Pour le moment, Damas laisse pratiquement en plan, sur le plan local libanais, tout ce qui n'est pas élections. En misant tout sur une victoire de ses fidèles, et en s'activant à cet effet. Pour rétablir un taux d'influence satisfaisant, cette fois par procuration. Il s'agirait donc d'éviter les sujets qui fâchent sans rapport ponctuel avec cet objectif. C'est ce qui expliquerait le retard dans la désignation d'un ambassadeur : l'annonce pourrait provoquer une reprise de la polémique concernant le maintien du soi-disant Conseil supérieur mixte. Instance qui fait double emploi avec les relations diplomatiques.
Quant au reste des dossiers du contentieux bilatéral, la Syrie continue à tout bloquer. Pas de tracé des frontières. Pas d'homologation de la libanité de Chebaa, pour sa restitution via une tutelle provisoire de l'ONU, conformément à la 1701. Pas de démantèlement des bases armées, hors camps, notamment en bordure même du territoire syrien, d'organisations palestiniennes qui sont toutes d'obédience syrienne. Pas de progrès notables dans la coopération frontalière antitrafic et infiltrations. Et, bien entendu, aucune fermeture du robinet étanchant la soif d'armes inextinguible du Hezbollah.
Même les considérations humanitaires ne trouvent pas grâce aux yeux du régime syrien : toujours rien pour les prisonniers libanais en Syrie ni sur les disparus. C'est même, au contraire, de nouvelles et difficiles complications que l'axe sort de ses manches. Avec le battage sur les quatre diplomates iraniens (dont un seul en réalité avait cette qualité) enlevés en 1981. Ou encore avec les réclamations d'Oussama Saad pour Saïda. Et avec la demande d'exhumation pour recensement des morts de la guerre présentée par le général Aoun. Ainsi qu'avec la demande d'enquête de Sleimane Frangié sur l'assassinat de son père.
Partant de la gravité de ces refus, il devient presque compréhensible que Damas reporte aux calendes grecques la révision des accords et protocoles bilatéraux iniques conclus du temps de la tutelle. Sur la défense, sur la sécurité, sur les eaux, sur les échanges économiques.
Bref, répétons-le, Damas gèle pratiquement tout dans l'attente des législatives libanaises de juin. En cachant mal qu'elle compte y peser de tout son poids. Par des conseils ou des pressions relatifs à la formation des listes du 8 Mars. Ses hérauts du cru gommant les critiques d'immixtion abusive en soutenant que d'autres parties étrangères ne se gênent pas non plus pour intervenir. Politiquement ou financièrement.