Lors des élections samedi, Youssef al-Haboubi a créé la surprise. Sa liste 349, dont il est le candidat unique, a devancé les partis religieux, dont le Dawa du Premier ministre Nouri al-Maliki qui contrôlait depuis 2005 cette province de 900 000 habitants, à une centaine de km au sud de Bagdad. « Ce sont les habitants qui m'ont poussé à me présenter. Je veux les servir comme je l'ai toujours fait. J'ai participé à la reconstruction de Kerbala après les dommages subis en 1991 et j'ai joué un rôle actif dans la restauration d'édifices religieux dont le mausolée sacré » de l'imam Hussein. Il faisait allusion à l'écrasement par les troupes de Saddam Hussein du soulèvement chiite à Kerbala qui avait suivi la première guerre du Golfe.
« La campagne contre lui est injuste. S'il était un baassiste et faisait du mal au gens, il n'aurait pas cette popularité. Et c'est faux de penser que chaque baassiste est un criminel », assure Ahmad Sallami, un journaliste local. Visiblement embarrassé, aucun des responsables de partis religieux interrogés par l'AFP n'a voulu s'exprimer sur la rumeur accusant M. Haboubi d'appartenir à al-Awda (le retour), une organisation clandestine regroupant les anciens baassistes. Licencié en droit, ce sayyed (descendant du prophète Mohammad) a été fonctionnaire dans la région de Kerbala avant d'être vice-gouverneur de la province juste avant la chute du régime de Saddam Hussein. Mis à l'écart après 2003, il occupait un poste de conseiller juridique au gouvernorat. « Pour mes accusateurs, tous ceux qui ont travaillé sous l'ancien régime sont des baassistes. Je ne l'ai jamais été et n'ai adhéré à aucun parti. Ceux qui m'accusent d'être baassiste veulent créer un fossé entre moi et les habitants de Kerbala », dit-il.
Beau joueur, le représentant politique du chef radical chiite Moqtada Sadr à Kerbala est le seul à tirer les leçons de la défaite des religieux. « Les hommes politiques ont reçu une leçon éloquente des citoyens. Dans un système démocratique, les politiciens qui se montrent incapables de mettre en pratique leurs slogans sont sanctionnés par les électeurs », assure Taleb al-Graiti. « Ce qui s'est passé prouve que les habitants ont préféré voter pour celui qui fut gouverneur adjoint durant l'ancien régime car au moins à l'époque les services marchaient », a déclaré à l'annonce du résultat une habitante, Karima al-Saadawi.
Abdel Amir HANOUN (AFP)