«Je suis sidérée! J’ai l’impression de vivre un rêve, un rêve français!» s’est écriée, radieuse et dans un anglais impeccable, la jeune actrice en recevant la précieuse statuette en or la récompensant pour le meilleur second rôle féminin.
Binoche, troisième actrice française à être distinguée à Hollywood depuis Claudette Colbert et la grande Simone Signoret, avait déjà été primée au Festival de Berlin.
«Le Patient anglais», tourné à la fois dans le grand sud-tunisien et en Toscane, obtient notamment l’Oscar du meilleur film et celui du meilleur réalisateur. Adapté d’un roman du Canadien Michael Ondaatje, il est produit par le studio indépendant Miramax.
L’Oscar du meilleur acteur a été décerné à Geoffrey Rush, pour son rôle de pianiste australien prodige dans «Shine». Celui de meilleure actrice est revenu à l’Américaine Frances McDormand, qui incarne une très attachante femme policier, enceinte et flegmatique, dans «Fargo», film macabre tourné dans les neiges du Dakota du Sud et du Minnesota.
McDormand, avec son inimitable accent traînant du Sud des Etats-Unis, était en compétition avec la Britannique Brenda Blethyn («Secrets and Lies», sacrée meilleure actrice à Cannes en 1996), Diana Keaton («Marvin’s Room»), Kristin Scott Thomas, époustouflante de beauté dans («Le Patient anglais») et Emily Watson («Breaking the Waves»).
Rush a battu Tom Cruise («Jerry Maguire»), Ralph Fiennes, très séduisant dans l’omniprésent «Patient anglais», Woody Harrelson, le héros de «Larry Flint» et Billy Bob Thornton («Sling Blade»).
L’hommage de Binoche à Bacall
Le film d’Anthony Minghella remporte neuf Oscars au 69e gala annuel de l’Académie du cinéma américain – meilleure direction artistique, meilleur second rôle féminin, meilleurs costumes, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur son, meilleur montage, meilleure musique et meilleures prises de vues.
La nuit des Oscars 1997 a été un triomphe pour les studios indépendants, dont les films ont raflé sept des huit plus importantes récompenses, et une déroute pour les «majors».
L’unique grand studio récompensé est en fin de compte TriStar, avec Cuba Gooding Jr comme meilleur second rôle masculin dans «Jerry Maguire» où il incarne un footballeur professionnel dont l’agent est Tom Cruise.
En montant sur l’estrade, Juliette Binoche a tenu à rendre hommage à Lauren Bacall, jamais primée à Hollywood. L’ancienne compagne de Humphrey Bogart était cette année la grande favorite pour l’Oscar du meilleur second rôle.
«C’est vrai, je n’ai rien préparé. Je pensais que Lauren allait l’avoir, elle le mérite!», s’est exclamée l’actrice française avec beaucoup de sincérité et de naturel.
Quant à la sulfureuse Madonna et, à défaut de recevoir une statuette en or, elle a chanté, très applaudie, sa chanson-fétiche «You Must Love Me» tirée du film «Evita», qui a reçu l’Oscar de la meilleure chanson.
Dans la salle du Shrine de Los Angeles, deux personnalités ont aussi été très applaudies – Larry Flint, le très provocateur éditeur-pornographe dont un film vient d’être tiré de ses démêlés judiciaires aux Etats-Unis. Paraplégique, il était venu à la cérémonie dans sa chaise roulante en or; et l’ancien champion de boxe Mohammed Ali.
La délégation française a, toutefois, été déçue de l’échec du film de Patrice Leconte, «Ridicule», sélectionné dans la catégorie de meilleur film étranger.
L’Oscar étranger est finalement revenu à «Kolya», un film tchèque à forte connotation politique.
La cérémonie, présentée cette année par le comédien américain Billy Crystal, était diffusée à travers le monde pour une audience estimée à un milliard de téléspectateurs.
Le défilé des stars avait commencé dès le milieu de l’après-midi à Los Angeles. Les hélicoptères des chaînes de télévision survolaient le tapis rouge au bord duquel un millier de «fans», certains campant là depuis quarante-huit heures, acclamaient leurs idoles.
Les films en compétition cette année étaient surtout des productions indépendantes avec des acteurs souvent peu connus. Un point qu’a souligné sur un ton humoristique Billy Crystal dans son monologue d’ouverture en disant que certains avaient dû montrer leur papier d’identité pour être admis.
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