Le président yougoslave commence à plier

BELGRADE, 12 Janvier (AFP). —Le pouvoir serbe a commencé à céder à la pression conjuguée de la rue et de la communauté internationale, en ordonnant une révision des résultats des élections municipales contestés par l’opposition.
Dans le geste d’ouverture le plus significatif depuis près de huit semaines, le gouvernement a annoncé une révision «dans les plus brefs délais» des résultats contestés.
Il a admis dans un communiqué «la nécessité de respecter jusqu’au bout la volonté électorale des citoyens», et promis que les responsables des fraudes seront punis. Mais il ne s’est pas engagé sur une date précise, laissant aux «institutions compétentes» le soin d’agir.
Les résultats des élections du 17 novembre ont été partiellement annulés dans 14 grandes villes (y compris Belgrade) remportées par l’opposition, dont la victoire a été ensuite confirmée par une mission de l’OSCE.
Le gouvernement a cédé sur une autre exigence des étudiants, en leur promettant d’envisager un limogeage rapide du recteur de l’université de Belgrade.
Mais ces concessions n’ont pas suffi aux contestataires, qui ont aussitôt rappelé que leur mouvement ne s’arrêterait qu’avec l’entrée effective de l’opposition dans les conseils municipaux.
La coalition d’opposition Ensemble a organisé dans l’après-midi, pour le 54e jour consécutif, un rassemblement dans le centre de Belgrade. Il a réuni près de 10.000 personnes qui ont réclamé le départ du président Milosevic aux cris de «démission, démission».
«Je répète aux sourds que nous voulons une reconnaissance absolue des résultats du 17 novembre», a lancé à la foule un des leaders de l’opposition, Vuk Draskovic.
Un autre dirigeant de la coalition, Zoran Djindjic, a qualifié la promesse du gouvernement de «poudre aux yeux», tout en assurant que le mouvement de protestation était «très proche d’un succès général».
Mais il s’est prononcé contre l’instauration de sanctions internationales qui viseraient l’ensemble de la Serbie, leur préférant «des sanctions internationales particulières contre certains dignitaires».