JAFFA (Israël), 5 Mars (AFP). — Une balle dans la tête a mis un point final à la carrière de Souleimane Moushrawi, un Arabe célèbre en Israël pour avoir lutté sans relâche contre le crime et avoir survécu à plusieurs tentatives d’assassinat.
Ses agresseurs ont abattu à bout portant le «justicier de Jaffa» par la vitre de sa Chrysler alors qu’il rentrait chez lui, dans un quartier mal famé de Jaffa, une banlieue à dominante arabe de Tel-Aviv.
Touché à mort, ce père de cinq enfants a quand même réussi à ouvrir la porte de sa voiture et à ramper jusqu’au trottoir, où il s’est finalement effondré, a indiqué la police.
Vigile de 43 ans, Mushrawi a consacré vingt-cinq ans à lutter seul contre les trafiquants de drogue, la corruption et la criminalité dans les quartiers pauvres de Jaffa.
«Ils ont tout essayé, ils ont incendié ma voiture, ils m’ont tiré dessus, ils ont mitraillé la maison de mes parents, ils ont arrosé d’essence mon frère, de 12 ans et l’ont sérieusement blessé», avait raconté Moushrawi à Radio-Israël, dans une interview réalisée en 1995.
«Cela ne fait que conforter ma détermination à lutter contre eux. Ils ne me font pas peur», disait-il.
Hier, Moushrawi a entamé le dernier jour de sa vie par une convocation au commissariat, où la police l’a interrogé sur ses efforts visant à réconcilier deux familles brouillées du quartier.
Ensuite, Moushrawi s’est disputé avec d’anciens collaborateurs palestiniens des territoires, que l’armée israélienne a relogés à Jaffa depuis le début de l’autonomie. Il se pourrait d’ailleurs que ses assassins soient à chercher parmi eux, selon la police qui a appréhendé quatre suspects.
Le journaliste Buki Na’eh, du quotidien «Yédiot Aharonot», a raconté que Moushrawi avait beaucoup d’ennemis, surtout parmi les gens dont il avait dénoncé les crimes à la police.
«Il donnait (à la police) des informations sur tout le monde. Il se voyait comme un justicier qui réparait les torts, a raconté M. Na’eh à la radio militaire. Il luttait contre tout ce qui lui semblait injuste».
Mais la police n’était pas toujours d’accord avec son cavalier seul. Il a été condamné à six ans de prison — mais n’en a purgé que trois — pour avoir attaqué ceux qu’il pensait être les chefs du crime organisé à Jaffa. Il a également purgé une peine de 18 mois, après avoir été accusé d’avoir tué le chef du comité islamique de Jaffa. Son innocence dans cette affaire avait été prouvée par la suite.