« Maliki est dans une position bien plus forte qu'avant. C'est lui et personne d'autre qui déterminera les prochaines alliances », a indiqué à l'AFP Tarek al-Maamouri, un analyste politique irakien. « Les autres partis devront le convaincre qu'ils sont les meilleurs partenaires », a-t-il ajouté. Dans ce scrutin proportionnel, les alliances sont quasiment obligatoires pour diriger les provinces. Samedi, le vote a eu lieu dans 14 des 18 provinces et la participation s'est élevée à 51 %. Les élections auront lieu plus tard dans les trois provinces kurdes et à Kirkouk.
Le grand perdant est le Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII) de Abdel-Aziz Hakim, qui a perdu la haute main sur les sept provinces chiites et Bagdad, qu'il contrôlait depuis 2003. Il arrive en deuxième position à Babylone, Najaf, Bassora, Diwaniya, Mouthana et Wassit et est largement distancé dans le reste des régions chiites. Les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr perdent Missan, l'unique province qu'ils géraient, mais arrivent deuxièmes à Bagdad et à Zi Qar, dont la capitale est Nassiriya. Le mouvement Fadhila (chiite) perd la province méridionale de Bassora, qui était son bastion.
Dans les régions sunnites, plusieurs partis se partagent les provinces. À al-Anbar, la liste du député Saleh al-Moutlak du Projet national irakien (17,6 %) arrive en tête, devançant la coalition tribale menée par cheikh Ahmad Bou Richa, chef de Sahwa (réveil en arabe), milice d'anciens insurgés qui luttent contre el-Qaëda. Dans la province septentrionale de Ninive, dont Mossoul est la capitale, la coalition sunnite antikurde al-Hadba frise la majorité absolue (48,4 %), devant la liste à majorité kurde Fraternité Ninive (25,5 %). Par ailleurs, le Front de la concorde irakienne, principal groupe sunnite au Parlement, l'emporte à Salaheddine, d'où était originaire l'ancien dictateur Saddam Hussein, et dans la violente province de Diyala.
Selon la loi électorale, les minorités disposent de six sièges dans l'ensemble du pays (trois à Ninive, deux à Bagdad et un à Bassora). Trois - un par province - reviennent aux chrétiens, les trois autres étant attribués à des sectes ésotériques. À Ninive, le Mouvement yazédi pour les réformes et le progrès et les Chabaki indépendants ont enlevé chacun un siège. À Bagdad, le représentant de la secte des sabéens a fait un score digne de l'époque de Saddam Hussein en remportant 100 % des suffrages.