GENEVE, 20 Mars (AFP). – L’Organisation mondiale de la santé a annoncé une percée dans la lutte contre la tuberculose qui devrait permettre de sauver dix millions de vies dans les dix prochaines années.
Ce traitement, connu sous son acronyme anglais de DOTS (traitement de brève durée sous surveillance directe), a pratiquement stoppé la progression du véritable fléau mondial que représente la tuberculose, notamment dans les pays en développement, a dit l’OMS.
Le DOTS est une stratégie qui associe une chimiothérapie puissante de quatre médicaments pendant six à huit mois avec une surveillance médicale permettant de s’assurer que les malades prennent bien chacune de leurs doses.
Le principal obstacle à la lutte contre la tuberculose qui contamine plus de 7 millions de nouvelles personnes par an dans le monde est que les malades interrompent leur traitement après des progrès initiaux, dit l’OMS. Ce comportement provoque l’apparition de souches du bacille résistantes à la chimiothérapie et assure une propagation supplémentaire de la maladie.
«La stratégie DOTS constitue la percée la plus importante que la décennie ait connue dans le domaine de la santé eu égard au nombre de vies humaines qu’elle peut permettre de sauver. Nous pensons qu’au moins 10 millions de décès par tuberculose pourront être évités au cours des dix prochaines années grâce à l’introduction et à la généralisation de la stratégie DOTS», a dit le directeur général de l’OMS, le Dr Hiroshi Nakajima.
Les médicaments associés dans le DOTS étaient connus depuis longtemps mais c’est seulement au cours des derniers mois que les chercheurs ont mis la dernière main à l’analyse des essais sur le terrain et ont pu en attester l’impact, a dit l’OMS en présentant son rapport annuel sur la tuberculose lors d’une conférence à Berlin.

Cent dollars
par malade

Huit millions de nouveaux cas de TB sont apparus l’an dernier dans le monde, alors qu’un tiers de la population mondiale est porteuse du bacille, selon l’OMS.
Le nombre de malades infectés par un bacille résistant aux traitements atteindrait jusqu’à 50 millions de personnes tandis que 30 millions de gens risquent de mourir de la tuberculose dans les dix prochaines années, selon l’OMS.
«Nous avons, pour la première fois, le moyen de faire reculer l’épidémie de tuberculose non seulement dans les pays riches mais également dans les pays les plus pauvres de la planète», a ajouté le Dr Arata Kochi, directeur du programme mondial de l’OMS contre la tuberculose.
Il a estimé que le DOTS représentait l’événement le plus important dans la lutte contre la maladie infectieuse la plus meurtrière et la plus anciennement connue de l’humanité depuis la découverte du bacille par Robert Koch en 1882.
Les progrès réalisés depuis ont fait reculer la maladie dans les pays du Nord mais elle a sensiblement augmenté dans les pays du Sud et récemment en Europe de l’Est.
La stratégie DOTS a été expérimentée ces dernières années en Tanzanie, à New York, en Indonésie, au Pérou et en Chine avec un taux de guérison de 85% ou plus.
«Ces dernières années, on estime que le nombre annuel de nouveaux cas de tuberculose dans le monde s’est élevé à environ 6-8 millions. Grâce à la généralisation de la stratégie DOTS, ce nombre pourrait être ramené à moins de 3-4 millions au cours des dix prochaines années. Notre projection de l’épidémie montre que, faute d’utiliser cette stratégie, on passera à près de 9 millions de cas annuels en 2005», dit le Dr Kochi.
Le coût du DOTS est estimé à 100 dollars par malade traité dans les pays les plus défavorisés, grâce à l’intervention d’agents de santé mais aussi de volontaires pour surveiller que les malades prennent bien leurs médicaments.