Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

La caste politique perplexe après la dernière philippique de Joumblatt

Dans son inimitable style polémique, qui lui permet d’attaquer très fort après une habile préparation d’artillerie consistant en une «franche autocritique», M. Walid Joumblatt a refait irruption avec éclat sur la scène politique locale durant le week-end écoulé. Prenant pour axe les carrières, il a affirmé qu’il n’y a pas d’Etat et que l’on est dans une ère de mensonge pur, sous la coupe de «requins de la finance... dont je fais moi-même partie» (!).
Il a annoncé qu’il est disposé à fermer sur-le-champ une carrière dont il est copropriétaire avec l’un de ses lieutenants-députés du PSP Alaeddine Terro, dans l’Iqlim el-Kharroub. Et il a proposé qu’on renonce au plan visant en pratique à déplacer les carrières pour importer de la pierre de Chypre ou de Syrie. La dernière éruption du volcan joumblattien remonte à la phase de l’entre-deux gouvernements, durant le dernier automne, quand il avait tiré à boulets rouges sur les options socio-économiques du pouvoir, tout en précisant qu’il ne serait pas un opposant permanent si on s’entendait avec lui dans le cadre de la formation du nouveau Cabinet. De fait, une fois le gouvernement formé, le leader du PSP a choisi de ne plus se manifester ni en mal si l’on peut dire ni en bien, comme cela se produisait sous le précédent gouvernement Hariri qu’il lui arrivait de défendre... Une fois de plus, M. Joumblatt a indéniablement réussi à provoquer un puissant effet de surprise car personne dans le mircrocosme politique local ne s’attendait à le voir s’élancer brusquement dans une aussi virulente campagne anti-pouvoir. On pensait généralement que les choses s’étaient gentiment arrangées entre lui et M. Rafic Hariri qui en réalité s’était montré de très bonne composition avec le leader druze à l’occasion des dernières législatives. Non seulement M. Hariri avait en effet imposé à tout le pays une loi électorale discriminatoire favorisant uniquement M. Joumblatt en disloquant en six la circonscription du Mont-Liban, mais il avait aussi, de l’aveu même de ce dernier, participé pour 500.000 dollars à ses frais de campagne électorale.
Reprenant un peu à sa manière la tactique de M. Nabih Berry qui lui aussi, s’est accusé pour mieux charger les autres (au sujet des concussions couvertes par la troïka et du partage de l’horizon audiovisuel), M. Joumblatt a prié «les autres» de passer comme lui-même aux aveux. Ce qui laisse rêveur...
«Mais pourquoi, se demande un officiel, M. Joumblatt, qui est après tout (ou avant tout, au choix) membre du Cabinet, n’a-t-il pas réservé la primeur de ses critiques au Conseil des ministres, comme le veut la plus élémentaire des règles politiques sinon déontologiques?... Pourquoi cette fuite systématique en avant par le biais des médias quand il y a des problèmes à débattre et pourquoi, s’il est tellement persuadé qu’il y a scandale, ne saisit-il pas le Parquet?...».
La réponse des joumblattistes est tout à fait décourageante: «Il est inutile, affirme l’un d’eux, d’attendre quoi que cela soit du Conseil des ministres. Il vaut mieux en appeler tout de suite à l’opinion publique qui doit du reste être informée... M. Joumblatt n’a visé personne en particulier. Il tire en quelque sorte les conséquences des dernières zizanies entre présidents, des allégations propagées ici ou là sur des scandales financiers, des extorsions de fonds et s’appuie sur les dénonciations de M. Omar Karamé relatives à la dilapidation des avoirs publics ainsi que sur l’appui prodigué par le chef de l’Etat lui-même à l’idée de la formation d’une commission d’enquête parlementaire... ce n’est pas la première fois que le leader du PSP fustige la corruption et il faudrait que le Parquet se décide à ouvrir les dossiers...».
Des explications qui ne satisfont pas les loyalistes.
«Comment, s’exclame l’un d’eux, un ministre aussi important que M. Joumblatt peut affirmer qu’il n’y a pas d’Etat et que l’on vit à l’ombre du mensonge, sans présenter aussitôt sa démission? Et puis, au lieu de promettre la fermeture de sa propre entreprise, n’aurait-il pas été mieux avisé d’annoncer que c’est chose déjà faite?... Qu’est-ce qu’il veut, détruire les résultats du forum international qui, à Washington, s’est engagé à nous soutenir pour près de 3 milliards de dollars?».
Mais bien entendu, l’opposition, tous courants confondus, se frotte les mains: «Voilà, après la trêve sur le front de la troïka, la relève assurée côté querelles intestines, au sein d’un pouvoir sans réelle identité et sans véritable projet», affirme un ancien responsable qui regrette toutefois que «les intéressés ne se montrent pas conséquents avec eux-mêmes et ne démissionnent pas. Ce qui fait qu’on se demande ce qu’en réalité chaque «attaquant», M. Berry ou M. Joumblatt par exemple, veut obtenir à travers les pressions qu’il développe... A moins que cela soit simplement l’histoire des Japonais qui ait agacé le leader du PSP», conclut cette source.

Ph.A.-A.
Dans son inimitable style polémique, qui lui permet d’attaquer très fort après une habile préparation d’artillerie consistant en une «franche autocritique», M. Walid Joumblatt a refait irruption avec éclat sur la scène politique locale durant le week-end écoulé. Prenant pour axe les carrières, il a affirmé qu’il n’y a pas d’Etat et que l’on est dans une ère de...