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Actualités - REPORTAGE

Le tourisme au Liban : des potentialités de développement importantes Grâce à l'appui des pouvoirs publics, l'initiative privée devient déterminante

Le tourisme fait partie intégrante de la vie nationale. Les plans de redressement politique et socio-économique se veulent rassurants, mais qu’en est-il du secteur touristique? Le Liban «pacifié» fera-t-il partie un jour des circuits touristiques dits de «masse» propres aux pays développés et surdéveloppés? Il ne l’a jamais été. Il le sera probablement le jour où la paix dans cette région du monde assurera à ce secteur la pérennité du goût de la recherche, de l’aventure et des voyages. Dès lors le Liban ne se contentera plus de ses 50.000 touristes par an, mais s’enorgueillera d’accueillir une partie de ce milliard de touristes qui sillonneront le monde d’ici l’an 2010, selon les prévisions de l’Organisation mondiale du tourisme.
En attendant que les bonnes intentions se concrétisent, les quelques indices, à notre portée, semblent réconfortants pour un pays longtemps marginalisé et pourtant situé à côté de voisins du bassin méditerranéen, comme la Grèce et Chypre, qui accueille 5 millions de visiteurs par an. Les indices, dont les bases restent à baliser, permettent de découvrir une redistribution des différents secteurs, toutes catégories confondues, s’inscrivant quand même dans le cadre des grands projets de développement et de promotion.
Le Plan directeur de reconstruction et de développement touristique du Liban élaboré par le gouvernement, à l’initiative du ministre du Tourisme, M. Nicolas Fattouche, fait suite à un projet avalisé le 28 octobre 1994. Le coût de celui-ci a été évalué à environ 708.000 US dollars par les gouvernements libanais et français et le Programme des Nations Unies pour le développement. L’Organisation mondiale du tourisme est l’agence d’exécution. (1)
C’est une tâche d’envergure qui mobilise tous les secteurs concernés et qui ne néglige pas une approche basée sous le devenir de l’Homme, c’est-à-dire le respect de la «paix, de l’environnement, du développement durable et de la complémentarité» des pays concernés. Plus particulièrement les pays arabes riverains de la Méditerranée appelés à intensifier leurs efforts pour préparer un tourisme de la fin du XXe siècle.
Personne n’ignore l’importance du secteur touristique de ces pays, englobant les sites archéologiques, les sites naturels et d’autres activités socio-culturelles. C’est pourquoi les prévisions devraient se baser sur une croissance rapide amplifiant, dès lors, le potentiel et la richesse du patrimoine.
N’a-t-on pas constaté, dans ce projet, que «les prévisions du tourisme international en terme d’arrivées de touristes pour l’an 2000 sont de l’ordre de 702 millions et pour l’an 2010 de plus d’un milliard. Concernant la région du Moyen-Orient, la croissance prévisible des arrivées de touristes évoluera comme suit: 1990: 7 millions, 2000: 14 millions, 2010: 21 millions. Ce qui conduit, pour la période allant de 1990 à 2010, à un taux d’accroissement annuel pour le Moyen-Orient de 4,9%».
En ce qui concerne le Liban, selon les statistiques de l’O.M.T. pour l’année 1995, «les arrivées de touristes ont atteint le chiffre de 402.000, représentant une augmentation de 20% par rapport à l’année 1994 et générant ainsi des recettes de 710 millions de dollars américains, soit une augmentation de 5,2% par rapport à l’année 1994».
Un projet qui se fixe pour objectif des stratégies à court et long terme touche évidemment tous les produits susceptibles de garantir une restructuration globale du système touristique.
Le projet est ambitieux pour un pays qui n’est pas suffisamment préparé pour envisager, dans l’immédiat, des mesures draconiennes. Certes, la voie est tracée. Sans trop vouloir verser dans un optimisme béat, nous avons quand même l’impression que la volonté d’être efficace est probante pour accroître le potentiel des activités touristiques. Les responsables s’en rendent compte. Dans ce rapport complet, la mise en garde est évidente. Car, si «les perspectives du tourisme dans notre région sont des plus encourageantes...», il reste que les défis qui guettent les pays concernés ont clairement été établis par l’O.M.T. dans sa vision de l’an 2000. Ils se résument ainsi:
— la diminution des taux de croissance
— la concurrence accrue
— une plus grande sensibilisation aux impacts du tourisme
— des consommateurs plus avertis
— des marchés menés par la technologie
— une dépendance accrue des forces du marché
— une domination croissante des multinationales, une mondialisation et une globalisation
— des barrières politiques et réglementaires
— des limites en matière d’infrastructure et d’équipements
— le renouvellement et l’expansion des flottes aériennes
— les ressources humaines, l’éducation et la formation
— la recherche de la valeur et de la qualité.

