WASHINGTON, 28 Mars (AFP). – Le vidéodisque numérique (DVD) se lance à l’assaut du marché nord-américain et son énorme potentiel de consommateurs, avec l’introduction simultanée de lecteurs de DVD de groupes japonais et de 23 films des studios Warner Bros réédités sur ce support.
Ces disques multimédia, d’une capacité au moins sept fois supérieure à celle des CD, vont révolutionner l’industrie du cinéma, des jeux et de l’informatique, affirment leurs promoteurs.
Sur un seul DVD tiennent les versions en plusieurs langues d’un film, voire des éditions pour des formats différents (écran large ou vignettes par exemple). Il est possible d’y loger des logiciels qui prennent plusieurs CD-ROM. Les experts envisagent toute une nouvelle génération de jeux électroniques en trois dimensions.
Les groupes d’électronique grand public, eux, comptent sur les DVD pour relancer une croissance essoufflée.

Choix
limités

L’avenir des vidéodisques numériques, relèvent les analystes, dépendra pour beaucoup de leur succès sur le marché-clef de l’Amérique du Nord, riche en amateurs d’électronique, qui avait boudé les cassettes numériques DAT et les mini-disques.
Cette semaine a vu «le premier lancement sur le marché de masse» aux Etats-Unis, après plusieurs mois d’échauffement au Japon, a souligné un porte-parole de l’association américaine de l’industrie électronique (EIA), Cynthia Upson.
Best Buy, la plus grosse chaîne américaine de grandes surfaces de l’électronique, propose depuis le 25 mars les lecteurs de DVD de Toshiba, Panasonic et Pioneer, à des prix compris entre 549 et 999 dollars.
Best Buy veut marquer l’essai dans cinq grandes villes, Los Angeles, San Francisco, Dallas, Washington et Chicago, avant de le transformer le 1er mai dans les 272 magasins du pays, a indiqué le directeur marketing de la chaîne, Phil Schoonover.
M. Schoonover s’attend à des débuts assez lents, à cause «du peu de choix de titres édités (sur DVD) pour le moment». Seuls les studios de cinéma Warner Bros se sont engagés sur un calendrier précis et ils introduisent mardi une réédition numérique de 23 films à succès.
Des magasins de location de vidéos proposent ainsi à travers le pays des titres comme «Batman», «Bladerunner», «Bonnie and Clyde», «The Exorciste» ou «The Wizzard of Oz.» Pour 24,99 dollars, il est possible de louer pour deux nuits un lecteur de DVD de Toshiba.
Le groupe japonais Sony – et ses studios Columbia et Tristar – va attendre la fin du mois d’avril afin de publier une première série de films parallèlement à l’introduction de son lecteur de DVD, a confirmé un porte-parole de la filiale américaine à New York.

Hollywood
rassuré

Les ventes de lecteurs de DVD devraient s’accélérer à mesure que les studios et éditeurs de logiciels enrichiront leur catalogue, pour devenir «significatives au début de l’automne», a estimé M. Schoonover.
Sony, le plus prudent des groupes électroniques, prévoit que le marché nord-américain absorbera 500.000 unités la première année. Le plus enthousiaste, Toshiba, table sur un total de plus d’un million de lecteurs de DVD.
Plus de 40 millions de consommateurs américains se déclarent prêts à acquérir une telle machine «dans les années à venir», selon un sondage récent de l’EIA. «Nous sommes très optimistes, à cause du large soutien» dont dispose cette technologie parmi les industriels, a remarqué le porte-parole.
Soucieux de ne pas s’enliser de nouveau dans une guerre des standards, éditeurs de logiciels, constructeurs informatiques, groupes électroniques et les studios de cinéma se sont entendus en septembre sur des normes communes.
Les lecteurs de DVD, compatibles avec les téléviseurs comme avec les ordinateurs, sont capables de lire les CD-audio et les CD-ROM, ce qui ne contraint pas les consommateurs à abandonner leur réserve de logiciels ou de musique.
Les studios de Hollywood, qui traînaient des pieds par crainte de piratage, se disent rassurés par l’adoption d’une technologie de cryptage.
Quant à l’industrie informatique, elle lorgne sur les énormes possibilités de stockage qu’offrent les DVD. En l’an 2000, les ventes de lecteurs de DVD-ROM dépasseront celles de CD-ROM, assure le cabinet marketing International Data Corp.