Les sondages prévoient tous une percée du parti d'extrême droite Israël Beiteinou, appelé à devenir la troisième formation du pays et clef de voûte de tout futur gouvernement. Cette formation, dirigée par un ancien du Likoud, Avigdor Liberman, a mené une campagne vigoureusement antiarabe, appelant notamment à frapper encore plus durement à Gaza. Toutes les grandes formations politiques se sont dissociées de ces positions, qualifiées par la gauche de « racistes » et « fascistes », mais aucune, y compris les travaillistes, n'a exclu de siéger aux côtés de ce parti charnière. Israël Beiteinou est particulièrement populaire auprès de son électorat traditionnel de plus d'un million d'immigrants d'ex-URSS, de la jeunesse et des couches populaires. Il devrait bénéficier d'un report de voix du Likoud et même de partis religieux, sensibles à sa rhétorique ultranationaliste. Néanmoins, ces transferts de voix s'opèrent au sein de la droite et ne changent pas les rapports de force entre les blocs.
À l'approche du scrutin du 10 février, le Likoud est crédité dans les sondages de 25 à 27 sièges sur les 120 de la Knesset, plus du double de ses 12 députés au Parlement sortant. Le Kadima recule à 22 ou 23 sièges contre 29 actuellement. Israël Beiteinou effectuerait une percée, avec 18 à 19 sièges contre 11. Il devancerait le Parti travailliste du ministre de la Défense, Ehud Barak, qui est crédité de 14 à 17 sièges, le plus bas score de son histoire, contre 19 dans le Parlement sortant.
Grâce au soutien de l'extrême droite et des partis religieux, M. Netanyahu garde toutes les chances de redevenir Premier ministre. Il a toutefois manifesté sa préférence pour un gouvernement d'union nationale sous sa direction, et comprenant les travaillistes et le Kadima, ce qui lui permettrait de ne pas être otage de l'extrême droite. Le risque est d'autant plus grand que le contexte international a changé, avec une nouvelle administration américaine moins prête que la précédente à un soutien inconditionnel à Israël.
« La gauche et le centre n'ont plus aucun espoir de l'emporter », estime une analyste du quotidien Maariv, qui juge « absurde » les spéculations sur un ralliement de l'extrême droite à un gouvernement Livni. Selon le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, un vote pour Israël Beiteinou traduit « une peur panique » au sein de la population face à la dégradation de la sécurité et un risque d'isolement dans le monde. Pour le journal, le vote pour Lieberman vise à « élire un épouvantail pour faire peur aux Arabes ».