langue locale; soutenir des projets d’intérêt pédagogique; organiser les services dans le but d’optimiser l’utilisation des inforoutes; stimuler l’échange d’expertises entre pays francophones en matière de réglementation et de réforme des télécoms».
l Pour le deuxième «atelier» portant sur les «contenus», c’est Mme Geneviève Guicheney (Conseil supérieur français de l’audiovisuel) qui a donné lecture des conclusions. «En matière d’inforoutes, il faut de l’ambition, a-t-elle dit, car, comme disait Régis Debray: «Il est temps de donner à nos outils télématiques non seulement une dignité culturelle, mais un certain prestige mythique, si l’on veut que tout un chacun ait envie de se les approprier. Ainsi transforme-t-on un gadget utilitaire en instrument de civilisation». Les résolutions se rapportent essentiellement à la «primauté des contenus, surtout culturels et éducatifs. Il y va du respect de la liberté et du pluralisme»; au «respect du multilinguisme dans un espace francophone»; et «à la mise au point d’une charte qui permettra de définir les caractéristiques communes des projets dans une approche culturelle méditerranéenne et francophone».
l M. Bruno Lasserre (ancien directeur général des P & T françaises) a rendu publiques les conclusions du troisième «atelier», «Règles», dont il présidait les travaux. «Il n’y a pas de société d’information sans règle du jeu, a-t-il dit. Deux versants: il faut, d’abord, un cadre réglementaire clair pour organiser l’avenir de ce grand secteur de l’économie et encourager l’investissement. En effet, le secteur de la Méditerranée aurait besoin de 15 milliards d’écus d’investissement dans ce domaine. Il est important de privilégier les contenus dans l’espace francophone et notamment ceux relevant du service universel (éducation, culture, santé et information scientifique)».
l Pour le quatrième «atelier» dont les débats ont porté sur les «modes de paiement et de transaction» , c’est Alain Caristan de l’Institut national français de recherche en informatique qui a pris la parole. «Notre «atelier» s’est attaché à souligner la relative faiblesse des législations des divers pays car les pouvoirs publics auront toujours du mal à suivre le rythme des développements». Il a relevé que les systèmes de paiement actuels connaissent encore des failles. «La description de l’action communautaire européenne avec ses prolongements sur le bassin méditerranéen a permis d’imaginer et d’espérer des actions concrètes dans le domaine des technologies du commerce et des produits financiers». Il a conclu en indiquant que «l’espace francophone auquel participerait la CEE devra servir de lien transversal pour transformer le système mondial d’Internet en système global d’où ne seraient plus exclus les pays en vie de développement».
l Ghassan Assi, directeur général des équipements au ministère des P & T, a donné pour sa part lecture des conclusions du cinquième et dernier «atelier» qui avait traité des «aspects humains». «Des actions spécifiques doivent être menées pour assurer la présence de toutes les langues et de toutes les cultures sur les nouveaux réseaux de communication». D’où quelques recommandations qui sont axées toutes sur la nécessité d’associer les pays du Sud à toute normalisation. «Un certain nombre de normes à l’étude peuvent avoir des conséquences culturelles importantes. La francophonie devrait promouvoir la présence d’experts francophones du Sud dans le groupes qui s’occupent de normalisation».
Marwan Hamadé a ensuite souligné que «les nouveaux pouvoirs pressentis au début de cette dernière décennie se profilent nettement à l’approche du XXIe siècle. Ce qui différencie l’Amérique impériale de l’ex-Kazakhstan, ce n’est pas la possession de l’arme nucléaire — tous les deux en disposent —, c’est tout simplement la possibilité presqu’illimitée de manipuler les idées, les images, les données, l’information ou les connaissances. A l’impérialisme militaire puis économique, succède désormais l’impérialisme du savoir et de la communication».
Khatchig Babikian a pour sa part rappelé le rôle fondateur du Liban dans la francophonie et la place qu’il continue à y occcuper.
Leila Rizk a évoqué l’importance du monde universitaire dans le défi des autoroutes de l’information. «Le rêve serait que le politique cède la place à l’universitaire qui est le plus apte à relever le défi, à mener la réflexion. Quant le monde universitaire décide de dialoguer, il enrichit et s’enrichit».
Aline GEMAYEL
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