«Je suis capable de guérir vos maux», avait-il déclaré lors d’une tournée au Maroc au mois d’octobre dernier en compagnie d’un groupe de touristes israéliens. A Agadir, Casablanca ou Fès, où il avait été approché par une foule de gens curieux, il a affirmé être détenteur d’une «force divine».
A d’autres Marocains, souvent incrédules, Ifergane avait prétendu avoir un sens visuel divin lui permettant de «transpercer les corps, d’y déceler l’origine des maladies et de les guérir par de simples massages».
Si ses consultations étaient gratuites, le rabbin n’en profitait pas moins de l’hospitalité de la communauté juive marocaine qui multipliait invitations et dons en tous genres.
La tournée au Maroc d’Ifergane aura surtout permis au rabbin de développer une stratégie visant à le faire connaître en Israël, grâce à de prétendues guérisons miracles au Maroc.
La plus «édifiante» de ces guérisons aura été celle d’un habitant d’Agadir, El-Hocine Atbib, dont les membres inférieurs sont paralysés, qui a fait l’objet d’un scénario minutieusement monté.
Devant plusieurs témoins, Ifergane enlève El-Hocine à sa chaise roulante et lui demande de faire deux à trois pas. Debout et exécutant deux pas, El-Hocine est immortalisé par des photos qui constitueront plus tard pour le rabbin des preuves «irréfutables» que son client a été bel et bien et guéri.
A Casablanca, c’est un adolescent, fils d’un avocat, qui est «soigné» de la même manière.
De retour en Israël, Ifergane mène campagne, notamment à travers le journal «Yediot Aharonot», en affirmant avoir «réussi à guérir au Maroc des malades et des paralytiques».
Au journal, il exhibe la photo de la «guérison» d’El-Hocine et réussit à la faire publier.
Au sujet du fils de l’avocat, Ifergane affirme lui avoir rendu l’usage de ses deux bras et illustre ce «miracle» d’une photographie montrant l’enfant en train de lui serrer la main sans aucun problème.
En Israël, des rabbins incrédules décident de dépêcher au Maroc un détective, Joseph Amir, pour enquêter sur les «miracles» réalisés par Ifergane.
Le subterfuge est démonté, le rabbin Ifergane est un «faux guérisseur qui a abusé de la confiance des gens».
Les protestations pleuvent de toutes parts. Dans une lettre transmise à Rabat depuis Jérusalem, le Grand rabbin Rabbi Shalom Messas a stigmatisé «les mensonges et les torts causés par Ifergane à la religion juive».
Il a invité la communauté juive, là où elle se trouve, à «ne point se faire leurrer par les faux espoirs de ce faux guérisseur». «Il ne mérite pas d’être un religieux», a-t-il conclu.
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