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Actualités - CHRONOLOGIE

Soulignant que le débat interne doit être à la hauteur des défis auxquels est confronté le Liban Hraoui : halte aux polémiques stériles Visite éclair du chef du quai d'Orsay à Beyrouth le 6 mars

La conjoncture présente au Liban-Sud (et au Proche-Orient, en général) est particulièrement délicate et nécessite, par voie de conséquence, un assainissement du climat politique interne. Tel est, en substance, le mot d’ordre qui circule dans les hautes sphères du pouvoir. Et telle est, notamment, la portée des propos tenus hier soir par le président Elias Hraoui à l’ouverture du Conseil des ministres ordinaire qui s’est tenu au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat.
Hormis l’appel lancé par le président Hraoui en vue de calmer le jeu sur la scène locale et de mettre un terme aux tiraillements politiciens entre les pôles du pouvoir, la réunion du Conseil des ministres a été marquée par l’annonce de la visite éclair de quelques heures que le chef du Quai d’Orsay, M. Hervé de Charette, effectuera le 6 mars prochain à Beyrouth. Cette visite, qui s’inscrit dans le sillage d’une tournée régionale qui conduira M. de Charette en Israël et en Syrie entre le 4 et le 6 mars, intervient alors que des informations font état de tractations entreprises par la France loin des feux de la rampe en vue de relancer les pourparlers de paix bilatéraux avec Israël. Diverses sources affirment même dans ce cadre que Paris a remis sur le tapis sa proposition visant à déployer au Liban-Sud des troupes françaises, dans le cadre d’une Force multinationale, en cas de retrait israélien de la «zone de sécurité».
Le chef du gouvernement Rafic Hariri, rappelle-t-on, a été reçu le week-end écoulé par le président Jacques Chirac à Paris. Il avait rendu compte de son entretien, par téléphone, au chef du Législatif Nabih Berry, lequel avait par la suite exprimé son optimisme au sujet d’une prochaine reprise des négociations avec Israël. Pour l’heure, aucune indication précise n’a pu être obtenue concernant le dernier point des tractations entreprises dans plus d’une capitale en vue de sortir le processus de paix de l’impasse. M. Hariri pourrait peut-être en savoir plus sur ce plan à la faveur de la visite qu’il effectuera dimanche prochain à Rome où les dirigeants italiens l’informeront sans doute du résultat des entretiens qu’ils auront eus d’ici là avec le nouveau secrétaire d’Etat américain, Mme Madeleine Albright.
En tout état de cause, lors de sa courte intervention lors du Conseil des ministres
d’hier soir, le chef de l’Etat a rendu un hommage marqué au président Chirac, mettant l’accent sur «le rôle joué par le président français dans le processus de paix au Moyen-Orient». Evoquant les entretiens que M. Hariri et le chef de la diplomatie Farès Boueiz ont eus à la fin de la semaine écoulée à Paris, le président Hraoui a confirmé la visite de M. de Charette à Beyrouth le 6 mars prochain «dans le cadre des efforts déployés par la France sur le plan régional».
Commentant, par ailleurs, les récents développements survenus dans le pays au cours des derniers jours, le chef de l’Etat a rappelé «les spéculations qui ont fait suite à l’affaire de la collision des deux hélicoptères israéliens au-dessus de la Galilée. «Cette affaire, a souligné le président de la République, a été suivie d’agressions quotidiennes contre des zones civiles dans plus d’une région libanaise. Ces attaques se sont étendues en profondeur dans la Békaa et ont atteint même Baalbeck»
Selon les informations officielles rendues publiques par le ministre de l’Information Bassem el-Sabeh, à l’issue de la séance du Cabinet, le chef de l’Etat a rendu hommage, dans ce contexte, à «l’action de la résistance (anti-israélienne) qui a apporté la preuve qu’elle peut mener ses opérations à l’intérieur de la zone occupée». «Il s’agit là du droit inaliénable du peuple libanais», a affirmé le chef de l’Etat.
A la lumière de la conjoncture présente, le président Hraoui a exprimé le souhait que «le débat politique interne soit à la hauteur des défis auxquels est confronté le Liban au niveau régional». le chef de l’Etat a invité sur ce plan toutes les fractions locales à «mettre une sourdine aux polémiques susceptibles d’éclipser les problèmes fondamentaux engageant le sort du pays». «Ce qui se passe au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest est plus important que toutes les polémiques, a souligné le président Hraoui. Nous devons concentrer tous nos efforts en vue de libérer notre territoire de l’occupation israélienne».
Cet appel à l’appaisement et à l’assainissement du climat politique interne avait été précédé, lundi, d’une position analogue adoptée par le chef du gouvernement. A son retour de Damas où il avait transité — après sa visite à Paris — pour conférer avec le président syrien Hafez el-Assad, M. Hariri avait dénoncé les tentatives d’«enliser l’Etat dans des sables mouvants, pour le détourner des causes essentielles et des grandes échéances qui l’attendent». Les prises de position du chef de l’Etat et du premier ministre à ce propos interviennent à la suite de la virulente campagne menée par le chef du Législatif Nabih Berry contre l’Exécutif, et contre le président Hraoui et M. Hariri, en particulier. M. Berry a poussé sa campagne jusqu’à brandir le spectre d’un scénario semblable au soulèvement du 6 février 1984. Les milices du PSP et d’Amal avaient alors investi Beyrouth-Ouest et en avaient délogé l’armée libanaise fidèle au président Amine Gemayel.
Les propos tenus par M. Berry avaient été perçus comme une menace de déstabilisation similaire à celle qui avait été menée contre le régime du président Gemayel. Le président de la Chambre a toutefois fait marche arrière, hier, à ce sujet, nuançant quelque peu sa déclaration et affirmant que ses propos avaient été «mal interprétés». (VOIR PAGE 3).
A l’évidence, le mot d’ordre semble être ainsi à l’apaisement. Hier soir, des sources dignes de foi faisaient état, notamment, de contacts au plus haut niveau en vue de mettre un terme aux tiraillements politiciens entre les pôles du pouvoir. Ces tractations pourraient se traduire dès aujourd’hui par un assouplissement de la position de l’opposition parlementaire à l’occasion de la séance de la Chambre. Cette séance, qui se poursuivra demain, jeudi, sera sans doute marquée par un climat serein et calme lors des débats parlementaires.

