Il rendra publique l'exhortation apostolique post-synodale Le pape au Liban le 10 ou le 11 mai

Longtemps attendue, la visite du pape Jean-Paul II au Liban a été annoncée hier pour le 11 mai par une source informée au Vatican. Selon cette source, le pape pourrait rester dans le pays 36 heures, soit un jour et demi, et, dans ce cas, il pourrait arriver à Beyrouth dès le samedi 10 mai.
La visite du pape couronne plusieurs années d’efforts en vue de sa concrétisation. Dès mai 1994, Jean-Paul II souhaitait visiter notre pays. Mais l’attentat contre l’église Notre-Dame de la Délivrance, à Zouk, et le climat tendu qui régnait dans le pays avaient compromis cette visite.
Le climat semble plus favorable aujourd’hui, et le seul responsable politique qui se soit élevé contre cette visite est M. Raymond Eddé, qui a «supplié» le pape de surseoir à son projet, estimant que sa présence au Liban serait une caution au statu quo politico-militaire.

Mais compte tenu de l’importance accordée par le pape à son voyage au Liban, il est peu probable qu’il se rende aux raisons de M. Eddé. Jean-Paul II tient à ce voyage en raison des souffrances subies par les Libanais durant la guerre, mais surtout parce que le pays est à ses yeux riche d’une tradition multiséculaire de convivialité islamo-chrétienne qui constitue «un message» aux pays déchirés par les conflits ethniques et nationalistes.
Le principal objectif de la visite du Saint-Père au Liban est de rendre publique «l’exhortation finale» qui résume les travaux du synode sur le Liban qui s’est tenu à Rome, en novembre-décembre 1995. Il invitera les Libanais, comme il vient de le faire en accueillant à Rome le catholicos Aram 1er «à ne pas laisser de côté les valeurs morales et religieuses qui constituent l’identité de la grande famille libanaise».
«Les Libanais, avait affirmé une déclaration conjointe du pape et du catholicos, doivent travailler à ce que le pays retrouve pleinement son identité, faite de liberté et de pluralisme, son unité, sa souveraineté et sa vocation spécifique dans la région».
Du reste, les proches du pape affirment que le Liban ne quitte pas ses pensées, et qu’il ne manque pas de soulever ce thème au cours de ses rencontres avec les chefs d’Etat concernés par la situation au Moyen-Orient. Tout dernièrement, l’occupation israélienne du Liban-Sud a été l’un des thèmes abordés par Jean-Paul II avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurent ses proches.
La question de l’occupation du Sud sera également au programme de l’entretien que le président du Conseil, M. Rafic Hariri, aura avec le pape à l’occasion de sa visite en Italie, où il est attendu le 24 février.
M. Hariri pourrait également rencontrer, ce jour-là, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, qui prend l’avion le 18 pour le Vatican, où il participera à une dernière lecture de l’exhortation apostolique post-synodale. Des passages du message final qui avait conclu le synode sur le Liban relatifs au «pluralisme culturel», à la «démocratie consensuelle» et au «départ des troupes syriennes» avaient soulevé une polémique, en 1995, rappelle-t-on.
Le programme des voyages du pape en 1997 est très chargé: Sarajevo le 13 avril, République tchèque du 25 au 27 avril, Pologne du 30 mai au 11 juin, Paris à la mi-août pour la Journée mondiale de la jeunesse, Brésil du 3 au 5 octobre pour un meeting mondial consacré à la famille et peut-être Honduras et d’autres pays d’Amérique latine à la fin de l’année.
Une visite du pape à Jérusalem, où le pape a été invité à nouveau par M. Netanyahu, est prévue en 1998 ou en 1999, a indiqué lundi dernier en Israël le cardinal Edward Cassidy, président du Conseil pour la promotion de l’unité des chrétiens.