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Actualités - CHRONOLOGIE

Sept personnes ont été remises en liberté hier Pierre Atallah est encore arrêté pour collusion avec les agents de l'ennemi

SEPT PERSONNES ONT ETE REMISES EN LIBERTE HIER
PIERRE ATALLAH EST ENCORE ARRETE POUR
«COLLUSION AVEC LES AGENTS DE L’ENNEMI»
Pour le dernier jour de l’année 1996, si riche en événements judiciaires, le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, était tout heureux d’annoncer aux journalistes la remise en liberté de sept des personnes interpellées à la suite de l’attaque contre le bus syrien. Ainsi, il ne reste plus en état d’arrestation que notre confrère Pierre Atallah, du quotidien «An-Nahar», qui a été entendu hier par le juge d’instruction militaire, M. Riad Talih, en présence de son avocat, Boutros Harb.
A l’issue de l’interrogatoire qui, selon Me Harb, s’est déroulé dans une atmosphère positive, le juge Talih a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de notre confrère, accusé d’avoir établi «des contacts avec les agents de l’ennemi israélien» (Abou Arz). Ce qui, en fait, n’est pas prévu par la loi qui se contente de condamner les liens avec l’ennemi. Ce point-là sera d’ailleurs forcément utilisé par la défense. Mais nous n’en sommes pas encore là. Et avant d’être introduit chez le juge, dans le bâtiment du Tribunal militaire, Pierre Atallah a pu répondre aux questions de ses proches et amis. Il leur a notamment dit qu’il se portait bien et qu’il n’avait pas été frappé ou soumis à des contraintes physiques. Mais il se sent un peu seul, bien qu’hier, le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, M. Nasri Lahoud, ait donné l’ordre d’améliorer ses conditions de détention et de lui fournir des journaux. Selon les informations qui ont filtré à l’issue de l’interrogatoire, Atallah aurait reconnu devant le juge s’être rendu dans la bande frontalière, en sa qualité de journaliste, et avoir recueilli une interview auprès d’Etienne Sakr (Abou Arz), alors qu’il n’avait pas encore été condamné à la détention à perpétuité par le Tribunal militaire.

Mandat d’arrêt et
commission rogatoire

Des sources judiciaires laissent d’ailleurs entendre que notre confrère pourrait être relâché au cours des prochains jours. Mais pour l’instant, il est encore en détention. Alors que sept personnes, Charles Restom, responsable de la section de l’intérieur au PNL, Obad Zouein, Ghassan Bardawil, Georges Abboud, Elias Haddad, Saïd Dagher et Tanios Hélou, ont été relâchées hier. Les trois premiers interpellés avaient été entendus dans l’affaire des tracts subversifs et dans celle des contacts avec l’ennemi, alors que les quatre autres ont été entendus dans l’affaire de l’attaque contre le bus syrien. Mais apparemment, après plusieurs jours d’interpellation, les enquêteurs n’ont trouvé aucune charge contre eux.
Est-il légal de les maintenir si longtemps en garde à vue? Le procureur général près la Cour de cassation reconnaît que la loi n’autorise qu’une garde à vue de 24 heures, renouvelable en cas de besoin, pour trois jours. «Mais nous avions besoin de temps pour achever notre enquête, dit-il. Il nous fallait faire certaines vérifications et certains recoupements».
Finalement, ces personnes ont-elles été interpellées sur base de mandats d’amener? Addoum précise une nouvelle fois que les interpellations ont été faites légalement. «Il ne faut pas confondre, dit-il, entre les mandats d’arrêt ou d’amener, et les commissions rogatoires. Lorsqu’un crime se produit et que les autorités judiciaires en ignorent les auteurs, elles délivrent une commission rogatoire à l’un des services de sécurité membre de la police judiciaire. Celui-ci est alors chargé de mener son enquête et pour cela il peut décider d’entendre les personnes qui, à ses yeux, pourraient l’aider à identifier les auteurs du crime. La commission rogatoire est délivrée par le juge. Dans ce cas précis, c’est le juge d’instruction du Mont-Liban, M. Moukhtar Saad, qui après avoir inspecté les lieux de l’attaque contre le bus syrien, l’a délivrée au service de renseignements de l’armée, lui-même membre de la police judiciaire».
N’aurait-il pas été possible d’entendre ces personnes sans les arrêter? Le procureur répond par l’affirmative, mais il reconnaît que parfois les services chargés de l’enquête estiment qu’il faut créer une certaine atmosphère susceptible de pousser les gens à parler...

Le mystère du
bus syrien

Reste la grande question: qui a tiré sur le bus syrien, puisque toutes les personnes interpellées ont été relâchées et que Pierre Atallah n’est accusé que de collusion avec l’agent de l’ennemi?
Le procureur laisse entendre que les services chargés de l’enquête sont sur une piste sérieuse. Mais il ne veut pas en dire plus pour l’instant afin de permettre l’aboutissement des investigations.
En cette fin d’année, le procureur ne veut parler que des bonnes nouvelles, des réalisations accomplies et de celles qu’il espère pouvoir accomplir... Il est plus de 15 heures. Le Palais de justice est désormais vide et, dans l’immense salle des pas perdus, un homme en survêtement et en pantoufles erre affolé. Il s’agit de Fady Saab, relâché aujourd’hui. Il ne sait plus comment sortir du Palais de justice et il n’a qu’une hâte: retrouver le chemin de sa maison. Il fait partie de ceux qui fêteront le Nouvel An en liberté. Tout le monde ne peut en faire autant, hélas.

S.H.
SEPT PERSONNES ONT ETE REMISES EN LIBERTE HIERPIERRE ATALLAH EST ENCORE ARRETE POUR «COLLUSION AVEC LES AGENTS DE L’ENNEMI»Pour le dernier jour de l’année 1996, si riche en événements judiciaires, le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, était tout heureux d’annoncer aux journalistes la remise en liberté de sept des personnes interpellées à...