À Bruxelles, l'ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN, Kurt Volker, a estimé que cette décision « serait un pas très positif », si elle se confirmait. Varsovie n'a pas souhaité commenter « pour l'instant » l'information, soulignant qu'elle provenait d'une « source anonyme » et devait être « confirmée ». Même prudence du côté de la Lituanie, pays ayant une frontière avec l'enclave russe de Kaliningrad. Le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement à Vilnius, Audronius Azubalis, a jugé prématuré de commenter une décision non officiellement confirmée par Moscou.
L'annonce de la suspension du projet de déploiement de missiles Iskander apparaît comme un nouveau geste de détente dans les relations entre Moscou et Washington depuis l'élection du démocrate Barack Obama à la Maison-Blanche. Il s'agit d'un « signe » en direction de Washington, montrant que « la Russie est prête à trouver des solutions, des compromis, à amorcer un dialogue », a estimé l'analyste russe Pavel Felgenhauer. Les rapports entre les deux grandes puissances s'étaient dégradés comme jamais depuis la guerre froide dans les derniers mois de la présidence de George W. Bush, en raison du bouclier antimissile, mais aussi de l'expansion de l'OTAN aux portes de la Russie et de la guerre en Géorgie en août dernier. Avec l'administration Obama, « nous espérons donner un nouveau souffle à nos relations », après une « période de turbulences », a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
De son côté, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a souhaité depuis Davos, en Suisse, que la nouvelle administration américaine du président Barack Obama « coopère de manière constructive » avec son pays.
Fin décembre, le président russe, Dmitri Medvedev, avait affirmé vouloir établir avec le nouveau gouvernement américain des relations « plus efficaces et plus solides » qu'auparavant. M. Medvedev pourrait rencontrer pour la première fois son homologue américain le 2 avril à Londres dans le cadre du sommet du G20, selon M. Lavrov.
Dans son premier discours à la nation, le 5 novembre - juste après l'annonce de la victoire de M. Obama à l'élection présidentielle américaine -, M. Medvedev avait annoncé que la Russie allait déployer des missiles dans la région de Kaliningrad, enclave russe entourée de pays de l'UE, afin de « neutraliser » les éléments du bouclier antimissile devant être installés en Europe. Moscou avait indiqué que ce déploiement aurait lieu si les systèmes antimissiles étaient mis en place sur le Vieux continent.
Le 19 janvier, un haut responsable américain avait déclaré à Bruxelles que M. Obama pourrait demander un réexamen du coût et de l'efficacité du projet visant à déployer en Europe ce bouclier. Prague et Washington avaient signé l'an passé deux accords en vue de l'installation, prévue à l'horizon 2012, d'un puissant radar au sud-ouest de Prague, devant être couplé à dix intercepteurs en Pologne, pour contrer d'éventuels tirs de missiles de longue portée venant de pays tels que l'Iran.