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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

La famille d'Oumayya Abboud réclame sa remise en liberté Wakim : les complices de Lahd sont derrière l'affaire japonaise (photo)

C’est pratiquement en désespoir de cause et parce que, depuis quelque temps, les responsables refusent de les entendre, que les proches d’Oumayya Abboud se sont décidés à tenir une conférence de presse.
Dans la grande salle du siège du bâtiment du syndicat de la presse, la tante d’Oumayya, Mme Antoinette Abboud (qui remplace sa mère qui est cardiaque), entourée de MM. Najah Wakim et de Mohamed Baalbacki ainsi que de Me Hani Sleimane, a rappelé les tristes conditions de détention de sa nièce, arrêtée le 15 février dernier, à l’insu des autorités compétentes, notamment le procureur général de la République.
D’une voix rendue chevrotante par l’émotion, Mme Abboud a lu un communiqué préparé d’avance en présence d’une importante délégation de la famille, venue en signe de solidarité. Mais les questions des journalistes étaient surtout adressées à M. Wakim. Et malgré les tentatives répétées du président du syndicat de la presse pour maintenir l’affaire dans un contexte purement juridique, le député frondeur a lancé des accusations graves, dénonçant ce qu’il a appelé une complicité entre les responsables actuels et le chef de l’ALS, le général Lahd. Car M. Wakim est convaincu que l’arrestation puis le maintien en prison d’Oumayya Abboud n’ont qu’une seule raison: punir cette famille connue pour ses positions nationalistes et pour les grands sacrifices qu’elle a consentis en faveur de la libération du Sud. M. Baalbacki a d’ailleurs rappelé, en présentant la conférence, que Loula Abboud, la cousine d’Oumayya, était morte au cours d’une opération suicide contre les soldats israéliens et l’ALS en 1986 et que l’autre cousine de l’inculpée, Souha Béchara, est actuellement détenue par l’ALS pour avoir tenté d’assassiner le général Lahd.

Arrêtée dans la foulée de la capture des membres présumés de l’Armée rouge, Oumayya Abboud est d’abord restée 21 jours dans un étroit cachot sans que nul ne revendique son arrestation. Elle a été ensuite déférée devant le juge sous l’inculpation de complicité dans la falsification de passeports et de permis de séjour. Mais dans l’acte d’accusation publié la semaine dernière, elle a été innocentée de ces charges et seul l’exercice illicite de la médecine a été retenu contre elle. Or, selon M. Wakim, l’acupuncture est plus proche de la physiothérapie que de la médecine et par conséquent, celui qui la pratique ne passe pas le colloquium et n’a pas besoin d’obtenir un permis spécial de l’Ordre des médecins. D’ailleurs, il existe plusieurs cliniques d’acupuncture dans le pays et leurs locataires ne sont nullement inquiétés. «Si nous le savons, les juges et les responsables doivent aussi le savoir. Par conséquent, son arrestation est totalement illégale», a déclaré M. Wakim, qui a ajouté que si «Souha Béchara n’était pas emprisonnée au Sud, elle serait probablement arrêtée ici pour port illégal d’armes...».
Le député a aussi soulevé la question des 3 Japonais arrêtés puis libérés. «Ils étaient au départ huit, ils ne sont plus que 5. Que sont devenus les 3 autres?, s’est demandé M. Wakim. Si, comme l’ont dit certains magistrats, ils étaient des espions pour le compte des autorités nippones, comment ont-ils été libérés sans être inquiétés? L’espionnage est en principe un crime. Or, dans le Liban d’aujourd’hui, l’espion n’est plus inquiété, alors que celui qui lutte pour les grandes causes arabes se retrouve en prison». M. Wakim a précisé que les autorités savaient que les membres de l’Armée rouge étaient installés au Liban depuis 15 ans et circulaient grâce à de faux passeports. «Pourquoi ont-elles décidé de les arrêter maintenant si ce n’est pour les livrer dans le cadre d’un bazar politique?».

«Un bazar
honteux…»

Pour M. Wakim, c’est clair, il s’agit d’un scandale «milicien», puisque les autorités se sont, selon lui, comportées comme des milices. Et il s’est demandé comment les autorités nippones étaient au courant de l’arrestation avant le chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur et le procureur Addoum. «Le responsable qui a donné l’ordre de l’arrestation s’est comporté comme un informateur secret à la solde des Japonais». Tout en se promettant de le nommer lors du procès, M. Wakim a refusé de donner plus de détails pour l’instant, se contentant de rappeler que «juste après l’annonce de l’arrestation des 5 membres de l’Armée rouge, le premier commentaire est venu de l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Jones, qui s’était empressé d’applaudir à cette initiative, alors que, deux jours auparavant, il avait déclaré que les soldats israéliens morts dans l’accident d’hélicoptère étaient en train d’accomplir leur devoir…».

A la question de savoir si les autorités n’avaient pas arrêté puis emprisonné les 5 japonais dans le but de les protéger d’une éventuelle demande d’extradition de la part du Japon, M. Wakim a répondu: «Un Etat qui ne peut protéger les citoyens qu’en les emprisonnant est dans un bien triste état. D’ailleurs, être membre de l’Armée rouge n’est pas un crime aux yeux de la loi libanaise et il n’y a pas encore eu une demande officielle d’extradition. Ce qui montre bien qu’il s’agit d’un bazar honteux...».

De son côté, M. Baalbacki a voulu ramener le problème au seul cas d’Oumayya Abboud. Il s’est ainsi demandé qui est responsable de son arrestation pendant 21 jours avant que le procureur n’en ait été officiellement informé et quelles mesures ont été prises contre ce responsable. Enfin, il a réclamé la séparation entre l’affaire d’Oumayya et celle des 5 Japonais. Selon lui, la charge d’exercice illicite de la médecine peut être rapidement réfutée, puisque l’acupuncture est considérée comme de la physiothérapie. Dans ce cas, la jeune femme devrait être remise en liberté au lieu d’attendre la fin d’un procès dans lequel elle n’est pas impliquée...

Selon Me Hani Sleimane, le procès en question devrait s’ouvrir dans une dizaine de jours devant la cour d’assises de Beyrouth et il s’annonce particulièrement animé. Car si les autorités tiennent à ne parler que d’une vulgaire affaire de falsification, les multiples avocats — dont M. Wakim — qui se sont portés volontaires pour défendre les inculpés comptent ouvrir un débat politique, rappelant ce que les Libanais nationalistes et les Arabes en général doivent à ces 5 hommes «qui se sont sacrifiés pour la cause palestinienne...». Et l’issue si génialement trouvée pour rattraper l’erreur de l’arrestation et sauver la face des autorités vis-à-vis du Japon pourrait bien se transformer en une bombe interne aux dégâts immenses...

S.H.
C’est pratiquement en désespoir de cause et parce que, depuis quelque temps, les responsables refusent de les entendre, que les proches d’Oumayya Abboud se sont décidés à tenir une conférence de presse.Dans la grande salle du siège du bâtiment du syndicat de la presse, la tante d’Oumayya, Mme Antoinette Abboud (qui remplace sa mère qui est cardiaque), entourée de MM....