À Diyala (Est), autre province instable, le général Ghareb al-Omairi, chef des opérations militaires, a confié à l'AFP « avoir déployé beaucoup de forces, multiplié les barrages de contrôle et renforcé la présence près des bureaux de vote ». Jeudi, à quelques km de la frontière iranienne, Abbas Farhan al-Joubouri, un candidat de la liste « Réforme et Développement » et deux membres de la commission électorale avaient été tués. À Bagdad aussi, la police et l'armée quadrillent la ville. Jeudi soir, Omar Farouk al-Ani, candidat sunnite du Front de la concorde irakienne, a été tué devant sa maison. Sur le mois écoulé, six candidats ont été tués.
La campagne a pris fin hier mais dans leur prêche les imams sunnites et chiites ont encouragé leurs fidèles à voter. « Nous appelons le peuple, sunnite, chiite, arabe, kurde ou turcoman à voter », a déclaré dans la ville sainte de Najaf (centre), cheikh Sadredinne al-Qoubanchi. « Il faut voter pour exprimer la volonté du peuple et ne pas répéter l'erreur des années vingt où la non participation (des chiites) avait conduit l'Irak à la dictature et à l'effusion de sang », a expliqué cet homme de religion proche du Conseil supérieur islamique d'Irak de Abdel Aziz Hakim. Il faisait allusion à l'interdiction ordonnée par les dirigeants religieux chiites à toute participation dans les structures de nouvel État irakien créé par les Britanniques sous prétexte qu'il s'agissait d'une occupation.
Chez les sunnites, qui ont refusé de participer au processus politique après l'invasion américaine de 2003, régnaient le même état d'esprit. « Dire que l'on ne va pas voter car cela légitime l'occupation est ridicule », assure dans une fatwa (avis religieux) cheikh Abdel Karim Zeidane, un fondateurs des Frères musulmans en Irak et doyen de la faculté de théologie à Sanaa au Yémen.
« Le peuple irakien a montré de manière écrasante sa détermination à conduire des élections libres et justes sans se laisser décourager par les tactiques d'intimidation », a déclaré pour sa part l'émissaire spécial en Irak du secrétaire général de l'ONU Staffan de Mistura. Quelque 15 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour les premières élections en plus de trois ans. 14 431 candidats concourent pour les 440 sièges en lice dans les conseils provinciaux. Les résultats des élections seront proclamés à partir du 3 février.