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Actualités - CHRONOLOGIE

Bonn veut éviter une escalade avec Teheran (photo)

BONN, 11 Avril (AFP). — L’Allemagne s’est montrée soucieuse vendredi d’éviter toute escalade avec Téhéran, laissant transparaître qu’elle avait suspendu à regret le «dialogue critique» que le chef de la diplomatie, Klaus Kinkel, défendait pour des raisons encore une fois exposées par son porte-parole.
Après la mise en cause, jeudi par un tribunal de Berlin, du «plus haut sommet» de la République islamique dans l’assassinat d’opposants kurdes iraniens à Berlin en 1992, l’Allemagne a rappelé son ambassadeur à Téhéran, Horst Baechmann, rentré vendredi à Bonn, et ordonné l’expulsion de quatre diplomates iraniens considérés comme des agents des services secrets. Comme il est de tradition dans ce genre d’affaire, Téhéran a pris des mesures similaires.
Premier partenaire commercial de l’Iran, Bonn s’est montré désireux d’éviter toute escalade: ainsi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Martin Erdmann, a prudemment refusé de dire si d’autres mesures seront prises contre l’Iran et estimé «impossible à prévoir» la durée du gel du «dialogue critique», lors d’une conférence de presse.
«Il n’est pas dans notre intérêt de jeter de l’huile sur le feu dans la situation présente», a-t-il souligné, rappelant que le gouvernement fédéral avait une «responsabilité» vis-à-vis des quelque 530 ressortissants allemands encore en Iran.
Illustrant le malaise diplomatique, pas un ministre ne s’est exprimé publiquement sur la nouvelle donne germano-iranienne en dehors d’un communiqué publié jeudi par les Affaires étrangères au nom du gouvernement. Ainsi, M. Kinkel, chaud partisan du «dialogue critique», brillait vendredi par son silence.
Certes, M. Erdmann, son porte-parole, a souligné la «démonstration de solidarité» de l’Union européenne, qui a demandé jeudi à ses membres de rappeler leurs ambassadeurs à Téhéran, mais s’est immédiatement attaché à justifier le «dialogue critique».
Celui-ci a notamment permis, a-t-il rappelé, de régler des «questions délicates» comme celle des otages occidentaux au Liban et d’obtenir la grâce pour un ingénieur allemand condamné à mort en Iran. M. Erdmann a également estimé que, par le biais du «dialogue critique», l’Iran avait adopté la convention internationale sur les armes chimiques, approuvé la prolongation de l’accord de non-prolifération de ces armes et, en outre, donné une assurance verbale de ne pas envoyer de commandos de tueurs pour abattre l’écrivain britannique Salman Rushdie.

L’Iran nie en bloc

Plongé dans une tempête diplomatique après les accusations du tribunal de Berlin, l’Iran a de son côté réfuté en bloc toutes les critiques et promis des jours difficiles pour les intérêts allemands sur son territoire.
Près de deux mille manifestants fondamentalistes ont défilé vendredi devant l’ambassade d’Allemagne à Téhéran, transformée en camp retranché, proférant des menaces d’attaques-suicide ou de prises d’otages.
Le président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani est monté personnellement au créneau pour dénoncer le verdict «politique» et «scandaleux» de la justice allemande. Faisant flèche de tout bois, le président iranien a accusé le gouvernement allemand d’avoir utilisé ce procès à des fins «électoralistes», et affirmé que les Etats-Unis et Israël s’en servaient pour «camoufler l’échec du processus de paix au Moyen-Orient».
Alors que les ambassadeurs de l’Union européenne sont rappelés dans leurs capitales et que les critiques pleuvent sur Téhéran dans le monde occidental, M. Rafsandjani a ironisé sur le précédent rappel en masse de diplomates en 1989, après la fatwa condamnant Salman Rushdie.
Les ambassadeurs européens ont à l’époque dû revenir «humblement et en présentant des excuses», a-t-il dit.
Manifestement en verve, le président iranien a estimé que cette crise allait raffermir le régime, et a comparé l’Europe à «une coquette de 60 ans qui chercherait encore à aguicher».
Le ministre des Renseignements, l’hodjatoleslam Ali Fallahian, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la justice allemande, a eu droit à des égards particuliers en assistant au premier rang du public au discours de M. Rafsandjani, prononcé lors de la prière du vendredi à l’université de Téhéran.
L’Allemagne, quant à elle, malgré «un siècle de relations brillantes» avec l’Iran, va voir ses intérêts «s’affaiblir», a prédit M. Rafsandjani. Le verdict, selon lui, «a brisé le cœur de millions d’Iraniens, et l’Allemagne va en souffrir».
Il a toutefois affirmé que les Allemands ne «perdraient pas tout» et a exclu une «rupture totale».
Téhéran a une fois de plus envoyé depuis la rue des signaux contradictoires en direction de l’Allemagne avec une manifestation aux slogans menaçants et provocateurs, mais contenue par un imposant dispositif d’unités des Gardiens de la révolution (Pasdaran) à la discipline irréprochable.
«Si le complot allemand continue, on s’attachera des bombes sur le corps et on se jettera contre l’ambassade», ont crié les manifestants. Ils ont qualifié également la mission diplomatique allemande de «deuxième nid d’espions», allusion à l’ambassade des Etats-Unis prise en otage 444 jours en 1979-80 au plus fort de la révolution islamique.
BONN, 11 Avril (AFP). — L’Allemagne s’est montrée soucieuse vendredi d’éviter toute escalade avec Téhéran, laissant transparaître qu’elle avait suspendu à regret le «dialogue critique» que le chef de la diplomatie, Klaus Kinkel, défendait pour des raisons encore une fois exposées par son porte-parole.Après la mise en cause, jeudi par un tribunal de Berlin, du...