Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Troïka : la détente actuelle ne dissipe pas tous les nuages

On dirait un scénario de sitcom. Le ton serait celui d’un épilogue, plein de bons sentiments. M. Berry «est un frère», il est «sympathique, intelligent», c’est un «joueur de billard hors pair», indique le chef de l’Etat, qui reçoit en écho un aimable «tout ce que dit le président Hraoui est le bienvenu».
On s’achemine donc apparemment vers un dénouement heureux de la crise relationnelle qui, en principe, aura coûté la vie à la troïka. Mais on n’y est pas encore tout à fait et pour le fond, chacun campe sur ses positions; la glace n’est pas encore rompue pour de bon, et il n’y a toujours pas de normalisation. On en veut pour preuve, parmi les proches des deux responsables, qu’avant de se rendre au Koweit le chef du Législatif n’a pas pris congé du président de la République, comme le veut le protocole. On a cependant beaucoup apprécié, dans tous les cercles, la visite que Mme Hraoui a rendue à Mme Berry à l’hôpital où l’épouse du président de l’Assemblée a subi récemment une intervention chirurgicale bénigne.
Mais les deux dames sont liées comme on sait par une amitié caritative active, et se dévouent ensemble pour diverses causes humanitaires. Leur rencontre ne modifie en rien les données politiques de base qui préoccupent — et opposent — leurs époux respectifs. Cependant le climat est maintenant suffisamment dégagé pour que les amis communs reprennent les efforts de médiation qui, naguère, avaient échoué. Assez étrangement, parmi les conciliateurs virtuels on cite volontiers le nom du président Rafic Hariri, qui avait pourtant été également pris à partie par M. Berry. En fin de parcours, ce dernier avait même laissé entendre qu’à travers Baabda c’est surtout Koraytem qu’il visait, car il en soupçonne justement le maître d’avoir manœuvré pour le brouiller avec M. Hraoui. M. Hariri avait recouru à l’esquive, en répétant qu’il ne voulait pas se laisser entraîner dans de vaines querelles et selon ses partisans, il se retrouve aujourd’hui en position de jouer les traits d’union entre les deux autres présidents.
Toujours est-il que selon les hraouistes «il n’est pas question de céder. D’autant que ce n’est pas le chef de l’Etat qui, dans cette pénible affaire, a pris l’initiative de la dispute. Il reste profondément attaché aux procédures, comme aux us et coutumes. Il estime que la coopération des pouvoirs qu’édicte le pacte national de Taëf commande au président de la Chambre de rendre visite au chef de l’Etat pour le consulter régulièrement, une fois par semaine au moins, et non quand il en éprouve simplement l’envie, comme le laisse entendre M. Berry. M. Hraoui, ajoutent ces sources, veut bien souligner, par des compliments à l’adversaire, qu’il ne lui en tient pas rigueur personnellement. Mais il ne transigera ni sur les principes si sur les idées de réforme qu’il défend, et qui ont pu braquer M. Berry».
Et d’insister en précisant que «les rencontres entre présidents, à deux ou à trois, sont nécessaires pour la bonne marche des institutions. Il ne s’agit pas de ressusciter la troïka, car ces réunions ne se tiendraient pas pour partager des parts du gâteau mais pour chercher des solutions harmonisées aux problèmes qui se posent au pays».
Ces sources affirment ensuite que «M. Hraoui est retourné de Damas avec le viatique d’un clair soutien syrien et avec l’assurance que pour ces partenaires il constitue comme on dit une «ligne rouge» que nul ne peut outrepasser, entendre que personne ne doit offenser. Un appui qui, affirment donc les hraouistes, a été signifié aux autres parties locales pour qu’elles en tiennent rigoureusement compte. Des garanties syriennes vont être bientôt données pour que les rencontres interprésidentielles reprennent, toutefois sur de bases nouvelles, très égales», concluent ces sources.
Toujours est-il que l’on s’attend généralement à une détente accentuée au retour de M. Berry de sa visite au Koweit; le chef du Législatif devrait en effet relancer le chef de l’Etat pour lui transmettre les messages que les dirigeants koweitiens lui ont sans doute confiés. Il est possible qu’à cette occasion les deux hommes aient enfin une franche explication en tête à tête, puis en présence de M. Hariri, en préparation du prochain Conseil supérieur syro-libanais dont l’ordre du jour a été établi: la date étant toutefois laissée en blanc, à la discrétion de Damas…

Ph. A-A.
On dirait un scénario de sitcom. Le ton serait celui d’un épilogue, plein de bons sentiments. M. Berry «est un frère», il est «sympathique, intelligent», c’est un «joueur de billard hors pair», indique le chef de l’Etat, qui reçoit en écho un aimable «tout ce que dit le président Hraoui est le bienvenu».On s’achemine donc apparemment vers un dénouement heureux de...