«J’étais un combattant et je le reste (...) Je peux rendre la monnaie de sa pièce à qui que ce soit, y compris à la Douma, si c’est vraiment ce qu’elle veut», a ajouté le président à l’occasion de la «Journée des défenseurs de la Patrie», sa première apparition publique hors des murs du Kremlin depuis sa pneumonie.
Coup de poing sur la table ou véritable menace de dissolution, la déclaration du chef de l’Etat rappelle que la Constitution de 1993, rédigée par ses soins, lui donne le pouvoir de dissoudre facilement la Chambre basse du Parlement russe.
Après son quintuple pontage coronarien de novembre, sa double pneumonie début janvier l’avait forcé à la réclusion dans sa résidence de Gorki-9, relançant toutes sortes de spéculations, y compris après son allocution à la radio la semaine dernière.
Le Kremlin a particulièrement mal réagi lundi dernier à la publication par le quotidien Komsomolskaia Pravda de rumeurs selon lesquelles Naïna Eltsine ferait pression pour que son mari «se retire au calme» à cause de son coeur.
«Les maladies, c’est fini»
L’article vigoureusement démenti n’a fait qu’alimenter la nervosité de l’administration présidentielle dirigée par Anatoli Tchoubaïs, après le vote de la Douma la semaine dernière. Les députés ont sommé le ministère de la Santé et les médecins du Kremlin de présenter au Parlement avant le 1er mars un bulletin de santé officiel du président russe. Le texte avait été approuvé par 271 députés, alors que 32 votaient contre.
Le président ne s’est pas privé de dénoncer ce vote «d’inspiration communiste». «Ils ne me pardonnent pas tout ce que j’ai fait au cours de ces années, le fait que j’ai gagné les élections» de l’été dernier, a déclaré Boris Eltsine, qui a balayé avec morgue ces tentatives «inutiles».
Le président russe, qui était entouré du premier ministre Viktor Tchernomyrdine et du maire de Moscou Iouri Loujkov, a assuré qu’il était «complètement remis».
«Les maladies, c’est fini, j’ai besoin de reprendre des forces. J’ai perdu 26 kilos», a-t-il poursuivi. «La tête travaille bien, clair et net. Il ne me reste qu’à reprendre des forces», a-t-il assuré.
Pour preuve, les réceptions officielles des derniers jours. Selon de bonnes sources, l’entourage de Yasser Arafat s’étonnait en privé mercredi de la «forme» du président russe, qui a reçu le président de l’Autorité palestinienne pendant 45 minutes.
En revanche, le chef de la diplomatie américaine Madeleine Albright s’est refusée à tout commentaire sur la santé du président russe. «Ce ne serait pas convenable», a-t-elle répondu après ses entretiens vendredi.
Reste qu’en s’exprimant publiquement sur l’OTAN dimanche, Boris Eltsine a réaffirmé à l’Occident qu’il restait aux commandes. «Un compromis sera trouvé lors de la rencontre avec le président américain Bill Clinton à Helsinki», a-t-il assuré.
Mais il a aussi fermement réaffirmé que Moscou était «contre le rapprochement de l’OTAN des frontières de la Fédération russe», et qu’il s’en tiendra à cette position. Selon lui, l’Alliance atlantique est «allée très loin dans ses exigences».
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