Les résolutions du
Conseil des ministres

Pour en revenir à la réunion du Conseil des ministres, M. Sabeh devait donner lecture des informations officielles suivantes:
— Le gouvernement a approuvé une proposition du ministre du Tourisme visant à relancer le festival international de Baalbeck. Les crédits nécessaires ont été approuvés à cette fin.
— Le Conseil des ministres a donné son accord à l’octroi d’une avance du Trésor d’un montant de 8 milliards de livres libanaises à l’institution publique «Elyssar», en charge du projet de réaménagement de la banlieue sud-ouest de Beyrouth.
— Le premier ministre a été chargé de représenter le Liban au sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) qui aura lieu le 23 mars à Islamabad (Pakistan).
— Le ministre des Affaires étrangères représentera le Liban à la conférence ministérielle des non-alignés, le 7 avril prochain à New Delhi.
— Le Conseil des ministres a entendu un exposé du ministre de l’Intérieur concernant le plan directeur relatif aux carrières, tel que mis au point par Dar el-Handassa. La discussion a tourné autour de deux points de vue. Certains membres du gouvernement ont préconisé l’amendement du plan directeur de manière à ne pas le limiter à une seule région. D’autres ministres ont réclamé la fermeture définitive des carrières de façon à organiser l’importation de gravats à partir de pays voisins. Au terme du débat, décision a été prise de soumettre aux ministres les détails du plan directeur pour complément d’étude. La décision finale sur ce plan a donc été reportée à une date ultérieure.
— Le Conseil des ministres a approuvé une proposition du ministre des Affaires étrangères portant sur l’adhésion du Liban à la commission arabe d’investissement et de développement agricoles.
— Le Conseil des ministres a donné son accord à plusieurs contrats de gré à gré préconisés par le ministère des Travaux publics.
La conjoncture présente au Liban-Sud (et au Proche-Orient, en général) est particulièrement délicate et nécessite, par voie de conséquence, un assainissement du climat politique interne. Tel est, en substance, le mot d’ordre qui circule dans les hautes sphères du pouvoir. Et telle est, notamment, la portée des propos tenus hier soir par le président Elias Hraoui à...