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Actualités - ANALYSE

Tele-Liban, un problème chronique

Télé-Liban c’est, depuis des années, le tonneau percé des Danaïdes. On y engloutit régulièrement des sommes folles, des dizaines de millions de dollars, alors que le Trésor se trouve dans une passe extrêmement difficile... Le comble, c’est que ce fardeau personne n’obligeait vraiment l’Etat à l’assumer, du moins tout seul. On sait en effet que l’entreprise était mixte, que des particuliers (dont M. Rafic Hariri) y avaient des parts et que, dans un ombrageux souci d’image de marque, le gouvernement a tenu à les racheter pour rester seul patron à bord. Une nationalisation complète qui est tout le contraire apparemment de la bonne affaire.
Le dernier épisode de ce mauvais feuilleton a été marqué par l’injection d’un nouveau viatique de 60 milliards de LL, soit quelque 36 millions de dollars. Mais la balance reste déséquilibrée et le conseil d’administration de la boîte ne cesse de quémander un redressement auprès du Conseil des ministres. Nommé PDG il y a quelques petits mois, Jean-Claude Boulos (JCB) a adressé aux autorités, sous forme de rapport circonstancié, un SOS en règle réclamant un sauvetage de fonds, faute de quoi mieux vaudrait à son avis mettre la clé sous la porte et fermer cette vénérable institution médiatique. Ce cri d’alarme a fait son effet et le sujet a été soulevé au cours du pénultième Conseil des ministres par le chef de l’Etat M. Elias Hraoui en personne. Il a souligné qu’il est inadmissible qu’à un moment où les télés privées fleurissent de partout et vont même sur satellite, on voie couler aussi lamentablement le porte-étendard de l’info, comme de la culture, officielles dites nationales. Plusieurs avis, de nombreuses suggestions ont été ensuite émis et finalement le Conseil s’est déchargé de ce souci sur le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, prié de plancher à son tour sur un rapport dont les conclusions devraient apporter une solution définitive au problème.
«Si on en est encore là, déplore de son côté un député, pourquoi avoir débloqué les 60 milliards? Et pourquoi ne nous a-t-on pas entendus quand nous réclamions un suivi comptable des dépenses engagées par Télé-Liban, ce gouffre qui, semble-t-il, sert à payer de faux fonctionnaires qui sont autant de clients de gens en place».
Un scandale en effet et tout est de savoir si M. Sabeh va ou non proposer d’y mettre fin car sans cet élaguage préalable tous les efforts de renflouement resteraient vains.
A signaler que d’autres pôles politiques proposent le plan de sauvetage suivant:
— Signature d’une nouvelle convention collective entre la direction et le personnel. Cela permettrait d’une part de ne retenir que les effectifs vraiment actifs ou productifs; et d’autre part de leur assurer des émoluments et des prestations assez décents pour qu’ils n’aillent pas chercher leur steak ailleurs.
— Revente de tous les avoirs que la compagnie n’utilise pas, afin de réunir les sommes nécessaires pour regrouper les installations dans un même siège, sur un terrain appartenant à l’Etat. Mais à dire vrai des forces politiques de l’Ouest s’opposent à la cession du siège de Tallet el-Khayat et affirment qu’on peut le garder, en faisant fi de tout impératif financier... Pour sa part, la nouvelle direction prospecte les possibilités de réhabiliter au profit de Télé-Liban l’ancien siège... de la LBC récupéré par l’Etat à Jounieh.
— Règlement des sommes que l’Information doit à la chaîne pour la couverture des informations officielles, le contrat jadis passé à cet effet ayant toujours été ignoré.
— Renforcer la crédibilité, donc la capacité commercialo-publicitaire de Télé-Liban, en y neutralisant l’interventionnisme des gens du pouvoir et de leurs bons amis.

Ph.A.-A.
Télé-Liban c’est, depuis des années, le tonneau percé des Danaïdes. On y engloutit régulièrement des sommes folles, des dizaines de millions de dollars, alors que le Trésor se trouve dans une passe extrêmement difficile... Le comble, c’est que ce fardeau personne n’obligeait vraiment l’Etat à l’assumer, du moins tout seul. On sait en effet que l’entreprise était...