Quelque 4 000 habitations ont été détruites et des dizaines de milliers d'autres endommagées lors de l'offensive militaire israélienne qui a fait 1 330 morts palestiniens. M. Fayyad a affirmé que les destructions avaient laissé « 90 000 citoyens sans abri ». « Ils doivent vivre dans des tentes dressées sur les ruines dans des scènes rappelant la nakba », a-t-il dit en allusion à la « catastrophe » que fut pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948. Il a en outre annoncé l'octroi par l'Autorité palestinienne de 50 millions de dollars à des agences de l'ONU afin qu'ils soient distribués en liquide aux familles sans toit pour leur permettre de se reloger temporairement jusqu'à la reconstruction de leurs maisons. Il a aussi indiqué qu'un inventaire des dégâts causés par l'offensive israélienne était en cours de préparation pour être soumis à une conférence de donateurs prévue le 2 mars en Égypte.
Il également appelé à l'ouverture permanente des points de passage de la bande de Gaza. « La reconstruction de la bande de Gaza sera impossible sans l'ouverture des passages », a-t-il dit. M. Fayyad a également exhorté la communauté internationale à « remédier aux racines du conflit » en faisant pression sur Israël pour qu'il se retire des territoires occupés.
À Gaza, le gouvernement du Hamas a pour sa part annoncé avoir distribué à ce jour plus de 42 millions de dollars en aides aux Palestiniens dont les maisons ont été détruites ou endommagées, ainsi qu'aux familles des morts et des blessées. Quelque 96 000 familles de la bande de Gaza doivent bénéficier de l'aide du Hamas qui atteindra au total 50,5 millions de dollars, a indiqué le ministre des Affaires sociales au gouvernement islamiste, Ahmad al-Kurd. Par ailleurs, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a affirmé hier que la police du Hamas avait confisqué une aide humanitaire dans l'un de ses centres de distribution de Gaza. Selon l'Unrwa, des policiers du Hamas ont confisqué mardi « plus de 3 500 couvertures et 406 colis de produits alimentaires dans un centre de distribution dans le camp de Chati. Le Hamas a implicitement justifié cette mesure en assurant qu'il devait distribuer des aides à tous les Palestiniens et non pas seulement aux réfugiés.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a, pour sa part, rappelé hier son opposition aux roquettes tirées par le Hamas sur le Sud israélien, tout en réclamant qu'Israël soit tenu responsable de ses représailles dans la bande de Gaza. « Je suis contre ces roquettes » palestiniennes, a déclaré M. Abbas au cours d'un point de presse au Parlement européen de Strasbourg, « cela ne va pas dans le sens de la paix et de la stabilité dans la région ». Interrogé sur l'opportunité d'infliger des sanctions contre Israël, M. Abbas a répondu: « Il est clair qu'il faut demander des comptes pour que cela ne se répète pas ». « Ce qui a été fait, ce sont des crimes réels », a-t-il ajouté.
M. Abbas s'est par ailleurs dit confiant dans la possibilité de former un gouvernement d'union nationale avec le Hamas. « Le Hamas n'a pas intérêt à faire éclater la nation en deux États séparés ». « Je suis convaincu qu'au bout du compte, le Hamas parviendra à cela », a-t-il ajouté. M. Fayyad a pour sa part réitéré son appel au Hamas d'accepter la mise en place d'un gouvernement « d'entente nationale » pour superviser la reconstruction de Gaza.
Le président Égyptien Hosni Moubarak a, par ailleurs, demandé aux mouvements de résistance de prendre leur responsabilité quant au bien-être de leur peuple. « La résistance doit prendre en compte ses victoires ainsi que ses défaites », a-t-il déclaré. « Combien de temps encore le sang des Arabes va-t-il être versé pour qu'après, les responsables admettent avoir mal calculé la portée de la réponse d'Israël ? » a-t-il poursuivi dans une attaque voilée contre le Hamas.
Parallèlement, l'armée israélienne a reconnu hier sa responsabilité dans la mort de trois filles d'un médecin palestinien, dont l'intervention en direct à la télévision avait fait beaucoup de bruit en Israël, lors de son offensive à Gaza. L'armée a expliqué que peu avant l'incident, ses forces avaient été prises pour cible par un tireur embusqué et par des obus de mortier près de la maison du médecin palestinien, connu en Israël où il a été pendant plusieurs années un militant pour la paix.
Sur le plan diplomatique, l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell doit rencontrer Mahmoud Abbas le 26 février à Ramallah dans le cadre d'une nouvelle mission en Cisjordanie et en Israël, a annoncé hier un responsable palestinien.