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Actualités - CHRONOLOGIE

Siniora : le recours à des politiques contradictoires est souvent indispensable

Dans son intervention devant la chambre pour répondre aux critiques formulées par les députés durant le débat budgétaire, le ministre d’Etat pour les affaires financières, M. Fouad Siniora, a laissé entendre que les revendications des parlementaires sont utopistes. Il a notamment souligné que l’Etat «ne peut pas en même temps résoudre tous les problèmes sociaux réaliser un boom économique, augmenter les salaires des fonctionnaires du secteur public, réduire le déficit budgétaire ainsi que le montant de la dette publique intérieure et extérieure tout en maintenant la stabilité économique et financière sans avoir recours à de nouvelles impositions».
S’adressant aux députés samedi en soirée, M. Siniora a insisté sur le fait que le gouvernement fait de son mieux depuis 1992 pour améliorer la situation dans le pays sur les plans monétaire, économique et social, affirmant que d’importants progrès ont été réalisés dans ces domaines. En se basant sur les données fournies dans le préambule du projet de loi des finances, le ministre a souligné que le redressement économique «est une entreprise qui demande du temps et un effort continu et que la réalisation des aspirations du peuple commande le recours à des politiques et des mesures qui sont souvent contradictoires mais qui demeurent indispensables».
Puis commentant les points soulevés par les députés, il a estimé qu’«il n’est pas possible de juger la politique économique et financière du gouvernement d’après le bilan de l’année dernière qui est restée sous l’imfluence de la tension politique de 1995». Selon M. Siniora les «taux d’intérêts élevés en 1995 et maintenus en 1996 ont affecté l’activité économique dans le pays, sans compter que 1996 a été marquée par de nombreux événements lesquels se sont également répercutés sur l’activité économique durant cet exercice». Il n’en demeure pas moins que le taux de croissance était de 4% en 1996, a-t-il ajouté, estimant que «cette proportion doit constituer une base en vue d’un développement meilleur à l’avenir». Le ministre a également affirmé l’intention de l’Etat de réduire les taux d’intérêt servis sur les bons du Trésor, «ce qui est de nature à renforcer le développement économique et à contenir aussi bien le service de la dette publique que le déficit budgétaire».

La politique fiscale

Tout en reconnaissant la légitimité des revendications des parlementaires, le ministre a souligné qu’elles ne peuvent pas être réalisées sans un accroissement de la dette publique et des rentrées du trésor. Il a en même temps mis l’accent sur «une révision des rôles des secteurs privé et public».
M. Siniora a reproché aux députés d’avoir «mis en doute la volonté, exprimé par le gouvernement, de rationaliser les dépenses, d’améliorer les rentrées du trésor ainsi que la gestion de la dette publique». Il a par ailleurs indiqué que les dépenses dues au financement de projets de développement grâce à des prêts en devises ne peuvent pas être inclues dans le Budget, «dans la mesure où il faut, au préalable, qu’il y ait un seul système comptable dans l’administration». M. Siniora a par ailleurs défendu la politique fiscale adoptée au Liban, estimant qu’elle est «adaptée à la situation sociale des contribuables, ce qui la rend équitable». «Au Liban, a-t-il précisé, les taxes douanières sont plutôt faibles. Les denrées alimentaires ne sont pas imposés à titre d’exemple. D’autres produits sont moyennement imposés. Les taxes ne touchent, par conséquent, que les produits de luxe. Idem pour la taxe mécanique qui varie suivant le modèle, la date de fabrication et la puissance du moteur». M. Siniora a estimé qu’un délai de trois ans «n’est pas suffisant pour émettre un jugement sur une politique déterminée du gouvernement, dont la politique fiscale».
Pour étayer ses propos sur l’amélioration de la situation au Liban depuis l’avènement du premier Cabinet Hariri, M. Siniora a donné une série d’exemples en se basant sur des chiffres fournis par la Banque du Liban.
Il a ainsi rappelé que «fin 1992, la dette intérieure s’élevait à 3597 milliards de livres. Les intérêts servis sur les bons du Trésor étaient de 21% en 1993, de 15% en 1994, de 19% en 1995 et de 20% en 1996. A la fin de 1996, les intérêts servis sur les bons du trésor se sont chiffrés à 3550 milliards de livres, ce qui fait que le montant de la dette s’est élevé à 7147 milliards de livres. Entre 1993 et 1996 l’Etat a payé 4946 milliards de livres à titre d’augmentations des salaires et de prestations aux fonctionnaires: Il apparaît ainsi que si l’Etat n’a entrepris aucune dépense et s’est contenté de payer les intérêts de la dette de 1992 ainsi que les salaires et l’équivalent des prestations sociales, le montant de la dette serait de 12093 milliards de livres. On constate qu’à la fin de 1996, le montant de la dette intérieure s’élève à environ 13315 milliards de livres. Cela signifie, en d’autres termes, que le reste des activités de l’Etat a été financé grâce aux rentrées supplémentaires du Trésor».
Dans son intervention devant la chambre pour répondre aux critiques formulées par les députés durant le débat budgétaire, le ministre d’Etat pour les affaires financières, M. Fouad Siniora, a laissé entendre que les revendications des parlementaires sont utopistes. Il a notamment souligné que l’Etat «ne peut pas en même temps résoudre tous les problèmes sociaux...