La baisse des précipitations atteint une moyenne de 20% par rapport à la pluviométrie antérieure, selon ce programme de recherches mené par l’ORSTOM (Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération).
Cette baisse, qui atteint des valeurs parfois supérieures à 25%, notamment sur la côte atlantique, est apparue dès la fin des années 60 — comme au Sahel — et s’est intensifiée dans les années 80. Cela confirme, selon l’ORSTOM, que l’Afrique humide subit, elle aussi, «un important déficit pluviométrique».
L’Afrique tropicale n’est pas touchée de façon uniforme. Le manque de pluie s’est d’abord manifesté très nettement (fin 60, début 70) en Guinée, au Liberia, en Sierra-Leone, au Mali et au Burkina-Faso. Pendant les années 70, certaines régions (Côte- d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun) échappent encore au phénomène. Mais la diminution des précipitations se généralise dans les années 80 avec des amplitudes variables: forte intensification à l’Ouest (zones côtières de Côte-d’Ivoire, Guinée et du Liberia) ainsi que dans les régions les plus septentrionales (proches du Sahel), et à l’est du golfe de Guinée. Quatre pays — Togo, Bénin, Nigeria et Centrafrique — sont moins affectés, selon cette étude.
En l’état actuel des connaissances, les causes de cette sécheresse qui touche depuis un quart de siècle l’Afrique de l’Ouest du Sahel au golfe de Guinée restent largement inexpliquées. Sur un siècle, il s’agit tout de même de la période de sécheresse la plus significative, selon Hélène Niel-Lubes, du Centre ORSTOM de Montpellier.
Pour Mme Niel-Lubes, les activités humaines, si elles ne sont pas les seules responsables, constituent «une circonstance aggravante». Ainsi, la baisse de la pluviométrie dans le sud de la Côte-d’Ivoire «coïncide-t-elle avec la déforestation et la mise en culture de cette région».
En valeur absolue, les précipitations demeurent abondantes en Afrique tropicale et l’ORSTOM estime que des pénuries totales d’eau ne sont pas à redouter. Mais l’institut ajoute que «l’agriculture, l’alimentation en eau potable ou la production hydroélectrique, pourraient à l’avenir souffrir de cette diminution des ressources en eau».
Ce programme, baptisé ICCARE (Identification et conséquences d’une variabilité du climat en Afrique de l’Ouest non sahelienne) et lancé début 1995, a été décidé à partir d’un constat: la sécheresse avait été largement étudiée dans les régions soudano-sahéliennes, mais pas dans les pays voisins, plus méridionaux, au sud du 14e parallèle.
Les prochains volets du programme vont porter sur les effets de cette sécheresse, notamment à travers l’étude de la modification de régime des cours d’eau. Mais le suivi d’une telle étude est rendu difficile par la désorganisation des systèmes de collectes de données météo dans bon nombre de pays africains qui n’ont plus les moyens d’entretenir un réseau national.
L’étude de l’ORSTOM est réalisée dans le cadre du projet Friend-AOC (Flow Régimes from international expérimental and network data/ en Afrique centrale et de l’ouest) du programme hydrologique international (PHI) de l’UNESCO.
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