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LE SYNDROME GOLDSTEIN
JERUSALEM, 2 Janvier (AFP). — Moins de trois ans après le massacre perpétré par le colon Baruch Goldstein à Hébron, un autre extrémiste juif a voulu répéter son geste mercredi en tirant aveuglément sur une foule de Palestiniens.
Noam Friedman, comme Goldstein, et comme Yigal Amir, l’extrémiste qui a assassiné le premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, a voulu torpiller par un acte sanglant un accord en vue avec les Palestiniens.
Et tout comme pour Goldstein, les autorités israéliennes, censées veiller à la sécurité de tous les habitants de Hébron, juifs ou arabes, ont été incapables de prévenir son acte.
«Cet acte prouve que des colons sont prêts à tout pour saboter le processus de paix», a déclaré le politologue israélien Zéev Sternhell, soulignant que «l’auteur de l’attentat n’a même pas prétendu être en état de légitime défense».
«Il n’y a là aucune fatalité. Mais simplement, une impuissance manifeste des autorités qui sont, perpétuellement, surprises par ce genre d’actions», a-t-il souligné.
Cette fois-ci, l’intervention rapide de militaires, qui ont maîtrisé le tireur, a évité un massacre certain. Le bilan s’élève à sept blessés dont un grave.
Le 25 février 1994, Goldstein, armé d’un fusil automatique, avait mitraillé à bout portant des fidèles musulmans en prière, tuant 29 d’entre eux au Caveau des patriarches, lieu saint vénéré par les musulmans et les juifs, avant d’être tué par la foule.
Tout comme l’attentat de mercredi, la tuerie avait été à l’époque vigoureusement dénoncée par le gouvernement israélien, alors dirigé par Yitzhak Rabin.
Mais par-delà ces dénonciations, les autorités s’étaient abstenues de frapper sévèrement les milieux extrémistes juifs, qui appelaient ouvertement à la violence anti-arabe et accusaient le gouvernement de trahison.
L’affaire fut présentée comme un acte de folie meurtrière commis par un individu isolé. Une commission d’enquête d’Etat devait conclure, cinq mois plus tard, à la seule responsabilité de Goldstein et blanchir le gouvernement, l’armée et les autres colons.
Le cabinet israélien qui, juste après le massacre, avait envisagé d’évacuer l’implantation juive au cœur de Hébron, au moins en partie, y avait renoncé de crainte de l’opposition de droite. Il avait de même renoncé à désarmer les colons, y compris des activistes fichés.
Aujourd’hui, la tombe de Goldstein, soigneusement entretenue, à Kiryat Arba, la colonie voisine de Hébron, est devenue un lieu de pèlerinage pour les extrémistes. Un livre à sa gloire circule sous le manteau.
Vingt et un mois après la tuerie de Hébron, Yigal Amir, admirateur de Goldstein, frappait au sommet en tuant Yitzhak Rabin à bout portant, pour empêcher à tout prix, encore une fois, un retrait de Hébron.
Là encore, la justice n’a puni qu’Amir, son frère et un autre complice, laissant dans l’ombre tous ceux qui, dans les milieux de l’extrême-droite religieuse et des colons, avaient ouvertement appelé à l’élimination de Rabin.
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