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Actualités - CHRONOLOGIE

Les ponts sont rétablis entre Bagdad et les kurdes

Entre Bagdad et les Kurdes, les ponts sont désormais rétablis, au grand dam de Washington qui aurait voulu voir se perpétuer la rupture et la guerre entre les deux camps. Des ingénieurs irakiens travaillent dans le nord, où des ministres de Saddam Hussein transitent régulièrement. Après cinq ans de séparation et de combats larvés, le Kurdistan a fini par trouver des arrangement pratiques avec le pouvoir central.
«Sur le plan technique, j’ai reçu pour instructions de coopérer» avec Bagdad, déclare le gouverneur de Dahouk, une des trois provinces kurdes d’où le gouvernement central s’était retiré en octobre 1991.
Bagdad cherche depuis septembre à rétablir les ponts avec les Kurdes, tandis que Washington leur demande de ne pas renouer avec le président Saddam Hussein. «Mais la protection internationale», assurée par une couverture aérienne américaine et britannique, «ne durera pas longtemps», relève le gouverneur, Abdel Aziz Taieb.
Quatre à cinq ingénieurs irakiens sont stationnés, avec des inspecteurs des Nations Unies, à la station de comptage de Zakho, sur l’oléoduc irako-turc, par où les exportations de brut des champs de Kirkouk ont repris en décembre.
Les responsables des carburants et de l’électricité de la province de Dohouk et de Bagdad sont en contact, ajoute le gouverneur, nommé en 1991 par Massoud Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK).
Des ministres irakiens ont traversé la province sans encombre pour des visites à Ankara, indique un agent humanitaire posté à Dohouk.
En échange, Bagdad livre du carburant à bas prix aux provinces kurdes qui, jusqu’en septembre, étaient obligées de l’acheter contre de la nourriture. Ces livraisons ne couvrent pas les besoins mais le prix du litre d’essence est quand même tombé de cinq à un dinar «kurde» (soit 0,03 dollar).
Le Kurdistan utilise toujours un dinar retiré de la circulation par Bagdad en 1993 et qui vaut 47 dinars irakiens actuels.

Liberté de mouvement

La levée du blocus gouvernemental a surtout redonné aux populations une liberté de mouvement. A Faïda, à cinq kilomètres au sud de Dohouk, une véritable gare routière s’est mise en place. Minibus et taxis permettent aux voyageurs de descendre vers Mossoul et Bagdad ou de monter vers les montagnes du Kurdistan.
On retrouve des oranges sur les marchés du nord tandis que les pommes et les grenades sont de nouveau livrées au sud.
Auparavant, seuls quelques Kurdes pouvaient franchir le no man’s land à bord d’une benne à ordure, raconte l’agent humanitaire. Et il était interdit aux non-Kurdes de se rendre au nord.
Le gouverneur reconnaît que «s’il n’y avait pas de contacts politiques, il ne pourrait pas y en avoir de techniques». Mais jusqu’à présent, «il n’y a pas d’accord au niveau politique» pour régler le statut des régions kurdes qui, depuis 1961, se soulèvent régulièrement contre Bagdad.
Les Etats-Unis ont dissuadé Massoud Barzani de poursuivre ses pourparlers avec Saddam Hussein, après qu’il eut demandé l’aide du président irakien pour reprendre la ville d’Erbil à son rival Jalal Talabani, fin août.
L’Union patriotique du Kurdistan de M. Talabani, qui contrôle la province orientale de Souleimanieh, soupçonne publiquement le PDK d’être tenté de s’entendre avec Bagdad. «Mais je ne serais pas surpris si Talabani était le premier à passer un accord», a déclaré l’agent humanitaire, qui fréquente les deux chefs depuis des années.
Un cessez-le-feu tient depuis fin octobre et les deux rivaux ont rétabli leurs administrations séparées: police, santé, éducation et énergie.
Les deux factions poursuivent à Ankara et Washington des négociations en vue de rétablir la confiance perdue depuis que leur rivalité a dégénéré en combats sanglants en mai 1994.
Entre Bagdad et les Kurdes, les ponts sont désormais rétablis, au grand dam de Washington qui aurait voulu voir se perpétuer la rupture et la guerre entre les deux camps. Des ingénieurs irakiens travaillent dans le nord, où des ministres de Saddam Hussein transitent régulièrement. Après cinq ans de séparation et de combats larvés, le Kurdistan a fini par trouver des...