Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L'affaire des promotions militaires provoque le report du conseil des ministres

Officiellement, le Conseil des ministres qui devait se tenir aujourd’hui au palais de Baabda a été annulé afin de permettre au chef de l’Etat, le président Elias Hraoui, et au chef du gouvernement Rafic Hariri de plancher sur l’ordre du jour de la conférence ministérielle libano-syrienne prévue pour samedi prochain à Damas. Mais, en réalité, la réunion du Cabinet a été reportée en raison du conflit qui a éclaté au grand jour entre M. Hariri et le commandement de l’armée au sujet du blocage (par le premier ministre) de la promotion de huit officiers supérieurs (VOIR AUSSI PAGE 3). Le report a été décidé pour éviter que l’affaire ne provoque des dissonances au sein même du gouvernement.
Cette affaire couvait sous la cendre depuis plusieurs mois, provoquant une tension latente dans les rapports entre le président du Conseil et Yarzé. Les tiraillements ont débuté vers la mi-96 lorsque M. Hariri a refusé de signer un décret portant sur la promotion d’officiers supérieurs de l’armée, conformément aux recommandations du conseil militaire. Le problème s’est posé à nouveau à la faveur d’un nouveau projet de promotion préconisé à la fin de l’année écoulée par le conseil militaire.
M. Hariri s’oppose plus particulièrement à la promotion au grade de brigadier du «numéro deux» des Services de renseignements de l’armée, le colonel Jamil el-Sayed, à qui il reproche certains débordements. Sept autres colonels ont vu également leur promotion bloquée par le veto imposé par le chef du gouvernement. Les officiers en question ont présenté alors un recours devant le Conseil d’Etat. Mais dans sa note préliminaire, le rapporteur désigné par le Conseil d’Etat pour examiner le dossier a déjà donné un avis favorable à Yarzé, en ce sens qu’il a estimé que les huit colonels (dont el-Sayed) ont «légalement» le droit d’être promus au rang de brigadier, à compter du 1er juillet 1996.
Fort de ce rapport préliminaire, le général Emile Lahoud devait publier il y a quelques jours une note administrative interne autorisant les huit colonels à porter leurs nouveaux galons de brigadier, dans l’attente que le chef du gouvernement signe le décret officialisant leur promotion. La démarche du général Lahoud à ce propos a été mal perçue par le ministre de la Défense Mohsen Dalloul qui a adressé au commandant en chef de l’armée une note lui demandant d’annuler la mesure se rapportant à la promotion de facto des huit colonels précités.
Les tiraillements entre M. Hariri et Yarzé à ce sujet ont pris une grave tournure avec la médiatisation de cette affaire. Une médiatisation que M. Hariri a dénoncée hier, soulignant que l’actualité locale est axée sur des sujets «bien plus importants» qui devraient focaliser l’attention des observateurs. Les dernières interpellations opérées dans les rangs de l’opposition chrétienne à la veille de la fête de Noël ont contribué à envenimer davantage le climat sur ce plan.
En tout état de cause, cette affaire a été au centre de l’entretien que M. Hariri a eu dans la matinée d’hier avec le président Elias Hraoui, au palais de Baabda. A sa sortie du palais présidentiel, le premier ministre a tenu à minimiser la portée du différend qui l’oppose au commandement de l’armée. M. Hariri devait par la suite évoquer la question au cours d’une rencontre avec le chef du Législatif Nabih Berry.
De source digne de foi, on indique qu’il aurait été convenu lors de ces concertations entre les pôles de la troïka de calmer quelque peu le jeu et de s’en remettre au Conseil d’Etat afin de trancher définitivement le litige. Les milieux proches du chef du gouvernement démentent à ce sujet que M. Hariri ait déclaré devant ses visiteurs qu’il s’opposerait à la promotion du colonel el-Sayed même si le Conseil d’Etat donne raison au commandement de l’armée.
Il reste que selon certaines sources loyalistes généralement bien informées, l’attitude en flèche adoptée par M. Hariri au sujet de cette affaire aurait pour but, en définitive, de paver la voie à un «marchandage»: le colonel el-Sayed serait quand même promu au rang de brigadier, mais il serait remplacé au poste de directeur adjoint des renseignements de l’armée par un officier supérieur dont le choix devrait bénéficier de l’aval de M. Hariri. Il n’est pas exclu, dans ce cadre, que le «marchandage» — si toutefois il se confirme — porte aussi, le cas échéant, sur d’autres postes au sein de l’institution militaire.
La grande inconnue concernant cette affaire est l’attitude de Damas, compte tenu du fait que le colonel el-Sayed est connu pour être très proche du pouvoir syrien. Au stade actuel, les milieux loyalistes se contentent de souligner que la Syrie a conseillé en coulisse aux dirigeants libanais de mettre une sourdine au différend apparu avec Yarzé en raison de la conjoncture délicate dans la région. Une conjoncture qui sera évoquée aujourd’hui par le chef de la diplomatie Farès Boueiz au cours de l’entretien qu’il aura à Damas avec son homologue syrien Farouk el-Chareh.
Officiellement, le Conseil des ministres qui devait se tenir aujourd’hui au palais de Baabda a été annulé afin de permettre au chef de l’Etat, le président Elias Hraoui, et au chef du gouvernement Rafic Hariri de plancher sur l’ordre du jour de la conférence ministérielle libano-syrienne prévue pour samedi prochain à Damas. Mais, en réalité, la réunion du Cabinet a...