Produits touristiques,
libéralisme et héritage

Le document de travail a établi les principes de base et les orientations stratégiques de ce plan. Mais des enseignements ont mis l’accent sur la «diversité du potentiel touristique naturel, historique et humain» qui propose «des produits destinés à un large éventail de clientèle-cible».
La politique de libéralisme vise «l’aménagement spatial» ou celle du «territoire» mettant en évidence «la dégradation de l’environnement» et des sites archéologiques et naturels. Quant aux conséquences de la guerre, elles ont contribué à «la diminution de la capacité d’hébergement», «l’insuffisance qualitative et quantitative du système de formation inadapté aux nouvelles réalités du tourisme international», l’«état déficient des infrastructures de transport et de communication», l’insuffisance des moyens financiers et humains d’une administration parfois rigide et centralisée.
Le constat peut se résumer ainsi:
— des potentialités de développement touristique importantes continuent d’exister...
— toute politique volontariste de développement touristique ne pourra se produire qu’à partir de l’initiative privée déterminante et l’appui des pouvoirs publics...
Il sera possible de développer «une économie touristique basée sur des multiproduits et une thématisation» en se positionnant sur une confrontation devant faire apparaître «les produits-marchés stratégiques»:
— le marché des pays arabes et le marché des libanais émigrés
— le tourisme d’affaires
— le tourisme culturel et de découverte issu des segments provenant des pays de l’Europe de l’Ouest et d’autres marchés internationaux: Amérique, Asie, Pacifique, Japon...
Les multiproduits sont variés. La gamme peut proposer un tableau en fonction des motivations et bien sûr du budget d’autant plus que le Liban de par sa situation géographique et son potentiel socio-culturel peut fournir des activités touristiques variées allant de l’archéologie au religieux, du culturel aux affaires, du festival au sport, des séminaires aux congrès...

Tours réguliers, Liban en voiture, randonnées...

Certains agences de voyages se dotent d’un département spécialisé dans les circuits touristiques. D’autres se spécialisent dans les tours locaux et à l‘étranger. Elles proposent aux groupes des séjours en rapport avec les objectifs définis bien à l’avance. Un tour d’horizon auprès de la Reda Travel, Nakhal and Co, Rodolphe Saadé, Lit-Otul (2) établit les grandes lignes de ces circuits et la conception que certains se font de la visite des étrangers. Elles se résument ainsi:
- Les tours organisés ont repris depuis 89-90.
- Le nombre varie de 1 à 50 personnes.
- Les circuits sont exclusivement libanais ou avec une extension vers la Syrie et la Jordanie.
- La durée du séjour varie entre 3 et 15 jours
- Toute une logistique assure la mise en place du séjour depuis la préparation jusqu’à l’arrivée, les visites et l’hébergement.
- Les visites sont variées. Elles peuvent être branchées sur les découvertes archéologiques, les loisirs, les thèmes...
- Des congrès, des séminaires, des séjours d’affaires sont l’occasion de visites touristiques même si le séjour est prévu pour 3 ou 4 jours
- Des circuits «religieux» sont prévus.
- L’information passe à travers les «Tours-Operators» à l’étranger...
Le Liban n’a jamais été ouvert à un tourisme de masse réservé jusque-là à certains pays développés et surdéveloppés tels l’Amérique du Nord, le Japon, l’Europe occidentale... qui s’organisent en «fabricants de voyages» — une véritable entreprise — pour asseoir leur autorité dans le monde. Les produits sont vendus à un prix forfaitaire. Des charters assurent le transport de centaines et de centaines de passagers qui sillonnent le monde suivant les saisons et les âges.
- Les prix proposés sont parfois chers (hôtels, plages, restaurants...).
- Les embouteillages et les travaux imprévisibles peuvent perturber un circuit.
- Les voyageurs viennent pour la plupart des pays d’Europe et d’Asie.
- La propagande joue un rôle déterminant. Malgré les efforts des agences de voyages concernées et du ministère du Tourisme, les médias étrangers défigurent parfois la réalité.
Les pays qui semblent les plus réticents sont la Suisse, le Danemark, la Finlande, la Suède. Des reportages, par exemple, sur des événements ponctuels au Liban-Sud retransmis par la T.V. à Copenhague ont découragé des organisations touristiques qui ont estimé que le Liban était peu sûr. Par contre des pays comme la France, l’Allemagne, la Hollande, la Belgique sont beaucoup plus et mieux informés de la réalité. Le Japon suit timidement, mais sûrement, ainsi que les pays d’Amérique latine, plus particulièrement l’Argentine et le Brésil.
- Les groupes sont souvent accompagnés par des guides touristiques. Les langues parlées sont le français, l’anglais, l’allemand, l’italien, le japonais, le russe.
- Les touristes s’intéressent bien sûr aux visites classiques (Baalbeck, Tyr, Beiteddine...) mais aussi aux réalités socio-économiques et politiques du pays.
Sur les 555 agences de voyages officiellement enregistrées et reconnues, 300 sont syndiquées. Le syndicat a vu le jour en 1949 et collabore avec les ministères du Transport et du Tourisme. Les premières licences d’exploitation des agences de voyages ont été délivrées en 1951.
sur base de toutes les données précitées, on constate que les infrastructures ne sont pas négligeables. Elles touchent directement les bases d’un tourisme adapté aux exigences d’un monde en perpétuelle mutation et aux besoins continuellement croissants et nouveaux d’une clientèle de plus en plus exigeante et spécialisée, en droit de revendiquer son dû et son produit acheté.
Ces infrastructures, qui font partie des projets de développement et de reconstruction à travers le plan décennal «Horizon 2000», touchent des secteurs particulièrement sensibles au bon fonctionnement de l’activité touristique, voire le trafic routier, les transports aériens et maritimes et bien entendu, le parc hôtelier.

(1) Plan de reconstruction et de développement touristique du Liban — Dossier de communication et présentation — novembre 1996 — ministère du tourisme — Beyrouth.

(2) M. Elie Nakhal de l’agence Nakhal and Co, M. Luc de Delcominette de la Reda Travel, Mme Zeina Elias de l’agence Rodolphe Saadé, Mme Hoda Keirouz de la Lit-Otul.
Le tourisme fait partie intégrante de la vie nationale. Les plans de redressement politique et socio-économique se veulent rassurants, mais qu’en est-il du secteur touristique? Le Liban «pacifié» fera-t-il partie un jour des circuits touristiques dits de «masse» propres aux pays développés et surdéveloppés? Il ne l’a jamais été. Il le sera probablement le jour où la...